Le projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre les bandes de quartiers visait à mettre en place un cadre législatif de prévention contre ce phénomène qui a créé un climat d'insécurité dans les cités. En présentant ce projet de loi, le ministre de la justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, a précisé que «l'élimination de ce phénomène exige la mise en place d'un cadre juridique spécifique de prévention contre les bandes de quartiers qui ont créé un climat de terreur et d'insécurité chez les citoyens, du fait de la violence et des agressions à l'arme blanche par des bandes criminelles constituées dans les cités». «Cette nouvelle forme de criminalité», a connu un pullulement, particulièrement dans les grandes villes, la législation nationale en vigueur ne couvrant pas toutes les formes de cette criminalité», a-t-il expliqué, soulignant que «le texte dudit projet propose «l'application de peines à l'encontre des éléments de ces bandes allant de 2 à 20 ans, pouvant même atteindre la perpétuité en cas de décès». La loi est explicite. Elle considère comme «bande de quartiers, tout groupe, sous quelque dénomination que ce soit, composé de deux personnes ou plus, appartenant à un ou à plusieurs quartiers d'habitation, qui commet un acte ou plus dans le but de créer un climat d'insécurité, à l'intérieur des quartiers, dans tout autre espace, ou dans le but d'en assurer le contrôle, en usant de violences morales ou physiques, exercées à l'égard des tiers, en mettant en danger leur vie, leurs libertés ou leur sécurité, en portant atteinte à leurs biens, avec port ou utilisation d'armes blanches apparentes ou cachées, en plus de la violence, toute agression verbale susceptible de causer la crainte ou la terreur chez autrui, telles que la menace, l'injure, la diffamation, la terreur ou la privation d'un droit». Le cinquième chapitre comportant les dispositions pénales stipule qu' «il est passible d'une peine d'emprisonnement de 3 ans à 10 ans et d'une amende de 300 000 DA à 1 000 000 DA, quiconque crée ou organise une bande de quartier, s'enrôle ou participe sous quelque forme que ce soit dans une bande de quartier, tout en connaissant son objectif, recrute une ou plusieurs personnes pour le compte d'une bande de quartier». Le texte prévoit la peine de la réclusion criminelle à la perpétuité si la rixe, la rébellion ou la réunion a entraîné la mort d'une personne autre que les membres de la bande, en plus de lourdes amendes. À cela s'ajoute la protection des victimes des bandes de quartiers à travers une prise en charge sanitaire, psychologique et sociale garantissant leur sécurité, leur intégrité physique et psychologique et leur dignité, et la facilitation de leur recours à la justice. Le constat est d'autant plus amer que celui-ci mérite un retour ne serait-ce qu'approximatif à défaut d'une rétrospective sociologique, celle-ci devant aborder la question depuis ses origines ou encore à partir de sa racine. La guerre des gangs a, à l'instar du pays, amplement gagné du terrain dans l'ensemble des quartiers, zones urbaines, semi-urbaines et douars de la wilaya d'Oran. Souvenons-nous de la sempiternelle guerre des «1001 années» qui a opposé le gang de «Mitouta» et «de Messaoud» dans les très exigües rues du quartier populaire de Derb, en plein coeur de la ville d'Oran. Les habitants passaient des nuits agitées d'autant plus agitées, qu'ils ne savaient plus à quel saint se vouer, hormis de se résigner à leur triste sort, en s'enfermant dans leurs domiciles, tout en observant la politique de l'omerta, celle-ci repose sur «je n'ai rien vu, et rien entendu». Idem pour les deux bandes rivales de sidi El Bachir à l'est de la ville d'Oran. La première est baptisée au nom de «Château» tandis que la seconde porte le nom des «Sanafirs». Ces deux gangs ont, dans l'une de leurs belligérances, imposé un couvre-feu dans tout le quartier, ayant même interdit de circulation le transport urbain et «interdit» aux écoliers de se rendre à l'école, si ce n'était-ce les éléments de la Gendarmerie nationale qui se sont dépêchés aussitôt alertés et «libéré et délivré» les habitants des griffes de ces criminels dont la majeure partie a été par la suite arrêtée. Les scènes d'une rare violence sont à plus d'un titre orchestrées dans les géants bidonvilles d'El Hassi, Rocher et Douar Tiartia. Ces deux quartiers, situés dans le sud de la ville d'Oran, ont poussé durant la décennie noire lorsque des familles entières fuyaient les zones de choc. Cette criminalité n'a pas épargné également les villes côtières comme Aïn El Türck. Cette ville a, durant ces dernières années, perdu de ses couleurs chatoyantes et le refuge de paix qu'elle accordait, cédant à la violence à telle enseigne que les policiers, les gendarmes et les magistrats, les médecins urgentistes et infirmiers ne chômaient plus. Les premiers traitaient annuellement des dizaines d'affaires, toutes liées à la violence, coups et blessures volontaires, constitution de bandes de malfaiteurs tandis que les blouses blanches sont malmenées dans l'accomplissement de leur devoir en faisant l'objet des menaces proférées par ces gangs, ces derniers évacuant «leurs blessés». En réalité, ces bandes se disputent la notoriété des lieux, chacune de ces dernières prend en compte l'esprit de sa «suprématie contre la bande rivale». Ces violences, en plus de graves blessures qu'elles engendrent parmi les rangs des gangs lors de leurs batailles, finissent dans plusieurs cas par des meurtres. «Si jeunesse savait!» a lâché amèrement un ancien membre du gang de Cavaignac, celui-ci ne se disculpant pas ni ne justifiant pas les actes de sa jeunesse. Il dira que «dans notre temps, nous effarouchions, sans lui faire du mal, notre proie à l'aide d'un petit couteau aprés l'avoir apostrophée pour la relâcher après lui avoir vidé ses poches».