Il ne mâche pas ses mots pour situer le débat qui se caractérise par sa violence. Inutile donc de le prolonger, le temps est à la modération et au dialogue serein. L'Expression: L'ambassadeur du Danemark a réfuté les propos que vous aviez tenus lors la conférence que vous aviez animée mercredi au siège du HCI en relation avec votre rencontre. Que répondez-vous? Cheikh Bouamrane: Monsieur l'ambassadeur du Danemark répond souvent à côté des questions qui nous intéressent. J'évite d'ouvrir une polémique avec lui et je me contente de lui répondre courtoisement entre personnes de bonne éducation. Il a déclaré que la législation danoise permet à tout étranger de contracter un mariage. A charge pour l'autorité religieuse - Imams, prêtres, rabbins ou autres - ou civile de valider l'union par un livret. En clair, il estime que vous êtes mal informé de la réalité de la situation des immigrés au Danemark. Quel est votre commentaire? La situation des immigrés musulmans au Danemark et leurs difficultés de s'y marier résultent d'un dossier publié récemment par le quotidien Le Monde (n° du 24/02/2006) dont le sérieux est connu. Il suffit de consulter ce journal qui conclut que les restrictions faites aux immigrés au Danemark sont les plus sévères par comparaison aux mesures prises par les autres pays de l'Union européenne. Quant à «l'accusation», selon laquelle il aurait impliqué toute la communauté musulmane du Danemark qui «serait à l'origine de la polémique», il la réfute catégoriquement, tout en considérant qu'il y aurait une partie d'entre elle - «peut-être mille ou moins» - qui a effectivement joué un rôle dans cette affaire. Quant à l'accusation portée contre la communauté musulmane au Danemark qui serait à l'origine de la polémique, l'ambassadeur la reconnaît en partie, puisqu'il dit que certains de ses représentants se sont déplacés au Moyen-Orient pour protester contre les caricatures blasphématoires. Il espère que l'autorité de régulation, une instance consultative, obtienne de l'autorité judiciaire une condamnation formelle du journal qui a publié les caricatures, même si cela est peu probable. Cela vous paraît-il suffisant? Il faut rappeler à l'ambassadeur que la Norvège a présenté des excuses officielles, alors que le Danemark dit ne pas pouvoir le faire à cause du respect de la liberté d'expression accordée à la presse. Il propose le recours au tribunal contre le journal qui a publié les caricatures. Il admet en même temps que sa condamnation est peu probable. Un tel recours, s'il a lieu, n'est pas suffisant, d'autant plus que le journal persiste et signe. Il adopte ainsi une attitude de défi peu compatible avec le dialogue pacifique entre les cultures et les civilisations que nous préconisons. Puisque le gouvernement danois «ne peut présenter les excuses» au monde musulman, quels seraient selon vous, les recours envisageables pour atténuer les tensions? Le gouvernement danois ne peut présenter des excuses comme il a été dit plus haut, mais son chef a exprimé ses regrets. L'Union européenne, par contre, a pris une attitude plus claire. Pour notre part, nous souhaitons que les tensions cessent et que le dialogue reprenne. Si l'ambassadeur est d'accord, la réfutation et la contre-réfutation doivent cesser.