Les Nations unies cherchent 3,6 milliards de plus pour financer leur plan de réponse humanitaire mondial à la pandémie de Covid-19 et ont mis en garde jeudi les pays développés contre «le coût de l'inaction» face au virus dans les contrées pauvres.»Il y a un risque sérieux de multiples famines en fin d'année et en début d'année prochaine. Nous devons agir maintenant pour empêcher cela», a souligné lors d'une visioconférence de presse Mark Lowcock, secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires. Outre la Somalie, le Soudan du Sud, le Yémen ou le Nigeria, déjà concernés par une sous-alimentation, il a exprimé sa préoccupation à l'égard du Soudan, du Zimbabwe et de Haïti. En plus de lutter contre l'insécurité alimentaire, accentuée par la crise économique provoquée par la pandémie, les fonds permettraient d'acheter de l'équipement médical pour tester et soigner les malades, mener des campagnes d'information et établir des ponts aériens humanitaires avec l'Afrique, l'Asie ou l'Amérique latine. «Jusqu'à présent, la réaction des pays riches (...) à la situation dans d'autres pays a été très insuffisante», a déploré Mark Lowcock. «Les problèmes énormes qu'affronte le monde peuvent être gérés avec relativement peu d'argent et beaucoup d'imagination.» Il s'agit du troisième appel aux dons de l'ONU depuis le lancement de son plan le 25 mars. Les Nations unies étaient alors en quête de 2 milliards de dollars, auxquels ont été ajoutés début mai 4,7 milliards. La nouvelle demande porte à 10,3 milliards le total voulu par l'ONU. Depuis mars, seulement 1,7 milliard a été récupéré, a indiqué Mark Lowcock. Il a évoqué des discussions au Congrès américain et à l'Union européenne et déploré que l'aide des pays du Golfe se fasse attendre. «Nous voulons voir ces pays revenir à ce qu'ils faisaient ces dernières années», a-t-il dit. Le responsable s'est inquiété du «risque d'une réduction significative de l'aide du Royaume-Uni». La Chine s'est engagée récemment à consacrer deux milliards de dollars aux pays pauvres et ce serait une bonne chose si une «partie substantielle de ces ressources pouvait soutenir directement» le plan onusien, a-t-il précisé. Selon une projection de l'ONU et de l'Université britannique d'Oxford, 121 millions de personnes supplémentaires pourraient être touchées par l'insécurité alimentaire d'ici décembre si rien n'est fait. L'inaction, aux conséquences détaillées dans un livret publié jeudi par l'ONU, pourrait aussi se traduire par davantage d'instabilité et de conflits entre 2020 et 2022 dans une douzaine de pays supplémentaires. Parmi ces Etats figurent le Liban, le Sénégal, Belize, la Zambie, le Zimbabwe, le Burundi, la Sierra Leone, la Guinée-Bissau ou le Tadjikistan, selon les Nations unies. Dans les pays pauvres, le coût humain pourrait être dévastateur si le virus n'est pas sous contrôle. Il pourrait tuer 1,67 million de personnes dans une trentaine de pays, et l'hospitalisation de 2,2 millions de malades pourrait coûter 16,28 milliards de dollars, selon les projections.