Les femmes étaient à l'honneur, mercredi et jeudi, aux Assises nationales consacrées au sport et à la femme. Sur le grand écran du salon de l'hôtel Riadh, de Sidi Fredj, défilent les victoires émouvantes et inoubliables de Hassiba Boulmerka, Nouria Bénida-Merrah, Soraya Haddad, Zaza Affane...Ces femmes qui ont marqué, à tout jamais, de leur détermination et force, l'histoire du sport algérien. Pour perpétuer ce formidable héritage et l'établir comme une évidence dans les moeurs d'aujourd'hui, le Comité olympique algérien a organisé et entièrement financé, les premières assises nationales sur «la femme et le sport» mercredi et jeudi derniers, sous le haut patronage du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika et avec le parrainage du ministre de la Jeunesse et des Sports. Ce fut une occasion inédite d'affirmer la légitimité et d'encourager la pratique des activités sportives féminines. Autour de cet ambitieux débat étaient réunis les meilleurs athlètes femmes, les spécialistes issus d'associations ou de fédérations, et les représentants des pouvoirs publics. L'objectif étant d'établir des résolutions réfléchies et concertées autour d'ateliers thématisés comme «l'activité sportive dans les milieux éducatifs et de proximité», «la femme, le sport et la santé» ou encore «la femme, le sport et les médias». «L'Algérie a atteint un haut niveau sportif sur la scène internationale. Les femmes ont participé à cet essor en remportant, entre autres, 2 des 4 médailles d'or algériennes conquises lors de Jeux olympiques. Nous devons logiquement réserver une place d'élite pour ces sportives et cesser de les marginaliser», expose Denia Hadjab, vice-présidente de la commission femme et sport du Comité olympique algérien. Cette dernière parle en toute connaissance de cause puisqu'elle est la première arbitre-femme de judo du monde arabe. Un combat qu'elle avoue avoir mené de plein front en bousculant les mentalités. «Il faut impérativement sensibiliser la population, les autorités et les médias à la pratique du sport, pour tous, dès le plus jeune âge», poursuit-elle. C'est d'ailleurs, en substance, ce que prévoit la loi 04-10 du 14 août 2005 sur le sport. Le législateur a ainsi rétabli la pratique du sport obligatoire d'un minimum de deux heures dans les établissements scolaires. Ainsi, il a été vivement souligné lors de ces ateliers qu'au-delà de l'application stricte des lois, il en va aussi de la volonté individuelle de chacun de casser l'ordre établi et de cesser la prolifération des dispenses sportives, surtout celles des jeunes filles. Pour les plus récalcitrants, les traditionalistes conservateurs, un témoignage symbolique d'un représentant des Affaires religieuses a été diffusé. Il atteste bien que rien ne contredit la pratique d'activités sportives pour les femmes. Bien au contraire il en va de leur santé morale et physique. Mais, au-delà de toutes ces expressions de bon sens, force est de constater que les chiffres traduisent encore de trop fortes disparités. Ainsi, sur les 1225.000 licenciés que compte le mouvement sportif algérien, seulement 167.000 sont des femmes. Certes, la participation tend à s'accroître motivée par le succès incontestable des sportives de haut niveau. A titre d'exemple, aux derniers Jeux méditerranéens d'Almeria l'an passé, 4 médailles d'or ont été obtenues par des femmes sur les 9 remportées par la délégation algérienne.. Un autre défi de taille à relever est celui de la représentation des femmes dans les postes à responsabilité. Il existe seulement 3 directrices de la jeunesse et des sports sur les 48 postes, et une seule femme exerce la fonction de directrice technique nationale dans une fédération sportive, celle de la natation. Plus significatif encore, aucune fédération n'est présidée par une femme. Le Comité international olympique demande à cet effet, depuis 1995, un taux de représentation féminine dans les postes décisionnaires d'au moins 20% dans tous les comités nationaux olympiques. Dans cette dynamique, l'appui des hommes est un atout majeur pour favoriser cette transition. De ce fait, Monsieur Mustapha Berraf, le Président du Comité olympique algérien, fait figure d'exemple en déclarant: «J'ai l'intime conviction que ces assises vont être le tournant décisif pour les réorientations du mouvement sportif féminin. Tous ces débats vont mener à une prise de conscience collective de la société et des autorités pour aboutir au postulat que la femme est bel et bien l'égale de l'homme!». Il a, dans son discours de clôture, annoncé qu'à l'occasion de la prochaine assemblée générale de l'instance olympique, qui se tiendra le jeudi 23 mars, les statuts de celle-ci seront amendés et suivant l'une des résolutions de ces assises, il sera procédé à l'augmentation du nombre des membres féminins de cette AG. Il a invité les responsables des fédérations sportives à en faire de même. La prise de conscience, dont il parlait, ne peut être effective qu'avec l'étroite collaboration et la coopération des ministères des Sports, de l'Education, de la Santé et du Comité olympique. Les nombreuses représentantes ont, tout de même, observé que le statut de la femme sportive en Algérie est inexorablement lié à la condition de la femme algérienne en général. Ainsi, la résolution majeure de ces assises est celle de légiférer sans demi-mesure sur le statut de la femme dans tous les domaines luttant ainsi contre les moeurs discriminatoires et sexistes qui caractérisent encore trop notre société. De plus, comme l'a très joliment exprimé M.Brahimi Salah, président de la fédération «Sport pour Tous» , dans un ultime hommage aux femmes: «Si la musique adoucit les moeurs alors les femmes sont la musique de la vie...».