Tous les protagonistes de ce débat se mettent d'accord pour dire que l'enjeu est de taille, puisqu'il s'agit de définir les conditions nécessaires pour la reprise de la vie quotidienne des Algériens qui, selon la date choisie par l'Exécutif, se fera à partir du 29 du mois en cours. Les premiers concernés par ces mesures d'allégement sont les commerçants, et même au sein de cette partie de la société, les choses ne semblent pas faire l'unanimité. Si certains estiment qu'en cette période seule, de «flou sanitaire» seuls les magasins qui offrent des services de première nécessité doivent ouvrir, pour d'autres en revanche, «la nécessité économique» est aussi à prendre en compte. C'est le cas notamment, de Ouiza Amrouche, copropriétaire d'un salon de coiffure à Djemaâ Saharidj, qui explique que «certains commerçants sont vraiment à l'agonie, le manque à gagner après presque 6 semaines d'arrêt est énorme, sans oublier que certains vivent au jour le jour des gains de ces commerces, sans pouvoir dégager un salaire», déplore la commençante, avant d'ajouter: «Les consignes du Premier ministre sont claires, sans oublier celles du corps médical, je pense qu'avec un peu de civisme de la part des clients et commerçants c'est faisable le déconfinement progressif, surtout à un niveau local, moi par exemple, nous coiffeurs, on devra travailler par rendez-vous, ne pas prendre plus d'un client à la fois, et entre chaque client désinfecter notre matériel, changer de gants, laver les serviettes.... etc. Cela dit, pour ce qui est des lieux publics ou endroits de grand rassemblement, les transports inter-wilayas, je pense que c'est un peu tôt», affirme la coiffeuse qui assure, cela dit que pour le moment elle et son associée ont pris la décision de ne pas ouvrir leur commerce. Même son de cloche chez Nassima Hanifie, féministe et membre active de la société civile, qui explique qu'«au début du confinement le problème de la distribution de la semoule est devenu presque un sujet de polémique et le mois de Ramadhan arrive pour exacerber les réflexes de consommation à outrance, je pense que cet allégement a été mis en place pour répondre à la logique de consommation. Pendant ce mois il est clair que le problème principal du citoyen est de remplir son couffin. Par ailleurs, il y a aussi le problème des travailleurs précaires, il n'y a aucun mécanisme capable de les protéger, en cette période de pandémie. Et je pense réellement, que personne n'est capable de déterminer si c'est le moment de déconfiner ou pas encore et le Ramadhan et ses besoins ont fait que la décision soit prise précipitamment et le manque de communication et de directives des pouvoirs publics donnent l'impression que c'est une décision aléatoire.» En effet, les questions des citoyens sur ce déconfinement sont nombreuses, et les élus locaux sont aussi assaillis par les questions des habitants de leurs circonscriptions, auxquelles ils ne peuvent pas donner de réponses claires, comme explique Khelifa Dekik, vice-président de la mairie de Mekla, qui explique: «La date butoir de la fin du confinement est à J-3, et pour le moment en tant que représentants locaux nous n'avons reçu aucune directive, pour par exemple les consignes de reprise des écoles, nous ne savons même pas si les écoles vont reprendre, la gestion des transports...Pour le moment certains élus locaux ont décidé de leur propre chef de ne pas déconfiner. La seule certitude que nous avons est qu'il n'existe pas de modèle de confinement ni de déconfinement, chacun doit selon la réalité de sa localité s'adapter», explique le vice-président. De son côté le docteur Ahmed Djadjoua, chirurgien au CHU Nedir-Mohamed, estime que le débat public est mal orienté, «On parle de déconfinement, mais pour l'instant les pouvoirs publics n'ont pas parlé ni même y fait allusion. Je pense que le gouvernement est aussi conscient que le déconfinement nécessite une stratégie réfléchie, qui prendra du temps à être mise en place».