Etrange avatar de la politque! Il y a quelques années, c'est l'Algérie qui quêtait ces extraditions. Après la délégation algérienne qui s'est rendue en Grande-Bretagne, ce sont les Britanniques them self (eux-mêmes) qui sont à Alger depuis hier, pour «quêter» l'extradition d'islamistes algériens jugés dangereux pour la sécurité du royaume. La délégation examinera, avec des responsables algériens, la conclusion de quatre accords en phase de finalisation. Les accords portent sur l'extradition, la coopération judiciaire aux plans pénal, civil et commercial ainsi que sur la circulation des personnes. Ce septième round de négociations sur le dossier des extraditions, intervient après celui, tenu à la mi-février à Alger, à la veille de la visite du ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw. Pressée d'en finir avec ses islamistes soudainement indésirables au royaume, la délégation britannique a été reçue au ministère de la Justice et a rencontré, en fin d'après-midi, Farouk Ksentini, président de la Cncpdh. Elle tente d'arracher un accord d'Alger. Dix-sept Algériens suspectés de terrorisme sont actuellement en détention, sans jugement ou sous contrôle judiciaire en Grande-Bretagne, dans l'attente d'expulsion. Alger a rejeté les conditions imposées par Londres et refusé de signer l'accord d'extradition. Surtout que ces dix-sept Algériens ne sont pas recherchés en Algérie. Depuis l'année passée, les Britanniques n'ont pas cessé de lancer des signaux pour Alger afin «qu'elle cède au plus vite, dans cette problématique». En février dernier, le gouvernement britannique aurait reconsidéré le risque Algérie en assurant qu'il n'y a «plus de recommandations» à ses ressortissants qui veulent se rendre en Algérie. «Il n'y a plus de recommandations contre le voyage au sud-est de l'Algérie, alors que la recommandation de ne pas voyager par route au nord de l'Algérie, a été supprimée», a rapporté une dépêche de l'APS. Vérification faite, aucune nouveauté n'a été rapportée sur le site du Foreign Office où sont habituellement publiés les «Travel Advice». Sur un autre plan, l'Algérie a toujours souhaité un traitement global et définitif à l'épineux dossier des extraditions. Les magistrats algériens ont d'ailleurs proposé que le sujet soit traité par les instances de la Ligue arabe. Or, comme à leur habitude, les Arabes sont encore une fois partis en rangs dispersés. Les Libyens et les Jordaniens ont agi seuls en signant individuellement sur une question qui concerne l'ensemble des pays arabes. Uniquement pour l'Algérie, environ 300 islamistes sont détenus dans des prisons à l'étranger, particulièrement en Grande-Bretagne, en Espagne, en France, en Italie, et en Allemagne, mais aussi à la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba. L'autre atout en faveur de l'Algérie concerne, surtout, le profil des personnes dont veut absolument se débarrasser Londres. A l'image de Anouar Haddam, qui aurait choisi de collaborer avec la CIA, il semble que l'Algérie ne serait pas très intéressée par les radicalistes algériens du «Londonistan» qui ont fait le choix de confier leurs secrets au Scotland Yard. Etrange avatar de l'histoire! Il y a quelques années seulement, l'idée d'extradition était bannie du dictionnaire anglais. Les appels de détresse et les efforts diplomatiques d'Alger restaient sans effet et sans écho. Kamredine Kharbane, Boudjema Bounoua, Abou Doha et autres Djaffer El-Houari, tous des chefs islamistes qui constituaient les bases arrières des groupes terroristes en Algérie, n'ont jamais été inquiétés. Trafalgar Square et la célèbre mosquée de Finnsburry étaient des hauts lieux de la propagande islamiste et des tribunes de prédilection pour des prédicateurs extrémistes. Cela se passait sous le nez et à la barbe de Scotland Yard. Avec la légendaire froideur britannique, Londres brandissait invariablement «la liberté» d'expression pour ces réfugiés politiques». Rattrapée par l'histoire, c'est Londres qui presse aujourd'hui Alger. L'histoire tourne partout, même à Alger.