Décidément, parti unique il était, parti unique il le restera. Décrié par ses adversaires qui réclament son placement au musée, notamment après la démission de Abdelaziz Bouteflika, qui était officiellement président du FLN, lorsque les appels à classer le sigle du parti au patrimoine national commun et à interdire son exploitation partisane se sont multipliés; honni par une majorité de la population, contesté dans son existence même; notamment depuis le 22 février, début du mouvement de contestation populaire du Hirak, le Front de Libération nationale, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, reprend toujours du poil de la bête. Pour preuve, les salles combles à chaque meeting qu'il anime à l'occasion de la campagne référendaire sur le projet d'amendement constitutionnel, aussi bien à Oran, Skikda, Constantine qu'à Annaba. En cinq jours de campagne, le Parti du Front de Libération nationale a donné le «ton». Il semble même être «en avance» sur tout le monde. Menant sa campagne électorale avec le plus grand sérieux et discipline, a contrario d'autres partis qui semblent mener des activités intermittentes où seules les photos de leurs dirigeants ornent les murs des salles presque vides, implorant les citoyens de voter «Oui» pour le projet de l'amendement de la Constitution, le FLN met les bouchées doubles. La campagne référendaire menée par le FLN a pris une autre dimension axée sur l'innovation. Le «Grand retour» du FLN a été enclenché, le 5 octobre (sic) à partir de la wilaya d'Oran lors du meeting animé par Abou El Fadl Baâdji, secrétaire général du parti. Ce jour-là, malgré les scandales l'ayant entaché suite aux jugements de ses anciens secrétaires généraux et anciens députés, l'ancien parti unique a réussi à rassembler 2500 militants. Réagissant pour la première fois aux slogans du Mouvement populaire (Hirak) appelant à la dissolution du parti, le secrétaire général du parti est même passé à l'offensive pour répondre aux détracteurs du parti. «Ceux qui ont scandé ‘'FLN dégage!'', ne sont ni les Hirakistes ni le peuple», a-t-il lancé à l'assistance. «Il s'agit de partis politiques et de forces idéologiques (...) ils veulent exclure le FLN de le scène politique», a souligné Abou El Fadl Baâdji qui n'a pas hésité à défier ces «forces idéologiques». Ce succès a été un prélude à une tournée à l'Est du pays pour sonner le rappel des troupes. Un rappel des troupes, entamé à partir de la ville de Koléa dans la wilaya de Tipasa. De Chelghoum El-Aïd dans la wilaya de Mila, Abou El Fadl Baâdji s'est rendu à Constantine puis à Skikda avant de rencontrer les militants du parti à Annaba. Emporté par son succès et reprenant son envol, le FLN s'est mis à fredonner en dehors de la mêlée de la classe politique épuisée et en détresse, qui semble loin derrière le train des réformes lancées par le président Abdelmajid Tebboune, pour redorer leur blason auprès d'un peuple invité à faire entendre sa voix, librement et souverainement, pour exprimer sa conviction concernant les amendements constitutionnels et convaincu d'être seul maître de son destin. D'autant que les dindes n'apprécient guère les fêtes de Noël. Exploitant cet engouement populaire, le Front de Libération nationale a mis à profit l'opportunité de la campagne électorale, qui semble être «descendue du ciel», pour se réconcilier, d'une part, avec lui-même et ses militants et, d'autre part, avec le peuple auquel il propose un discours plus clair et plus persuasif basé sur le rejet des politiques antérieures et condamnant l'infiltration de l'«argent sale» dans les rouages du parti et de ne plus être un tremplin pour les affairistes. Des dérives que l'actuelle classe dirigeante du FLN s'est engagée à combattre. La morale, qui est une rhétorique qu' Abou El Fadl Baâdji améliore et interagit avec les dirigeants intègres du parti au niveau national qui se sont retrouvés marginalisés après que le sort du parti s'est retrouvé, ces dernières années, entre les mains des forces anticonstitutionnelles. Les prochaines sorties, notamment à Mascara, Chlef, Boumerdès, Tlemcen, Mostaganem, Sétif et Alger, entres autres, seront, à coup sûr, une autre opportunité pour le parti de reconquérir le terrain à l'occasion de la campagne référendaire. D'ores et déjà, on peut affirmer que les résultats sont en deçà des espérances des dirigeants du parti qui a retrouvé sa verve. Certes, la campagne référendaire est une étape cruciale pour le peuple algérien, mais elle l'est davantage pour le FLN sous la conduite de Abou El Fadl Baâdji dont le discours est basé sur l'éthique ayant déjoué les pronostics des opposants au parti dont l'espoir d'enterrer le parti n'aura duré que le temps d'une illusion. Sans attitrer l'attention, à même d'éviter les attaques et la confrontation avec le peuple, le parti a retrouvé sa vitalité, rétabli ses relations avec le peuple et retrouvé sa place de première force politique du pays. En adoptant une nouvelle rhétorique politique, le FLN veut prouver qu'il est toujours une figure charnière de la scène politique nationale, notamment avec la poursuite du processus de réformes internes initiées. Ne dit-on pas qu'au fin fond du pays, dans les villages les plus reculés du grand Sahara, on peut ne pas trouver de bureau de poste ou de mairie, mais on trouvera toujours une école, de l'électricité... et une annexe locale du Front de Libération nationale.