A un mois d'une échéance capitale pour le processus de normalisation en Libye, voilà que la Mission d'appui des Nations unies (Manul) se voit contrainte de condamner les attaques successives contre les civils dans le sud du pays. «La Manul adresse la plus ferme condamnation concernant les attaques successives, mais séparées, contre des civils dans le sud du pays», a-t-elle déclaré dans un communiqué, repris par des médias locaux, tout en appelant les autorités libyennes à «prendre des mesures promptes et efficaces pour lutter contre l'anarchie dans la région». Il faut dire que la situation s'est quelque peu dégradée ces dernières semaines, puisque une milice salafiste s'est emparée du champ pétrolier d'Al Sharara, six otages enlevés par le groupe terroriste Daesh, fin octobre, dans le village de Fougha, au centre de la Libye, ont été assassinés et que d'autres factions extrémistes s'en prennent régulièrement aux forces du maréchal Haftar censées avoir rétabli l'ordre dans la région. La Manul a souligné que «les meurtres gratuits constituent une grave violation des droits internationaux et peuvent s'apparenter à des crimes de guerre», dans l'espoir que les terroristes ne s'en prennent plus aux civils, mais la situation est loin d'être maîtrisée. On comprend pourquoi la NOC, compagnie libyenne chargée de l'exploitation et de la commercialisation du pétrole, a invoqué un cas de force majeure en annonçant la fermeture du terminal d'Al Sharara, craignant des représailles de tous ces groupes armés qui prolifèrent au sud du pays. Les habitants de la région tentent bien de s'organiser, constituant un mouvement baptisé «Colère du Fezzan», mais ils ne disposent pas des armes nécessaires pour pouvoir lutter contre la menace, de sorte qu'ils s'en remettent au gouvernement d'union de Fayez al Serraj pour veiller à la sécurité dans la région. On se demande avec quelle force, le GNA étant lui-même pris en otage par des groupes salafistes tels que la force Raâd qui contrôle l'aéroport international de Mitiga et assure un rôle de police dans les prisons et les centres de renseignement, tout en imposant sa loi dans la capitale Tripoli. Exhorté par la Manul qui lui demande d'«agir rapidement et de manière décisive» pour rétablir la NOC au terminal d'Al Sharara, le GNA n'a d'autre ressource que de s'en remettre au maréchal Haftar, ennemi affiché des islamistes, du moins en apparence, et qui n'en demandait pas tant. C'est dire combien la situation, déjà passablement complexe, s'est encore compliquée davantage au point qu'on s'interroge sur les chances d'une paix véritable dans les prochains mois.