Le leader islamiste aurait pu se taire. Tout au moins éviter de créer une polémique qui n'a pas lieu d'être. N'ignorant pas que les décisions prises par les pouvoirs publics, auxquelles ont adhéré les Algériens, pour faire face à une crise sanitaire unique dans l'histoire de l'humanité, qui s'appuient sur l'avis du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus, ont largement contribué à faire reculer la propagation de la pandémie de coronavirus. Sachant de surcroît que les mosquées ne sont pas les seules à avoir été fermées car étant des foyers potentiels de contamination. Pleines à craquer, notamment le vendredi, elles n'offrent pas les conditions nécessaires pour observer les mesures de distanciation recommandées pour éviter la propagation du Covid-19. Il en a été de même pour les écoles dont les classes sont surchargées, plus de 40 élèves en moyenne. Une situation absolument favorable à une explosion du nombre de contaminations qui a conduit le Premier ministre Abdelaziz Djerad à surseoir à leur ouverture. Une décision que le leader islamiste n'a pas commentée. Makri préfère s'en aller chasser sur ses terres. Son terrain de prédilection pour se faire l'avocat du diable, l'avocat de ce tueur en série invisible : le Covid-19. Rouvrir les mosquées le vendredi par les temps qui courent reviendrait à courir droit vers une catastrophe sanitaire alors que la situation semble maîtrisée. Au contraire de nos voisins marocains, espagnols ou français qui font face à un Covid-19 qui a redoublé de férocité. Ce qui ressemble à une seconde vague de la pandémie que les pouvoirs publics veulent absolument anticiper. «Ces derniers jours, les chiffres sont stables, mais nous devons nous mobiliser davantage et renforcer nos stocks (en équipements médicaux et en moyens destinés à la lutte contre la pandémie) pour qu'en cas de survenue d'une nouvelle vague, nous soyons prêts», a déclaré jeudi le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid. Une vigilance dont fait fi le patron du MSP. «La fermeture des mosquées n'a aucun sens d'autant plus que l'on tolère les regroupements dans les marchés, les plages, les fêtes et autres espaces publics», a affirmé Abderrazak Makri, vendredi, lors de l'ouverture des travaux du bureau de wilaya de son parti à M'sila, soulignant que l'accomplissement des prières du vendredi relèverait d'«une décision politique plus que sanitaire et scientifique». Un argument fallacieux. Il faut noter, en effet, que toutes les décisions prises par le président de la République dans le cadre de cette crise sanitaire sans précédent reposent sur les arguments du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus, constitué de personnalités irréprochables. Est-ce leurs recommandations que le leader islamiste veut remettre en cause ? A moins que pour lui, la santé des Algériens passerait au second plan alors que le président de la République a décidé de la placer au-dessus de toutes les préoccupations, économiques, notamment auxquelles fait face le pays. Le président du Mouvement de la société pour la paix aurait pu s'exprimer sur les choix économiques du pays, les défis qui l'attendent. Celui de la dépendance aux exportations des hydrocarbures, à titre d'exemple. Motus et bouche cousue à ce sujet. Paradoxal pour un leader de parti politique qui a fait de l'exercice du pouvoir son objectif. C'est pourtant sur ces priorités, dont dépend l'avenir du pays, que les Algériens l'attendent et non pas sur l'accomplissement de la prière du vendredi dans les mosquées, dont ils retrouveront le chemin tôt ou tard. Une question de temps tout simplement…