Depuis le 24 mars dernier, l'Algérie est confinée. Totalement pour la wilaya de Blida, partiellement pour Alger, auxquelles s'ajouteront neuf autres wilayas, trois après, avant qu'un couvre- feu ne soit imposé à l'ensemble du territoire national depuis le 4 avril dernier. Ce confinement ciblé et graduel court à ce jour officiellement jusqu'au 19 avril, mais rien n'assure que cette date sera réellement celle de la fin de la mesure. Si l'évolution de l'épidémie ne va pas dans le bon sens d'ici là, le gouvernement pourrait très bien décider de prolonger la durée d'isolement des Algériens. Dans ce cas, la première semaine du mois de mai, qui correspondrait à 40 jours de confinement, serait peut-être une limite probable. Mais rien n'est gagné pour le moment à voir l'évolution de l'épidémie de coronavirus dont la propagation bat son plein avec des dizaines de nouveaux cas quotidiennement dépassant quelquefois les 100 cas /jour. Certes, l'utilisation de la chloroquine permet une lueur d'espoir avec 460 guérissons sur 1 825 cas confirmés depuis le début de l'apparition de la maladie, ce qui représente un taux de 25%. Cependant, la courbe de propagation du nouveau virus est toujours dans sa phase ascendante et l'Algérie n'a pas encore atteint le pic. C'est ce qu'affirment les spécialistes en la question dont Rachid Belhadj, chef du service des facultés de médecine et directeur des activités médicales et paramédicaux. Invité à s'exprimer dans l'émission l'Invité de la rédaction de la radio Chaîne 3, il y a trois jours, Rachid Belhadj a déclaré «nous amorçons la montée de la courbe. Il faut rester prudent». Il y a aussi le professeur Salim Nafti, spécialiste des maladies respiratoires, qui a affirmé «tant que le nombre de sujets contaminés et le nombre de décès augmente, le pic n'est pas atteint». Cela implique qu'il faut s'attendre à une hausse des contaminations et de décès dans les prochains jours. Une situation qui ne manquera sûrement pas de pousser les autorités à aller vers une deuxième prolongation du confinement afin de continuer à ralentir la propagation et d'atténuer le pic. D'ailleurs, plusieurs pays dans le monde ont décidé de prolonger le confinement. C'est notamment le cas en Europe, le continent le plus affecté par le Covid-19. De toute façon, aucun pays ne prendra une décision de lever la mesure de la quarantaine de manière générale et totale. L'OMS a déjà mis en garde contre «le risque mortel d'un déconfinement hâtif» en plus du fait que les spécialistes recommandent une période d'isolement même pour les malades guéris. Si les autorités venaient à décider de lever le confinement durant le mois du Ramadhan, il y a crainte d'une ou plusieurs vagues épidémiques car cela engendrerait immanquablement de grands mouvements de populations désireuses de profiter des soirées et de se rassembler. Il faut juste rappeler que pour le moment, il n'existe aucun vaccin contre le coronavirus et que la mesure du confinement est prise pour freiner de façon drastique l'épidémie et non pas pour l'endiguer. Retarder la pandémie signifie également référer le moment où suffisamment de citoyens pourront être immunisés pour stopper définitivement la propagation du coronavirus. Car, comme l'ont expliqué les épidémiologistes, faute de disposer d'un vaccin, il faudrait atteindre une «immunité de groupe» qui ne peut être acquise que par un contact suffisamment grand avec le Covid-19, estimé à 60% de la population. En l'absence donc d'une telle condition, il apparaît impératif de maintenir, même à la fin du confinement, des mesures à même d'éviter des répliques en attendant d'obtenir l'immunité suffisamment ou au mieux, un vaccin. Il faudrait donc se préparer à un déconfinement ciblé qui pourra se faire par région, par période ou par âge. Il s'agit là des scénarios, du moins en théorie, établis par des chercheurs. Ces derniers proposent la stratégie du «stop and go» qui lie la levée des mesures de distanciations sociales et leur réactivation au nombre des admissions en réanimation ou encore un déconfinement par âge ou d'aller vers une quarantaine «à la carte».