à travers des rassemblements festifs ou des défilés, des milliers d'Américains ont commémoré vendredi le 155e anniversaire de l'abolition de l'esclavage, dans un contexte de tensions et de prise de conscience des discriminations et le racisme subis par la communauté noire. Les célébrations du «Juneteenth»(contraction de juin et de 19 en anglais), ce jour de 1865 où les derniers esclaves ont été libérés au Texas, ont été exaltées par le mouvement de colère qui secoue le pays après la mort de plusieurs Afro-Américains aux mains de la police. A Washington, les protestations dénonçant «le racisme, l'oppression et les violences policières» se sont d'abord concentrées autour du monument en mémoire à Martin Luther King à l'appel des professionnels des clubs locaux de basket-ball. Près de la Maison-Blanche, la manifestation était festive sur la nouvellement baptisée «Black Lives Matter Plaza» où plusieurs centaines de personnes ont dansé au son de la Go-Go Music avant de défiler dans les rues du centre-ville. Les appels se sont multipliés ces dernières semaines pour le déboulonnage de monuments à la gloire de soldats confédérés lors de la Guerre de Sécession (1861-1865), qui pullulent dans le sud du pays, et certains ont été mis à terre. Aux racines de ce mouvement qui agite l'Amérique: la mort de George Floyd, Afro-Américain de 46 ans, asphyxié par un policier blanc qui l'avait arrêté fin mai à Minneapolis. Des manifestations monstres, parfois émaillées de violences, pour dénoncer les injustices raciales ont wcontinué après la mort d'un autre Afro-Américain, Rayshard Brooks par la police d'Atlanta le 12 juin. Comme à Minneapolis, le policier en cause a été limogé puis inculpé de meurtre. Dans une autre affaire, la mairie de Louisville, dans le Kentucky, a annoncé le licenciement d'un policier impliqué dans la mort d'une infirmière noire, Breonna Taylor, tuée dans son appartement en mars. S'il a dénoncé les morts de George Floyd et Rayshard Brooks, Donald Trump a surtout concentré ses prises de parole sur les manifestants, appelant régulièrement à «la loi et l'ordre». Le milliardaire républicain organisait, hier, un grand meeting de campagne à Tulsa, dans l'Oklahoma. Il avait suscité l'indignation en choisissant la date symbolique du 19 juin et a dû le reporter au lendemain. La ville reste hantée par le souvenir d'une des pires émeutes raciales de l'histoire, où jusqu'à 300 Afro-Américains ont été massacrés par une foule blanche, en 1921. Craignant des débordements alors que plus de 100.000 personnes sont attendues dans la ville de 650.000 habitants, le maire avait décrété un couvre-feu partiel jusqu'à dimanche mais le président a obtenu son annulation.»Amusez-vous bien», a-t-il écrit sur Twitter à ses «nombreux partisans». A la veille de ce meeting, lors duquel Donald Trump espère donner un nouvel élan à sa campagne, le «Juneteenth» a donné lieu à une fête de rue familiale. Soixante ans après le mouvement pour les droits civiques, la minorité noire (13% de la population) reste la grande oubliée de la prospérité. Plus pauvre et en moins bonne santé, elle est sous-représentée au niveau politique et sur-représentée dans les prisons. La crise du coronavirus et l'arrêt de l'économie a provoqué une hausse du chômage pour les Noirs américains qui, en occupant de nombreux emplois jugés essentiels, sont plus exposés que les autres au Covid-19.