Le débat engagé ces jours-ci s'articule, selon nos informations, autour du type de confinement à adopter dans le pays : déconfinement partiel, progressif ou encore confinement ciblé. Poursuite du confinement ou déconfinement ? La question mérite d'être posée à cinq jours de l'expiration du délai imparti au dispositif décidé dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Le sujet fait toujours débat aussi bien chez les scientifiques qu'au sein du gouvernement. Faut-il se préparer à une nouvelle vague de contagion, la deuxième, ou bien mettre au point un plan de déconfinement ? Même si la dernière mise à jour de l'épidémie de Covid-19 plaide pour le maintien et la reconduction du dispositif de confinement, les autorités sanitaires n'excluent, toutefois, pas la possibilité de le lever dans certaines régions. Elles conditionnent, cependant, la mesure de déconfinement par le port généralisé du masque. Cette condition semble être l'unique mesure barrière qui permettra à l'Algérie de commencer à décréter la fin de la mise en quarantaine par régions. Cette mesure semble être l'unique garantie de protection face à l'indiscipline des citoyens dans les lieux publics. Sans toutefois se prononcer d'une manière assez claire sur le dispositif de confinement, le ministre de la Santé s'est félicité, avant-hier jeudi, des résultats obtenus à la faveur de la stratégie adoptée pour venir à bout de la pandémie de Covid-19. Il a évoqué des indicateurs positifs qui dénotent la maîtrise de la situation sanitaire. Ces indicateurs sont observables dans les courbes "descendantes" des décès et des patients admis en réanimation et dans l'augmentation des cas de guérison. Malgré la hausse du nombre de cas de contagion, les autorités sanitaires estiment que les chiffres actuels reflètent la réalité de l'épidémie en Algérie, puisque les autorités ont multiplié le nombre de centres de dépistage, une vingtaine à travers le territoire national. Autrement dit, l'Algérie sous-déclarait le nombre de patients positifs au début de la pandémie. Les scientifiques affûtent déjà les stratégies de prévention de post-confinement à adopter. Ils se projettent dans l'après-quarantaine. Le débat engagé ces jours-ci s'articule, selon nos informations, autour du type de confinement à adopter dans le pays : déconfinement partiel, progressif ou encore confinement ciblé. Les scientifiques redoutent une cohue après la fin de la mise en quarantaine. Pour le Pr Ryadh Mehyaoui, l'heure est à la préparation, au choix et au type de déconfinement à adopter. "Il faut tout de même y penser dès maintenant. Nous sommes en train d'examiner la possibilité de déconfinement au sein du comité scientifique. Mais il y a des règles strictes à imposer avant d'ouvrir telle région ou telle wilaya", expliquera le Pr Mehyaoui. Le spécialiste, chef de service en réanimation au CNMS, enchaînera que "les autorités procéderont par déconfinement progressif. C'est-à-dire lâcher et autoriser le retour à la normale pour certaines wilayas qui ont enregistré moins de cas. Au fil des bilans communiqués et des tendances annoncées, le déconfinement sera élargi à d'autres régions du pays". Pour le Pr Smaïl Mesbah, membre également du comité scientifique de suivi de la pandémie, "l'Algérie se prépare à cette possibilité". "Il s'agit d'élaborer un plan de déconfinement partiel et progressif. La levée de la quarantaine dans une région donnée doit être accompagnée et renforcée par les mesures sanitaires barrières : le respect impératif de la distanciation physique, le lavage des mains et l'obligation du port du masque", affirmera le Pr Mesbah. Cependant, d'autres professionnels de la santé, qui sont sur le front contre le Covid-19, craignent un retour à la case départ dans le cas où les autorités procéderaient rapidement à la levée du confinement en raison de l'indiscipline de citoyens. Les statistiques de contamination faites et communiquées durant cette première quinzaine du mois de Ramadhan font état, à première vue, d'une croissance de près de 40% en quinze jours. Des chiffres qui peuvent paraître "inquiétants" pour le commun des citoyens. Des chiffres qui montrent que le virus a passé la vitesse supérieure de contamination au sein de la société. La comparaison avec les situations antérieures au 24 avril, date du début du Ramadhan sous confinement, montre que l'épidémie a amorcé une "sérieuse" reprise durant cette première moitié du mois sacré. Plus de 2 055 cas positifs ont été comptabilisés depuis le premier jour du Ramadhan jusqu'au bilan présenté avant-hier, jeudi, et qui a fait état d'un total de 5 182 porteurs de Covid-19. Parallèlement à cette situation, les courbes des décès et des guérisons enregistrés durant la même période plaident pour l'assouplissement de la mesure de mise en quarantaine. Le taux des décès est de 5 ou 6 par jour. Le nombre de patients admis en réanimation a sensiblement baissé depuis cinq semaines, soit à moins de 20 malades intubés par décompte quotidien.