En ordonnant la fermeture de tous les espaces de rassemblement, à savoir les cafétérias, les restaurants, les bars et autres espaces publics pouvant favoriser la propagation du coronavirus, les walis avaient inclus les débits de boissons alcoolisées qui, pourtant, ne sont pas considérés comme des espaces de rassemblement, mais des espaces de vente à emporter au même titre qu'un commerce d'alimentation générale, d'un simple kiosque à tabacs ou encore d'une parfumerie. Depuis, ce commerce a totalement versé dans le marché noir, donnant lieu à des espaces de vente un peu partout. L'informel a tellement pris de l'ampleur que l'environnement, déjà très impacté en temps normal par des rejets de bouteilles et canettes a pris un sérieux coup. Plus encore, la santé des consommateurs qui, d'ailleurs, n'ont pas manqué de ces produits, est sérieusement menacé. Par ailleurs, le Trésor public subit des pertes colossales sachant que les produits alcoolisés sont fortement taxés. Le marché noir de boissons alcoolisées n'a jamais connu un essor aussi important que celui en règle depuis la fermeture des bars et des points de vente. Leur réouverture est plus qu'impérative, jugeaient, hier, les manifestants devant le siège de la wilaya de Béjaïa. Les commerçants de boissons alcoolisées soutenus par les consommateurs s'étaient mobilisés pour dénoncer ce qu'ils appellent « la discrimination commerciale» en s'interrogeant sur le pourquoi du maintien des ces lieux de vente, qui n'ont rien de différent des restaurants normaux et des boutiques et autres commerces de produits alimentaires si ce n'est pour encourager le commerce informel avec toutes ses conséquences sur l'environnement et la santé publique. Les commerçants frondeurs ont également soulevé la situation de détresse que subissent les milliers d'employés qui vivent de ce créneau et se retrouvent en situation de chômage forcé, alors que leurs collègues des autres secteurs ont repris le travail à la faveur du déconfinement partiel. «Tous les bars et débits de boissons alcoolisées ont été fermés depuis le début de la crise sanitaire. Nous avons obtempéré comme tous les autres commerçants pour éviter la propagation du virus mais lorsque des décisions de réouverture ont été prononcées nous avons été surpris du maintien insidieux de la fermeture de nos commerces», déplore le propriétaire d'un point de vente de boissons alcoolisées à Béjaïa «Ces fermetures favorisent l'émergence d'un marché parallèle de la vente d'alcool, la création de bars et débits de boissons clandestins très difficiles à contrôler», souligne-t-on. En maintenant encore fermés ces commerces légaux, les autorités continuent à servir sur un plateau le juteux marché des alcools aux clandestins et aux contrebandiers. Récemment, un député a donné l'alerte concernant ce fléau, qui prend de l'ampleur avec la complicité des responsables. Depuis la fermeture des bars et des points de vente, les boissons alcoolisées n'ont jamais manqué aux consommateurs, qui se les procurent sur le marché noir qui a vite pris le relais du marché officiel et approvisionne les consommateurs. Depuis l'apparition de la pandémie, un nouveau métier est apparu. Ce sont des livreurs à domicile de bière, de whisky et de vins qui se sont multipliés rapidement. «Plusieurs réseaux de livreurs et de vendeurs de boissons alcoolisées se sont investis dans ce créneau et par ricochet, une consommation sur les abords des routes, ou dans la forêt», précise-t-on. Les professionnels de la vente de boissons alcoolisées font désormais face à une prohibition qui ne dit pas son nom. Après avoir subi des pressions administratives et interdictions de servir ou de vendre de l'alcool en cas de plainte de riverains, les voilà totalement contraints à l'arrêt, alors que les produits qu'ils vendent sont écoulés sur le marché parallèle et consommés dans des endroits inadéquats, ce qui a amené de nombreux habitants et associations à s'inquiéter sur l'ampleur du phénomène et ses conséquences sur la sécurité et l'environnement.