Les forces du Gouvernement d'union libyen (GNA), qui ont repris durant le week-end le contrôle de l'ensemble du nord-ouest du pays, restent freinées dans leur avancée vers Syrte, ville stratégique en direction de l'Est, sous contrôle du maréchal Haftar. «Nous sommes à quelques kilomètres de Syrte», a affirmé le général Ibrahim Baytalmal, commandant des opérations des pro-GNA pour la reconquête de Syrte. «Sa libération n'est qu'une question de temps mais nous espérons pouvoir éviter à la population les affres de la guerre», a-t-il ajouté, cité par la page des forces pro-GNA sur Facebook. Selon des chaînes de télévision libyennes, les forces du maréchal Haftar ont notamment mené des raids aériens sur Abou Grein, un important carrefour à une centaine de kilomètres de Syrte. Ville natale de Maammar El Gueddhafi, Syrte, située à 450 km à l'est de Tripoli, a par la suite été un bastion du groupe terroriste Etat islamique (EI), avant d'être reprise en 2016 par le GNA. Elle est tombée en janvier dernier aux mains du camp du maréchal Khalifa Haftar. En avril 2019, l'homme fort de l'est libyen a lancé une offensive pour s'emparer de la capitale Tripoli, siège du GNA, qui s'est finalement soldée par un échec ces dernières semaines. Ses forces se sont repliées vers l'Est et le Sud face à l'avancée des troupes du GNA, qui bénéficient d'un appui militaire turc. La Libye est en proie au chaos depuis 2011. Depuis avril 2019, le conflit a fait des centaines de morts, dont de nom-breux civils, et poussé plus de 200.000 personnes à fuir leur domicile. La mission de l'ONU (Manul) a affirmé que plus de 16.000 personnes avaient été déplacées du fait des derniers combats. Ce conflit entre pouvoirs rivaux libyens a aussi connu une implication croissante de puissances étrangères: si Ankara soutient le gouvernement de Tripoli reconnu par l'ONU, l'Egypte, la Russie et les Emirats arabes unis appuient le camp Haftar. Samedi dernier, après une rencontre entre le maréchal libyen et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, Le Caire a lancé une initiative visant à établir un cessez-le-feu à compter de lundi. Le GNA n'y a toutefois pas donné suite. Pour sa part, la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MINUL) a salué lundi la réouverture de deux grands champs pétrolifères fermés par les chefs tribaux en janvier en signe de protestation contre le gouvernement d'union nationale (GNA), soutenu par l'ONU. La MANUL a déclaré dans un communiqué qu'elle «salue l'ouverture des champs pétrolifères de Sharara et El Feel ce week-end. Le blocus pétrolier a inutilement coûté au peuple libyen plus de 5 milliards de dollars en raison de la perte des ventes de pétrole ainsi que plusieurs millions de dollars de pertes indirectes dues à la fermeture des raffineries nationales et des dommages causés par le maintien inactif des infrastructures». «Le blocus devrait être complètement levé à travers le pays. Le pétrole ainsi que les autres ressources naturelles ne devraient en aucun cas être instrumentalisés dans le cadre du conflit», a indiqué le communiqué. La MANUL a appelé toutes les parties libyennes à éviter d'endommager les infrastructures pétrolières ou d'empêcher le personnel de la National Oil Corporation (NOC, compagnie nationale) de s'acquitter de ses fonctions officielles, soulignant que la NOC est la seule compagnie pétrolière légitime en Libye. «Les ressources naturelles de la Libye appartiennent à tous les Libyens et leur exploitation est vitale au maintien de l'économie du pays, en particulier compte tenu de la nécessité de faire face à la pandémie de COVID-19», a souligné la mission onusienne.