«Les Divas du Taguerabt» est le dernier-né cinématographique de Karim Moussaoui qui s'était distingué en 2017 au festival de Cannés (Section Un certain regard). «Les divas de Taguerabt» est un court métrage de 15 mn qui s'inscrit dans le cadre de la «3eme scène», une série de quatre films courts sur l'opéra, des films produits par l'Opéra Garnier de Paris. «C'est une fiction en forme documentaire. J'ai saisi l'opportunité pour filmer les femmes de Timimoun qui chantent du Taguerabt une variante de Ahellil», nous confiera d'emblée le réalisateur Karim Moussaoui. Notons que ce programme de quatre courts métrages, baptisé « Celles qui chantent» devait être présenté en sélection officielle au festival de Cannes. Il est projeté dans les salles de cinéma en France depuis le 8 juillet, puisque les salles ont réouvert leurs portes. Aux côtés de Karim Moussaoui, nous retrouvons les films de Julie Deliquet, Sergei Loznitsa et Jafar Panahi. «Avec une grande liberté´ et sans se concerter, chaque artiste a choisi un sujet. Une fois terminés, une même thématique semblait réunir leurs films, pourtant si différents formellement: chacun dit a` sa façon quelque chose du pays et de la société ou` leur héroïne chante, tout en questionnant les notions de représentation et d'interprétation. La réunion de ces quatre cinéastes est l'occasion de faire résonner cinéma et spectacle vivant, documentaire et fiction, monde d'aujourd'hui et monde d'hier» pouvons-nous lire dans le texte de présentation de cet événement. Dans «Les Divas du Taguerabt», rapporte le synopsis, «Karim Moussaoui s'interroge sur ce que serait un opéra dans la culture musicale algérienne. Accompagné de son équipe de tournage, il part dans le désert à la recherche des mystérieuses Divas du Taguerabt...»Tout commence par une discussion informelle dans un appartement avec une femme. Une amie proche du réalisateur. Mirage et cinéma Karim Moussaoui évoque le cadeau de l'opéra fait par la Chine à Alger et se demande du pourquoi de la chose alors que l'Algérie ne produit pas d'opéra. À cet instant, il se demande ce qui pourrait remplacer un opéra de chant lyrique et mettre à sa place en Algérie. Et son amie de répliquer: «La nouba des femmes du Mont Chenoua, (Ndlr).. La dernière scène du film de Assia Djebar!» suggère-t-elle. Et de se remémorer un souvenir similaire à cette scène. Une fois alors qu'elle est à Timimoun, dans les années 1990, on vient la chercher et l'emmener assister à une halqua de chant féminin qui interprète du Taguerabt... Avec son équipe de tournage Karim Moussaoui part à Timimoun à la recherche de ces hypothétiques et légendaires femmes. Il est accompagné de son ami, aussi réalisateur, Hassan Ferhani qui fait partie de l'équipe de tournage. Au début rien n'est gagné d'avance. Karim Moussaoui avance dans le flou total. Cela se traduit d'ailleurs à l'image comme si la caméra voulait être fidele au fameux mirage du désert. Karim Moussaoui filme son équipe presque comme des spectres. L'on ne peut partir à Timimoun sans montrer l'eau des fogaras, dans ce coin mi-perdu mi-paradisiaque qu'est le Gourara. Un coup de téléphone, alors que le réalisateur était parti pour rester plusieurs jours et le voila qui arrive sur un lieu enchanteur rehaussé de lumières...Il s'agit d'une grotte au milieu de laquelle sont assises des femmes qui chantent en effet du Taguerabt. Magie du cérémonial L'équipe arrive tout doucement sur les lieux. À pas lents puis s'arrête. On les perçoit de dos, donnant à voir ainsi en face, ce beau spectacle qui surgit comme dans un rêve féérique. Les bougies insufflent un côté mystique à cette quaâda bien singulière. La caméra se met à filmer ces femmes qui chantent, insiste sur leurs visages et leurs mains. Un cérémonial qui dure quelques minutes et clôt le film. De cette quête presque improbable dans le désert, Karim Moussaoui en fait une réalité. La mise en scène y est, mais juste ce qu'il faut pour donner de l'épaisseur et de l'authenticité à cette ambiance rehaussée du chant de ces femmes sorties quasiment d'une carte postale...Et pourtant bien réelles et altières. Pour rappel, Karim Moussaoui est l'auteur de trois courts métrages et d'un moyen métrage, Les jours d'avant, particulièrement remarqué (sélections aux festivals de Locarno, Clermont-Ferrand, Brive, Grand Prix au festival Premiers Plans d'Angers et finaliste aux Césars dans la catégorie «Meilleur film de court métrage»). Il est membre fondateur de l'association culturelle de promotion du cinéma d'Alger, Chrysalide. Il a également été responsable de la programmation cinéma à l'Institut français d'Alger pendant plusieurs années. Son premier long-métrage «En attendant les hirondelles», lauréat de la Fondation Gan pour le cinéma, a été sélectionné en 2016 à la Semaine de la critique du festival de Cannes. Il a prêté également sa plume au journal Le Monde pour livrer son regard sur le Hirak et son évolution en Algérie. Il prépare aussi un nouveau long métrage...Une adaptation d'un roman algérien.