Le coronavirus a mis le marché sens dessus dessous. Les prix ont dégringolé à leur plus bas niveau depuis près de 20 ans. La guerre des prix entre l'Arabie saoudite et la Russie leur a porté le coup de grâce. Ces deux poids lourds du marché mondial devaient impérativement mettre en sourdine leurs hostilités. C'est désormais chose faite. La riposte contre le Covid-19 devait être vigoureuse. L'Algérie a appelé à deux reprises à une réaction énergique face à ce nouveau virus qui est en train de décimer la population mondiale, ronge quotidiennement les cours de l'or noir et met à genoux l'économie de la planète. «L'Algérie, qui assure la présidence de la Conférence de l'Opep, lance un appel à tous les producteurs de pétrole pour saisir l'opportunité de la réunion prévue le 9 avril, pour privilégier le sens des responsabilités et aboutir à un accord sur une réduction de la production pétrolière qui soit globale, massive et immédiate», a déclaré le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, à travers un communiqué rendu public par les services de son département. Un appel qui a été réitéré le jour J. La réunion qui s'est tenue, jeudi, 9 avril Ndlr) via vidéoconférence se voulait «une véritable opportunité pour réaliser la stabilité du marché pétrolier mondial, parvenir à la réduction d'importantes quantités et examiner les voies instaurant l'équilibre du marché, une démarche qui permettra une relance de l'économie mondiale» a souligné le président de l'Opep. Un message qui a été entendu. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés hors-Opep dont la Russie, ont annoncé une réduction de leur production de 10 millions de barils par jour durant les mois de mai et juin. La contribution de l'Algérie à cet effort de «guerre» s'élève à 200 000 barils par jour. L'Arabie saoudite et la Russie doivent réduire leur offre de 2,5 millions de barils chacune. Rappelons que les prix du pétrole ont plongé après que la Russie a refusé de répondre favorablement, lors d'un sommet qui s'est tenu le 6 mars à Vienne, en Autriche, à la proposition saoudienne de réduire la production de l'alliance Opep-non Opep au sein de laquelle ces deux poids lourds du marché pétrolier mondial jouent un rôle majeur. En guise de riposte, le Royaume wahhabite a décidé d'augmenter sa production à 12 millions de barils par jour et de brader son pétrole sur les marchés étrangers à des prix qui défient toute concurrence depuis au moins 20 ans. Deux tweets du président américain datant du 2 avril ont annoncé la fin de ce différend. Le locataire de la Maison-Blanche a évoqué un accord imminent entre l'Arabie saoudite et la Russie. «Je viens de parler à mon ami MBS (Mohammed ben Salmane, prince héritier d'Arabie saoudite Ndlr), qui a parlé avec le président Poutine de Russie, et je m'attends et j'espère qu'ils réduiront d'environ 10 millions de barils, et peut-être beaucoup plus...», avait écrit le successeur de Barack Obama dans un premier message. «J'espère et je m'attends à ce qu'ils réduisent d'environ 10 millions de barils de pétrole, et peut-être nettement plus jusqu'à 15 millions de barils. Ce serait une excellente nouvelle pour tout le secteur pétrolier et gazier», avait-il indiqué dans un second tweet. C'est désormais fait. Les «24» ne se sont pas contenté de cette seule mesure. Deux autres accords ont été décidés. Le second porte sur une baisse de la production pétrolière de l'ordre de 8 millions de barils par jour durant les second semestre 2020, a révélé le ministre de l'Energie. Un troisième accord a été signé aussi par les pays de l'Opep + portant sur une réduction de la production pétrolière de l'ordre de 6 millions de barils par jour et ce à partir de janvier 2021 jusqu'au mois d'avril 2022, a ajouté Mohamed Arkab. Reste à sensibiliser d'autres pays producteurs non membres de l'alliance Opep-non Opep à contribuer à cette baisse record. «Les pays de l'Opep+ ont convenu de convaincre, lors de la conférence virtuelle des ministres de l'Energie du G20, prévue vendredi (hier, Ndlr), les autres producteurs pétroliers mondiaux d'adhérer aux présents accords.» a indiqué le président de l'Opep. Ce traitement de choc suffira-t-il à immuniser le baril du Covid-19? Les prochains jours nous renseigneront sur son efficacité.