Trente morts hier, plus de 300 victimes depuis l'attentat de mercredi dernier contre le mausolée de Samara. Moins d'une semaine après la vague d'attentats qui a ensanglanté l'Irak, le pays a vécu hier une nouvelle journée d'horreur après un triple attentats suicide et à la voiture piégée à Baghdad et dans sa périphérie. Ces attentats se sont soldés par au moins trente morts et 120 blessés. Plus au sud, deux soldats britanniques sont morts dans l'attaque de leur convoi dans la région d'Amara. Ces morts portent à 103 le nombre de soldats britanniques tués en Irak. A Baghdad, trois déflagrations ont secoué la capitale hier matin après les explosions de deux voitures piégées et un attentat lors duquel un kamikaze s'est fait exploser. Ces différentes attaques ont causé la mort de 30 personnes, selon les premiers bilans, et quelque 120 blessés. Ces attentats prolongent la vague de violence qui a ébranlé l'Irak depuis mercredi, conséquence de la destruction partielle du mausolée des imams Ali Al-Hadi et Hassan Al-Askari à Samarra. Attentat qui a donné lieu, mercredi et jeudi derniers, à une guerre des mosquées, plusieurs lieux de culte sunnites ayant été attaqués ou incendiés. De fait, cette guerre des mosquées ne semble pas se calmer puisque une nouvelle mosquée sunnite a été hier l'objet d'un attentat à Hourriyah au nord de Baghdad. Selon les premières indications on ne déplore pas de victimes mais les dégâts seraient importants dans cette énième attaque contre un lieu de culte en Irak. De fait, si l'on excepte l'accalmie observée vendredi, après les appels au calme des dignitaires sunnites et chiites, la violence a repris dès samedi au moment où la comptabilité macabre des morts de ces derniers jours n'a plus de sens dans un pays livré à la loi des groupes armés qui font régner la terreur dans plusieurs provinces. De fait, l'ordre donné lundi par le ministère irakien de la Défense de déployer les blindés dans la capitale ne semble pas avoir eu d'effets dissuasifs, puisque la capitale a connu hier l'une de ses journées les plus sanglantes. Ainsi, outre le déploiement des blindés, ordre a été donné aux services de sécurité d'arrêter toute personne armée a indiqué lundi le général Abdel Aziz Mohammed, chef des opérations militaires qui a déclaré: «Le ministère a donné l'ordre de déployer des forces blindées, hissant le drapeau irakien qui symbolise l'unité, dans les parties de Baghdad où les forces du ministère de l'Intérieur ne sont pas présentes». Il a souligné que la mission de ces troupes «est de protéger les citoyens et n'est pas dirigée contre eux», sans toutefois préciser quand ces forces vont être déployées ou si elles l'ont déjà été. Cette situation de suspicion et d'antagonisme est illustrée par l'attentat perpétré hier dans le quartier Al-Arbaïn au coeur de Tikrit (ancien fief de Saddam Hussein) contre la tombe du père de Saddam Hussein, Hussein Al-Majid, endommageant le tombeau où repose le père de l'ancien dictateur. La violence qui s'est déchaînée suite au dynamitage du mausolée de Samarra, s'est soldée par un lourd tribut comme l'indiquait hier un communiqué du gouvernement irakien, selon lequel 379 personnes sont mortes et 458 blessées en Irak en l'espace de sept jours. «Le total des victimes depuis mercredi jusqu'à la publication de ce communiqué mardi (hier) à 16h00 (13h00 GMT) est de 379 martyrs et de 458 blessés dans tous les incidents qui se sont produits dans toutes les provinces en Irak», a indiqué le cabinet du Premier ministre, Ibrahim Al-Jaafari. Au plan politique, le voyage en Turquie du chef du gouvernement, le chiite Ibrahim Al-Jaafari, a induit une crise et a été très mal pris par le président kurde Jalal Talabani, qui n'a guère apprécié ce manquement à la loi fondamentale. Ainsi, un communiqué diffusé hier par les services de M.Talabani indique: «La présidence de la République est extrêmement surprise par le voyage de M.Jaafari en Turquie sans qu'il en informe le gouvernement irakien, ce qui est en contradiction avec la loi fondamentale toujours en vigueur». M.Jaafari est attendu en Turquie pour des entretiens consacrés aux violences entre sunnites et chiites en Irak, avait annoncé dimanche le chef du gouvernement turc Recep Tayyip Erdogan. Cette affaire qui surgit au moment où l'Irak vit des moments difficiles et alors que le gouvernement irakien tarde à être constitué, montre les dysfonctionnements du gouvernement irakien et les obstacles qu'il aura à surmonter pour former un cabinet qui soit agréé par l'ensemble des parties irakiennes.