Les conséquences du changement climatique sont durement ressenties en Afrique, a alerté l'Agence des Nations Unies dans un rapport. Selon les conclusions du rapport multi-agences coordonné par l'Organisation météorologique mondiale (OMM), publié lundi, la hausse des températures et l'élévation du niveau des mers ainsi que la multiplication des phénomènes météo extrêmes «menacent la santé et le développement socio-économique» de l'Afrique. Pour le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas, cité dans le rapport, le changement climatique a un impact croissant sur le continent africain, frappant plus durement les plus vulnérables et «contribuant à l'insécurité alimentaire, au déplacement des populations et à la pression sur les ressources en eau». Le document, qui donne un aperçu des tendances climatiques actuelles et futures ainsi que l'impact économique de secteurs sensibles comme l'agriculture, note que l'année 2019 a été l'une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées sur le continent. Ce réchauffement est comparable à celui de la plupart des autres continents, et donc un peu plus rapidement que la température moyenne à la surface du globe. Une grande partie de l'Afrique s'est déjà réchauffée de plus de 1 C depuis 1901, avec une augmentation des vagues de chaleur et des journées chaudes. De vastes régions d'Afrique connaîtront un réchauffement supérieur à 2 C par rapport aux niveaux préindustriels d'ici les deux dernières décennies de ce siècle, selon les scénarios du cinquième rapport d'évaluation du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC). S'agissant de l'élévation du niveau de la mer et de l'érosion côtière, il existe une grande variabilité régionale sur le continent. Par exemple, l'augmentation du niveau de la mer a atteint 5 mm/an dans plusieurs zones océaniques entourant le continent. Il a même dépassé 5 mm par an dans le sud-ouest de l'océan Indien, de Madagascar vers l'est, en direction de l'île Maurice et au-delà. C'est plus que l'élévation moyenne du niveau de la mer au niveau mondial de 3 à 4 mm par an. De plus, la dégradation et l'érosion des côtes constituent également un défi majeur, en particulier en Afrique de l'Ouest. Plus de la moitié des côtes du Bénin, de la Côte d'Ivoire, du Sénégal et du Togo sont en train de s'éroder et «cette situation devrait s'aggraver à l'avenir «. Ces changements se sont également traduits par des événements extrêmes en Afrique. C'est le cas du cyclone tropical Idai, qui a été l'un des cyclones tropicaux les plus destructeurs jamais enregistrés dans l'hémisphère sud, faisant des centaines de victimes et des centaines de milliers de déplacés. En revanche, la Corne de l'Afrique est passée de conditions très sèches en 2018 et pendant la majeure partie de 2019 à des inondations et des glissements de terrain associés à de fortes précipitations fin 2019. Les inondations ont également touché le Sahel et les régions environnantes de mai à octobre 2019. Pour M. Petteri Taalas, ces derniers mois, «nous avons été témoins d'inondations dévastatrices, d'une invasion de criquets pèlerins et nous sommes maintenant confrontés au spectre imminent de la sécheresse. Le bilan humain et économique «a été aggravé par la pandémie de Covid-19», a ajouté le secrétaire général de l'OMM.