Le coronavirus continue sa progression. Jeudi dernier, il a enregistré un nouveau (triste) record avec 612 cas confirmés, 113 rien que dans la capitale! Des chiffres des plus inquiétants mais auxquels les citoyens commencent à s'habituer. Ce n'est pas le cas du personnel médical qui les scrute chaque jour, les plongeant plus dans le désespoir. Il faut dire que cela fait plus de quatre mois que ces soldats en blouse blanche «cravachent» sans pitié ni répit, perdant au passage plusieurs des leurs, pour un résultat quasi nul, cela à cause de l'inconscience de certains de leurs concitoyens, qui prennent encore à la légère cette maladie. Le professeur Djamel Eddine Nibouche avait, mardi dernier, lancé un cri d'alarme sur cette terrible situation. Dans l'émission L'Invité de la Rédaction de la Radio nationale Chaîne 3, il a fait une description «amère» de l'état physique et surtout moral de nos soldats en blanc. «Au bout de quatre mois d'activité intense, les médecins et autres personnels chargés de contenir le coronavirus se trouvent, pour un grand nombre d'entre eux, fatigués aux plans psychologique et physique», dépeint le chef de service cardiologie du CHU Nefissa Hamoud (ex-Parnet). «Quand on ne voit pas venir les résultats attendus, il y a comme un sentiment de désespoir», soutient-il afin de montrer la gravité de la situation. Le cri de détresse de cet éminent spécialiste est une réalité observée chez tout le personnel qui intervient dans cette guerre contre un ennemi invisible. Il ne peut garder le moral et surmonter la terrible fatigue, en observant leurs concitoyens faire preuve d'incivilité et d'inconscience. «Comment garder le moral lorsqu'on se bat toute la journée contre la mort et quand on sort on voit des gens vivre le plus normalement du monde?», se sont indignés plusieurs praticiens sur les réseaux sociaux. Le professeur Nibouche vient donc porter la voix de sa corporation, qui malgré cette situation des plus terribles, continue de faire son travail de la meilleure des façons. Le chef de ser-vice cardiologie du CHU Nefissa Hamoud a, cependant, proposé quelques solutions simples afin de faciliter le travail des médecins et aides-soignants. «Nous devons établir une meilleure organisation des soins aux malades infectés», a-t-il soutenu non sans insister sur le fait d'apporter une meilleure protection à ce personnel, qui a perdu beaucoup de ses hommes durant cette «guerre». Il s'est également réjoui de la protection apportée contre l'autre ennemi auquel il doit faire face, à savoir les agresseurs. Un phénomène qui existe depuis des années, mais qui a pris plus d'ampleur avec cette pandémie. Pour le professeur Nibouche, il était temps de mettre le holà à ce genre de dérapages. «Je ne peux donc que me réjouir, de la décision annoncée par le chef de l'Etat de criminaliser les actes d'agressions à l'encontre des personnels de santé des hôpitaux», a-t-il assuré non sans souligner que cette grande décision était attendue depuis très longtemps. Il faut dire que cela fait des années que les médecins et autres infirmiers font part de l'insécurité qui règne au niveau de nos établissements de santé. Le fait que ce type d'agressions soit passible de peines de prison allant de 5 à 10 années donnera à réfléchir par deux fois à ceux qui seraient tentés par de telles pratiques. Une protection qui devrait donc permettre aux médecins d'accomplir leur rôle de la meilleure des façons, en attendant la grande réforme de la santé que le président de la République veut mener. Le professeur Nibouche cible les priorités de cette réforme, en appelant à la réorganisation et à la restructuration urgente des systèmes de soins des hôpitaux. «Mais pour cela, il y a lieu de revoir le système national de santé, ‘'son trop archaïque'', en y introduisant un modèle moderne de prise en charge des patients», a-t-il conclu en ouvrant des pistes pour des hôpitaux modernes et efficaces. Ce sont là les vérités du professeur Nibouche..