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Créée par des étrangers et développée par des immigrés
La France
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 01 - 2025

Depuis quelques mois, les médias français se plaisent à, comme si plus rien ne fonctionnait correctement dans un pays longtemps présenté comme modèle à suivre.
La France ne doit sa création officielle et son développement économique qu'à des populations allogènes. La France est l'œuvre des étrangers et des immigrés. La France officielle et institutionnelle, c'est-à-dire monarchique, nobiliaire et seigneuriale est, en effet, l'œuvre d'étrangers «barbares».
Les véritables bâtisseurs de la France sont issus des populations étrangères germaines, notamment les Francs. Les Francs eux-mêmes seraient apparentés aux Turcs et aux Macédoniens. Ils proviennent de recompositions de multiples tribus antiques migratoires, les Amsivarii, les Chattuarii et les Chattii, etc. Par commodité et par habitude, les Romains les désignaient sous le nom de «Francs». Selon les historiens, les Francs sont une peuplade de barbares ayant longtemps erré à travers l'Europe avant de s'établir dans les provinces romaines qu'ils auraient conquises à partir du Ve siècle, avant d'envahir la Gaule ou les Gaules.
Sans les invasions barbares, donc sans l'arrivée massive des étrangers germains, la France, inexistante à l'époque, aurait connu un destin moins royal – au double sens du terme. Longtemps l'Hexagone était constitué d'une juxtaposition de petites principautés et n'avait donc aucune unité politique. Si, auparavant, la Gaule a pu entrer dans l'histoire, c'est grâce également aux étrangers Romains qui, par l'administration et le droit, ont rassemblé les Gaulois, auparavant désunis.
Au Ve siècle, quatre peuples germains ont envahi la Gaule après la chute de l'Empire romain, mais seuls les Francs, tribu guerrière, ont réellement imposé leur puissance. Bien plus en tout cas que les Alamans (implantés en Alsace), les Wisigoths (dans le Midi) et les Burgondes (en Bourgogne).
Il est important de souligner que dans la «France» de cette époque antique et proto-féodale, les individus ne possédaient pas de langue unique, ni de cultes et cultures identiques, ni de conscience historique partagée, encore moins de conscience nationale. Mieux, la langue française n'existait pas, étant entendu qu'elle naît seulement vers l'an 900 d'un mélange de latin et de bribes des langues germanique et francique. Elle se nommait alors le «françois» (prononcé «franswè»). A l'époque, la langue française n'était parlée que dans les régions d'Orléans, de Paris et de Senlis, qui plus est uniquement par les classes sociales privilégiées étrangères, les Francs. Le reste de la population roturière, paysans et artisans, parlait son dialecte local : alsacien, basque, breton, catalan, occitan ou langue d'oc, langues d'oïl, etc.
Le paradoxe avec la langue de la France, le français, c'est que, bien que son nom renvoie aux Francs, ce peuple étranger germain venu d'outre-Rhin, elle n'est pas germanique mais latine, du nom du précédent peuple étranger ayant occupé le territoire, les Romains.
Ainsi, la France a été bâtie par des étrangers, les Francs, et elle a institué comme langue officielle une «langue étrangère», en tout cas, des siècles durant étrangère à l'écrasante majorité des populations autochtones de l'Hexagone, qui parlaient leurs propres langues vernaculaires. Globalement, environ 80% du vocabulaire français vient du latin, langue étrangère parlée en Italie, répandue par l'Empire romain antique.
De fait, l'identité nationale de la France est le fruit d'origines étrangères diverses. La France, par sa composition multiethnique et multilinguistique, est la résultante de brassages permanents.
Au XIXe siècle, à l'ère du triomphe du capitalisme et de l'industrialisation en Europe, la France, alors massivement rurale, faute de bras, doit recourir à la main-d'œuvre immigrée pour impulser et assurer son développement économique. Le recours à la main-d'œuvre immigrée durera jusqu'aux années 1970.
L'apport démographique des étrangers au peuplement et développement de la France au cours des deux siècles écoulés est incontestable. Un tiers des personnes qui vivent aujourd'hui en France sont issues de l'immigration.
En outre, une proportion importante des premiers immigrés établis au fur et à mesure en France tout au long des XIXe et XXe siècles était des «sans-papiers», des «clandestins». Et pour cause. Jusqu'au début du XXe siècle, l'Etat ne se préoccupait pas de la régulation des flux migratoires. Il n'y avait pas de contrôles aux frontières, ni de carte de résidence.
Dans une France rurale, l'industrie manquait cruellement de bras. Aussi certaines entreprises envoyaient des «recruteurs» à l'étranger, notamment pour alimenter les secteurs les plus pénibles du marché du travail. Au départ, le recrutement se faisait au gré des besoins. Les frontaliers, notamment les Belges et les Italiens, fournissaient la majeure partie de la main-d'œuvre immigrée. Plus tard, les Espagnols, les pays de l'Europe l'Est, les Nord-Africains, en particulier les Algériens, alimenteront la main-d'œuvre immigrée de France. De manière générale, la classe ouvrière française est composée à 100% d'immigrés.
On l'oublie souvent, la classe ouvrière française, par définition urbaine, avant d'être composée d'immigrés extraterritoriaux, était issue de l'émigration paysanne hexagonale, de l'expatriation forcée de la population rurale, expulsée de sa terre pour la contraindre à migrer vers les villes nouvellement industrialisées, agglomérations industrielles en quête de main-d'œuvre. Les premières générations de la classe ouvrière française étaient formées par des immigrés internes, issus des campagnes, de la paysannerie. Ces paysans campagnards durent quitter leur village pour émigrer dans les nouvelles villes manufacturières de France où ils étaient très mal accueillis, à la fois pour leurs mœurs jugées rustres et, donc, incompatibles avec les valeurs de la société «civilisée» d'accueil, et pour leur concurrence considérée comme déloyale – par leur acceptation de percevoir des rétributions modiques, ils tiraient les salaires vers le bas.
En France, l'ostracisme de l'immigré est ancien. La politique de bouc-émissairisation des étrangers remonte à l'époque de l'industrialisation et de l'urbanisation de la France.
Ainsi, la France est composée de nombreuses couches de peuplement successives qui, de brassages en fusions, ont fini par former la nation actuelle française.
Des barbares francs, fondateurs du royaume français, aux immigrés européens et nord-africains, ces «bras armés économiques», la France aura été bâtie par une multitude de populations aux origines diverses.
On n'insistera jamais assez sur l'importance de cette vérité historique : la France ne doit sa création officielle et son développement économique qu'à des populations allogènes. La France est l'œuvre des étrangers et des immigrés.


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