Je suis convaincu que l'ultime embellie n'attend plus que le 1er Novembre prochain pour irradier les urnes et mettre fin à l'amateurisme qui a caractérisé la gouvernance en Algérie depuis 1962. Une façon de gouverner qui a marqué les annales depuis Ben Bella qui, après avoir fait adopter sa Constitution personnelle au détriment de celle de l'Assemblée constituante élue à cet effet en 1963, s'est imposé aux Algériens avec la bénédiction du raïs égyptien Nasser au nom du panarabisme dont l'Arabie saoudite ne voulait pas entendre parler. Une Constitution que Ben Bella gela peu après sa promulgation. Après le coup d'Etat du 19 juin 1965 et pendant près d'une quinzaine d'années consécutives au pouvoir, Boumediene n'a même pas cherché à élaborer une nouvelle supra-loi pour essayer de dissiper la fronde qui continuait à le désigner comme «dictateur» dans les cafés et la rue, partout en Algérie... Une tare qui lui collait à la peau depuis le congrès de Tripoli en Libye de 1962 quand il dut choisir comme comparse Ahmed Ben Bella pour inaugurer la pratique du pouvoir à partir de 1963. Conclusion? Le peuple algérien qui n'a jamais entendu parler ni pratiqué au pied de la lettre les termes d'une quelconque Constitution depuis 2000 ans et qui n'en possédait pas la culture, ne pouvait dès le 12 décembre 2019, prétendre se sentir à l'aise dans un contexte qui n'avait connu jusque-là qu'autoritarisme, népotisme et courte-paille pour délester le peuple algérien de ses deniers par des mafias protégées par le fait du prince. Churchill n'y avait jamais cru Dans un tel contexte, beaucoup de gens ont finalement compris que la démocratie n'est pas un emplâtre qu'on remplace une fois hors d'usage. Pas non plus une démarche occasionnelle, mais une pratique de longue haleine qui ne réussit que dans les pays où les inégalités sociales résolues, seul le droit régule devoirs et droits des citoyens. Churchill qui n'y avait jamais cru de son vivant, à cause de son aliénation à la monarchie et au sionisme, avait toutefois laissé à la postérité une phrase par laquelle il avait déclaré que, parmi les différents régimes politiques existants de par le monde, la «démocratie était le moindre mal». Nous, on veut bien! Mais à condition de la pratiquer sans discontinuer durant des décennies, voire des siècles en attendant patiemment de commencer à jouir de ses premiers effets. Voire de ses bienfaits! Un exemple parmi beaucoup d'autres. La France pratique la démocratie depuis le 4 septembre 1870, date de naissance de la IIIe République française. Pour autant aujourd'hui, le peuple français en est-il satisfait? Sans doute pas autant que l'aurait souhaité Gambetta qui avait porté la IIIe République sur ses fonts baptismaux. L'Algérie peut-elle se lancer dans la démocratie sans avoir réalisé sa mue, sa métamorphose économique et sociale et sans avoir atteint une croissance à deux chiffres et régler les lourds problèmes sociaux qu'elle a hérités de la colonisation? Même le moins averti des observateurs en douterait et il aurait raison. Car ne sauraient prétendre réussir la démocratie que les pays qui se sont affranchis depuis longtemps du sous-développement en promouvant les conditions nécessaires pour améliorer ad-vitam aeternam la vie de leurs concitoyens. Une condition sine qua non, pour user d'une expression en vogue depuis longtemps Une équation incontournable que les Algériens n'ont pu atteindre en moins de soixante ans d'existence en tant que nation affranchie de toute influence néocolonialiste certes, mais dont la renaissance souveraine a été dévoyée après l'indépendance par le pillage de ses richesses par au moins deux générations de prédateurs autochtones. La Seconde Guerre Aujourd'hui, pas un jour ne passe sans que les tribunaux d'Alger ou d'ailleurs en Algérie, ne clouent au pilori des dirigeants naguère eux et leurs acolytes sous les feux de la rampe. Un exercice qui dure depuis plus d'un an, mais qui n'a pas encore révélé l'ampleur des dégâts causés à leurs pays les nouveaux gougnafiers. Pour autant, c'est sur ce type d'indices qu'on s'aperçoit que l'Algérie est en train de changer. Si le pouvoir en place a montré qu'il n'était pas partisan du paternalisme en vogue chez les gouvernements précédents, c'est que du passé récent et lointain, il a tiré l'enseignement, aussi précieux qu'indispensable, pour éviter de retomber dans les mêmes travers. Désormais, les opérateurs publics et privés peuvent investir de concert dans tout projet économique. Mais ce ne n'est pas tout dans la mesure où le chef de l'Etat élu le 12 décembre dernier, Abdelmadjid Tebboune en l'occurrence, n'a pas hésité à défier les recettes politiques traditionnelles notamment celles résultant de l'ancien conflit Est-Ouest. La manie qu'avaient les présidents précédents de privilégier l'ancien clivage hérité de la Seconde Guerre mondiale serait, semble-t-il, sur le point de disparaître. Enfin, le 18 octobre 2020 les Algérois ont pu admirer un navire de guerre américain au port d'Alger, l'USS-Roosevelt, en visite de courtoisie. Ce n'est certes pas la première visite du genre à Alger d'un destroyer américain, mais il reste tellement à faire. Dans la même foulée, des hommes politiques américains n'ont pas hésité à emprunter le nouveau chemin de Damas qu'est devenue pour Washington, l'Algérie. D'autres initiatives suivront certainement... Contrairement à ses prédécesseurs, il donne en effet, l'impression de se montrer indifférent aux expériences inabouties du passé en matière pour puiser les éléments de sa démarche dans des registres jamais abordés auparavant.. Par exemple, au lieu de s'entêter à vouloir produire du «miracle» là où ne subsistent potentiellement que frustrations et déconvenues, il s'est efforcé d'imaginer un nouveau paradigme en matière de gouvernance. Ainsi, contrairement à ses prédécesseurs qui n'accordaient d'importance qu'aux sites d'Hassi-Messaoud et Hassi-R'mel et d'autres champs pétroliers situés à proximité, sa réflexion est allée au-delà du «limes» artificiel que la découverte du pétrole a façonné après l'allumage des premiers candélabres1 industriels dans la région. Liée au flux financier provenant du pétrole depuis février 1971, le taux de croissance économique algérien fluctuait en fonction de l'humeur que Washington imposait au marché mondial en interdisant aux pays exportateurs de l'Opep de libeller leurs factures à l'exportation en monnaie autre que le dollar. D'où le terme pétrodollars.. Et en effet, boosté par le pétrole, le billet vert restait une monnaie forte qui, en plus de son pouvoir d'achat, régulait à sa façon la plupart des échanges internationaux, à l'exclusion toute relative du clearing qui régulait les échanges entre le bloc socialiste et les pays du Tiers-Monde avant 1959. Aujourd'hui, le pétrole brut est en perte de vitesse, mais pour l'Algérie le déclin de ce produit n'a pas commencé au mois de décembre 2019, mais bien avant. Des années avant... Et c'est ce qui nous ramène au coeur du nouveau paradigme en cours d'expérimentation en nous demandant pourquoi les précédents gouvernements n'avaient pas essayé d'amortir le choc né de la stagnation de l'économie algérienne qui s'en est suivie et qui perdure encore aujourd'hui? A quoi a rimé ce blocage? Le rétrécissement des recettes pétrolières fut, en revanche, accusé comme un stimulant par les maraudeurs qui rôdaient autour des torchères de Hassi-Messaoud en attendant leur tour d'intervenir pour approfondir le malaise touchant leur pays.. Puis tout s'est écroulé: le pouvoir d'achat, les investissements, les taux de croissance des entreprises et surtout l'absence de projets susceptibles de relancer la croissance. S'ensuivit une diminution drastique des recettes des hydrocarbures à cause d'un baril profondément affecté par l'abaissement des cours. Entre-temps, une cinquième colonne naquit durant les années 1970, période qui avait vu se développer plus de gesticulations et d'effets de manches que les années précédentes et qui fut remise au goût du jour avec l'arrivée de Bouteflika au pouvoir, lui qui vivait dans un «exil doré» chez Zeïd Ben Soltane en Nahyane autrement dit dans les mêmes Emirats qui viennent de «normaliser» leurs relations avec Tel-Aviv. C'est si simple! Revenons à la nouvelle vision de l'Algérie telle qu'énoncée par Abdelmadjid Tebboune depuis son élection. À ce propos est-il possible qu'en Algérie, pays prodigieusement ensoleillé par la nature, des zones d'ombre puissent exister en faisant pratiquement tous les jours la «Une» des médiats? Ce néologisme a produit un profond impact dans l'opinion algérienne depuis quelques mois. Comment expliquer son émergence? C'est très simple! Il suffit de se rappeler la leçon des vases communicants qu'on nous enseignait à l'école primaire, pour se rendre compte que si ces zones n'ont pas profité du soleil durant ces vingt dernières années, c'est parce que l'argent qui leur était destiné pour se développer, avait été sciemment aspiré par la mafia qui, fort heureusement et depuis maintenant des mois est en train de rendre gorge devant les tribunaux. Comme quoi il y a une justice immanente. Mais dans la foulée l'éclairage de la problématiques des «zones d'ombre» ne constitue en réalité qu'un avant-goût des dispositions qui seront prises pour relancer l'économie du pays... Car il reste beaucoup à entreprendre pour replacer l'Algérie dans le vrai contexte africain. Et c'est là qu'on s'aperçoit que depuis 1962, la vision territoriale des dirigeants algériens sur leur propre pays s'est toujours limitée aux puits de pétrole du Sud sans chercher à savoir s'il y avait une «vie» au-delà des frontières terrestres avec le Mali, le Niger et d'une manière ponctuelle avec le Tchad. Or, avec ces pays des accords portant sur «l'amitié et le bon voisinage» ont été signés il y a des années. Nos gouvernants les auraient-ils mis sous le boisseau entre- temps? Bref, sans remettre en cause le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), la nouvelle démarche de Tebboune consiste à optimiser les relations de l'Algérie avec ses voisins du Sud, la seule démarche qui permettrait de donner une dimension inédite à la profondeur continentale de l'Algérie. Une option qu'elle n'a jamais réussi à mettre en oeuvre en dépit des discours souvent ennuyeusement dithyrambiques sur le bon voisinage avec l'Afrique éternelle. Cette fois-ci en revanche, il semble que tout discours prononcé au plus haut niveau sera suivi d'application. Mais comment redonner vie a notre appartenance africaine au-delà de la diplomatie et des intentions de circonstance? C'est une question qui, en dehors du Mouggar de Tindouf et les souvenirs qu'il nous en a laissés, devrait pousser les Algériens à occuper nombreux l'intégralité de leur territoire national. L'Algérie n'est-elle pas «une et indivisible»? S'agissant d'une intention avérée il reste à la présence humaine des Algériens sur le vaste territoire algérien d'être plus en dense sans tenir le moindre compte du concept, dépassé dans ce cas d'espèce, de la planification des naissances. Le colossal gisement Tamanrasset devenant pour le coup la plaque tournante de la multiplication des échanges, notre coopération avec nos voisins méridionaux, devraient décupler dans les mois à venir. Des mesures d'urgence ont certes, été déjà prises, mais elles semblent déjà insuffisantes pour compenser le retard que les Algériens ont accumulé avant de se réveiller à leur Sud et comprendre que c'est une dimension du pays qui a été laissée en friche pour on ne sait quel motif et sans que le citoyen du Nord ne comprenne pourquoi. Car, s'enorgueillir de posséder un territoire aussi vaste est déjà un stimulant en soi. Mais le laisser quasiment à l'abandon depuis des décennies est en tout état de cause impardonnable. Qu'on se souvienne de l'attaque terroriste de la raffinerie d'In Aménas le 16 janvier 2013. Elle aurait été difficile à concevoir si le vaste territoire d'In Amenas avait été plus peuplé. Ceci expliquant peut-être cela, c'est ce que la feuille de route de Tebboune semble indiquer pour redonner vie à l'immensité de nos territoires du Sud. D'autres initiatives interviendront sûrement dans les mois et les années qui viennent. L'exploitation rationnelle de la nappe albienne qui, depuis cinquante ans a été régie comme un tabou. Mais pas seulement dans la mesure où l'oubli chronique que les précédents pouvoirs avaient imposé au colossal gisement de fer de Gara-Djebilet avait récemment été levé. Désormais, les matières premières recensées dans le sous-sol algérien se substitueront de fait aux hydrocarbures dont la consommation se réduit à vue d'oeil par les temps qui courent. Toutes ces intentions nous autorisent à croire qu'après «l'oubli» des cinquante dernières années, le 1er Novembre 2020 sera marqué autant par le symbolisme propre aux grandes dates de l'histoire de l'Algérie, mais marquera aussi le réveil définitif de cette immense région. Ce qui aura une répercussion extraordinaire sur l'opinion dont l'effet induit aura pour conséquence de faire prendre conscience à l'Algérien comme s'il s'agissait du parachèvement d'une 'indépendance à qui il manquait une partie du territoire pour être complète. La nouvelle mouture de la Constitution agréée par référendum le 1er novembre prochain, on pourra alors dire que nous entrons désormais dans une nouvelle dimension..