Sans démagogie aucune, il faut reconnaître que la décision prise par le président Tebboune est à saluer. Elle arrive en temps opportun pour rationaliser les dépenses du géant pétrolier Sonatrach. Faut-il rappeler qu'il est le deuxième président algérien après feu Boumediene à se résoudre à une pareille décision allant dans le sens de préserver l'argent public. En réalité, l'idée n'est pas nouvelle. En 2017 déjà, j'ai eu l'opportunité de suggérer, avec insistance, via les médias nationaux, l'élaboration d'un vaste plan d'épargne et de rationalisation des dépenses pour une période de 3 ans. Durant cette période, il faut geler toute augmentation salariale au sein de Sonatrach et suspendre les bonus que perçoivent les hauts responsables de ce groupe. Le plan en question prévoyait également de s'attaquer aux dépenses et plus particulièrement à celles qui sont en dehors de l'activité pétrolière en amont et aval. Ensuite, il fallait lancer un audit sur certains contrats signés avec des entreprises privées et publiques sous-traitantes avec la compagnie pétrolière Pour redorer l'image de la Sonatrach à l'étranger, il est plus que nécessaire de faire appel à un bureau d'audit financier de renommée internationale, comme Ernest & Young ou Pricewater, pour le contrôle et la certification du rapport financier annuel de l'entreprise. Un bureau d'études stratégiques pour Sonatrach Sonatrach ne devrait plus être soumise aux impératifs politiques. Le rôle du gouvernement est de percevoir sa fiscalité annuelle, suivre de très près l'évolution des résultats de cette entreprise et exiger performances et rentabilité financière. Par contre, le gouvernement devrait donner plus d'autonomie aux responsables de cette compagnie, une grande liberté pour les prises de décision et pour les initiatives individuelles de ses dirigeants. À l'image des pays á économie de marché, le P-DG de Sonatrach et son équipe dirigeante sont tenus d'améliorer les résultats de l'entreprise sur un intervalle de temps de 2 ans. Dans le cas contraire, le gouvernement se donne l'autorité de le démettre de sa fonction lui, ainsi que son équipe. De larges prérogatives au directeur financier N'est-il pas nécessaire à ce niveau de gestion et de responsabilité de créer un bureau d'études stratégiques? La mission de ce bureau sera de suivre de près l'évolution des cours du pétrole, du gaz naturel, ainsi que le cours du dollar américain. En outre, ce bureau sera tenu de remettre au dirigeant du groupe un rapport mensuel contenant analyses et prévisions. Ajouté à cela, Sonatrach devrait appliquer les stratégies de Hedging du prix de son pétrole pour se couvrir contre les chutes brutales des cours du pétrole sur les marchés internationaux. Le Mexique s'est montré réticent à l'accord survenu le 12 avril dernier, entre les pays Opep et les pays non Opep pour la simple raison que ce pays avait déjà vendu à découvert son pétrole au mois de janvier 2020 sur une moyenne de prix de 49 dollars. Le Mexique n'a pas été touché par les baisses verticales du prix du baril des mois de mars-avril. Il faut lier l'augmentation du prix de l'essence à la pompe au taux d'inflation annuel, nous ne sommes plus dans les années 1960 ou 1970! Il convient aussi de mettre l'accent sur l'impératif de créer un fonds pour encourager et faciliter le retour des cadres de Sonatrach partis travailler à l'étranger. L'expertise de ces cadres est très précieuse en ces temps où la compagnie dépense des fortunes pour des expertises d'étrangers. Un conseil d'expertise regroupant les anciens P-DG de Sonatrach et les anciens ministres de l'Energie serait par ailleurs souhaitable. Tout comme il serait très utile d'établir des liens de coopération avec une banque d'affaires de renommée mondiale. Une banque ayant un prestige et un poids sur les marchés financiers et pétroliers internationaux. Morgan Stanley, Goldman Sachs ou Deutsche Bank répondent à ce critère. Cette banque assistera Sonatrach dans ses transactions financières à l'étranger. Enfin, Il faut doter de larges prérogatives le directeur financier de Sonatrach. La première mission de ce directeur consiste à fixer des objectifs qu'il faut atteindre en matière de performance, en tenant compte, bien sûr, de la corrélation positive qui existe entre les bénéfices de Sonatrach et l'évolution des cours du Brent et du gaz. La stratégie classique consiste en une réévaluation totale des actifs de Sonatrach, une comptabilité analytique pour jauger les performances de l'entreprise, l'optimisation de la rentabilité des investissements á travers les concepts de l'analyse financière, et l'amélioration des ratios financiers de Sonatrach - à travers une rationalisation des dépenses. Pour l'année 2020 et à cause des chutes des prix du baril, en raison de la pandémie de Covid-19, un plan de réduction des investissements (Capex) s'impose. Les majors du pétrole á travers le monde ont déjà adopté cette stratégie salvatrice. Il faut avoir le courage et la détermination nécessaires pour s'attaquer au résultat hors exploitation, qui est devenu avec le temps un vrai fardeau pour les résultats de Sonatrach.
