Le nouveau président de la Transition au Mali, Bah Ndaw, a fait jeudi sa première apparition publique depuis sa nomination, lors d'une rencontre avec le médiateur de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), rapportent des médias locaux. La rencontre avec Goodluck Jonathan en présence des membres de la délégation de ce dernier, du président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), le colonel Assimi Goïta, intervient la veille de la prestation de serment de M. Ndaw. Cette investiture est censée marquer le début d'une période de transition préparant des élections générales et le retour des civils à la tête du pays. La Cédéao, qui a imposé des sanctions au Mali deux jours après le changement inconstitutionnel mené le 18 août par des militaires mutins, ayant conduit à la démission forcée de l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), ne s'est pas encore exprimée publiquement sur le choix de Bah Ndaw. Le CNSP, comité mis en place par les militaires mutins, a désigné, outre le président de la transition, un vice-président, le colonel Goïta. La Cédéao a suspendu le Mali de ses organes de décision, fermé les frontières de ses Etats membres, et stoppé les échanges financiers et commerciaux avec le Mali, à l'exception des produits de première nécessité, des médicaments, des équipements de lutte contre le coronavirus, des produits pétroliers et de l'électricité. Cet embargo est une vive préoccupation dans ce pays pauvre et enclavé. La Cédéao a accepté une période de transition devant permettre le retour des civils au pouvoir dans un délai qui devrait être de 18 mois. Mais elle a posé comme conditions à la levée des sanctions, la nomination rapide d'un président et d'un Premier ministre de transition qui devront être des civils. M. Ndaw, 70 ans, ex-ministre de la Défense d'IBK, a prêté serment hier. C'est à lui qu'il appartient de nommer un Premier ministre, dont le nom n'est pas encore connu, en vertu d'une charte retenue par la junte pour organiser la transition. Le médiateur de la Cédéao, l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, a dit mercredi que l'organisation pourrait se prononcer dès vendredi. Sa présence annoncée à l'investiture de M. Ndaw est perçue comme un signe favorable. L'embargo décrété par les Etats de l'Afrique de l'Ouest sur le Mali commence à peser sur les finances publiques et les populations confrontées au risque de pénurie diverses, alors que l'organisation sous-régionale ne s'est pas encore prononcée sur une éventuelle levée des sanctions en vigueur depuis cinq semaines. Au lendemain de la démission forcée d'Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août dernier, la Communauté économique des états de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a suspendu le Mali de ses organes de décision, fermé les frontières de ses Etats mem-bres, et stoppé les échanges financiers et commerciaux avec le Mali. Mardi, le colonel Assimi Goïta, a enjoint l'organisation intergouvernementale de reconsidérer ces mesures. Le profil du Premier ministre, quant à lui, ne devait pas être connu avant hier soir, car il doit être nommé par le nouveau président en vertu de la charte de la Transition. C'est ce jour-là que la Cédéao pourrait se prononcer quant à une possible levée des sanctions. Pour l'heure la direction nationale en charge du commerce et de la consommation rassure sur le niveau des réserves. Neanmoins, il est «impossible de dire combien de temps les banques tiendront «, commente Hamadoun Bah, le secrétaire général du Synabef, syndicat regroupant banques et assurances. Ce syndicaliste exprime une inquiétude: celle de voir les banques manquer de liquidités. L'embargo arrive au mauvais moment pour le Mali. La croissance de son Produit intérieur brut (PIB) est passée régressivement de plus de 6% à un peu moins de 5% (2019). Ce taux est, selon le dernier rapport des services du Fonds monétaire international (FMI), estimé à 0,9% cette année, contre une projection initiale de 5%. Cette chute drastique est consécutive aux effets de la crise sanitaire. S'il faudrait y ajouter les effets néfastes de l'embargo, l'économie malienne tomberait en récession. Comme ce fut le cas après le coup d'état de 2012. Après la fermeture des guichets de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) au lendemain des évènements du 18 août, les banques maliennes n'avaient plus accès aux ressources déposées auprès de la BCEAO. Pour parer à cette éventualité, la BNDA, Banque nationale de développement agricole du Mali, avait pris certaines mesures comme le plafonnement des retraits par type de clientèle et l'arrêt d'octroi de nouveau crédit.