La pandémie de coronavirus a provoqué une nouvelle poussée de fièvre politique entre les Comores et la France, accusée par le gouvernement de Moroni d'avoir annoncé à tort un premier cas de contamination sur son territoire. Les relations entre les deux pays sont conflictuelles depuis l'indépendance, en 1975, des Comores, qui revendiquent la souveraineté sur Mayotte, la quatrième île de leur archipel, restée française. La nouvelle crise a débuté jeudi, lorsque l'ex-ministre française Dominique Voynet, directrice de l'agence régionale de santé de Mayotte, a annoncé publiquement la mort, le 8 avril dernier, du grand mufti des Comores par infection au coronavirus. «Nous savons qu'il y a du Covid-19 aux Comores, mais nous ne savons pas s'il y en a beaucoup», a ajouté Mme Voynet, lors d'une audioconférence avec la presse. Ses déclarations ont aussitôt suscité un tollé à Moroni, dont les autorités n'ont rapporté, officiellement, aucun cas de contamination. Le ministre comorien des Affaires étrangères, Souwef Mohamed El Amine, a accusé l'ancienne ministre française d'avoir «violé le secret médical, le secret professionnel et la vie privée».»Si un cas se confirmait aux Comores, ce n'est pas à Mme Voynet de l'annoncer», a-t-il dit, déplorant «l'inélégance des autorités françaises». Le médecin du grand mufti, le Dr Abdou Adda, a catégoriquement démenti les informations sur la cause du décès de son patient, qualifiées de «tissu de mensonges» et de «désinformation». La semaine dernière, le préfet de Mayotte Jean-François Colombet avait rallumé la mèche des tensions en évoquant un cas de Covid-19 «importé» des Comores, parmi une soixantaine de ressortissants français rapatriés de Moroni. Selon le dernier bilan officiel, 245 cas de contamination par le Covid-19, dont 4 mortels, ont été recensés dans le département français. Dans un communiqué, le ministère comorien de la Santé s'est «insurgé contre l'insistance inexpliquée de certaines autorités françaises (..) à annoncer des cas supposés de la pandémie sur les trois autres îles de l'archipel». Le flux régulier des immigrants clandestins des Comores vers Mayotte, à 70 km à peine de l'île comorienne d'Anjouan, suscite des tensions entre les deux capitales. Rappelons que 1.046 marins du porte-avions Charles de Gaulle ont été testés positifs sur un total de 1.760, selon un communiqué hier de l'armée française. Vendredi, devant la commission Défense de l'Assemblée nationale française, la ministre des Armées Florence Parly avait évoqué 1.081 marins positifs au Covid-19 sur l'ensemble du groupe aéronaval. Une immense majorité vient donc du bâtiment nucléaire lui-même, sur lequel le virus s'est répandu comme une traînée de poudre, touchant presque 60% des effectifs. Deux enquêtes, une de commandement et une épidémiologique, ont été diligentées par l'encadrement militaire et sur le processus de contamination du bâtiment. Deux questions qui continuent de faire polémique, avec plusieurs témoignages de marins ou de proches qui dénoncent, dans des médias locaux, sous couvert d'anonymat, un encadrement dépassé par les évènements. Le porte-parole a dénoncé des informations «fausses», notamment le fait que le commandant du porte-avions aurait demandé, sans succès, à interrompre sa mission, lors d'une escale à Brest.