Les échos recueillis de plusieurs endroits du pays indiquent une tendance au relâchement concernant les mesures barrières contre la propagation du coronavirus. Les scènes de non-respect par des citoyens de la distanciation sociale dans les boulangeries, pour l'achat du pain, et dans les pâtisseries spécialisées qui vendent les sucreries particulières durant la période du Ramadhan, comme le kalb ellouz et la zlabia, sont fréquentes. Il y a même parfois des bousculades et des disputes entre clients, d'ailleurs considérées comme inévitables et injustement imputées à la nervosité que le jeun provoquerait systématiquement. Certains commerçants en produits alimentaires ont levé la barrière érigée devant leurs magasins et laissent l'accès ouvert aux clients quelque soit leur nombre avec un regroupement contraire aux mesures barrières. Apparemment, personne ne rappelle à l'ordre ces commerçants même si l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (APOCE) a appelé, dimanche, à l'impératif de prendre et d'appliquer strictement les mesures préventives nécessaires au niveau des locaux commerciaux pour faire face à la propagation du COVID-19, suite à la décision d'ouverture des locaux et d'extension des secteurs d'activités. Son argument donné dans un communiqué publié dans sa page Facebook, devrait être convaincant : «Le strict respect des mesures de confinement et de prévention favorise l'accélération de l'extinction de l'épidémie et la sortie du pays de cette situation difficile qui a grandement et longuement affecté les intérêts des citoyens et des institutions». L'APOCE a rappelé qu'elle était «parmi les premiers initiateurs qui ont appelé à prendre les mesures préventives urgentes pour contrer la propagation de la pandémie, des mesures qui commencent à donner leurs fruits aujourd'hui en dépit de leur non application totale par les citoyens et les commerçants». Estimant que l'annonce du gouvernement de rouvrir plusieurs activités commerciales «est un indice d'allègement de la crise sanitaire», l'APOCE a ajouté que «l'autorisation d'exercer -à travers le territoire national- des activités non maitrisables et difficiles à contrôler tel que le commerce des vêtements et des chaussures, parallèlement à l'avènement du mois de Ramadhan, ne nous rassure pas alors que le pays est en passe de sortir de cette pandémie, car ces activités enregistrent une grande affluence en cette période, alors il peut y avoir un manquement aux conditions de prévention sanitaires comme la distanciation sociale et le contact récurent avec les produits étalés». Pourtant, les consignes qui ont accompagné la décision du Premier ministre concernant l'ouverture de certains commerces à grosse clientèle, sont très strictes et imposent le respect des mesures barrières et des mesures d'hygiène et de désinfection des locaux. Jeudi dernier, alors que la décision d'autoriser l'ouverture de certains commerces n'avait pas encore été prise, sur les ondes de la chaîne III de la radio algérienne, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, avait exhorté, pour la énième fois, les Algériens à ne pas se relâcher dans la lutte contre le Covid-19 et les avait appelés au respect strict des mesures barrières. Le ministre s'est appuyé sur les recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui appelle au non-relâchement, pour expliquer que l'Algérie était en conformité totale avec les recommandations de l'OMS et justifier l'appel ferme à éviter le relâchement. Hier, sur les ondes de la radio algérienne, les professionnels de la santé qui exercent dans la wilaya de Blida, la plus durement touchée par la pandémie du coronavirus, ont expliqué aux inconscients que ce n'était pas le moment de renoncer aux mesures barrières, surtout le respect de la distanciation sociale. Des spécialistes évoquent le risque d'un pic dans une quinzaine de jours qui traduira le manque de vigilance observé pendant le début du Ramadhan et même avant, lorsque les gens se sont rués sur les marchés pour faire leurs achats. Certes, il y a une stabilité dans la situation sanitaire créée par la pandémie du Covid-19, mais rien n'est encore acquis et il y a risque de retour de manivelle à travers une deuxième vague de contamination plus forte que la précédente. Les mesures d'allègement prises dernièrement ne sont pas des mesures de déconfinement, et si c'est le cas, un jour, le même dispositif restera en place.