Le 66ème anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954 a été bien particulier cette année. Sa célébration s'est faite sous les auspices du changement souhaité à travers le référendum organisé en cette journée symbole. Hier donc, les Algériens, appelés à se prononcer sur le projet d'amendement de la Constitution, ont effectué leur devoir électoral dans une ambiance calme, empreinte de sérénité. Ils étaient déjà plus de 3 millions de citoyens sur un total de plus de 24 millions d'électeurs qui ont choisi de glisser leurs bulletins dans l'urne dès la matinée. À 19h et après la clôture des 6 1000 bureaux de vote, une première estimation du taux de participation, donné par Mohamed Charfi, président de l'Anie, est de 25%. Ce chiffre sera révisé une fois le décompte final effectué. Hormis quelques centres dans certaines wilayas du pays qui ont connu des incidents mineurs, comme Tizi Ouzou, Béjaïa ou encore Bouira, l'opération de vote s'est déroulée dans de bonnes conditions et dans le respect total du protocole sanitaire. En fait, le boycott enregistré en Kabylie ne constitue nullement une surprise, la région étant connue pour son faible taux de participation dans les précédents scrutins. Pour le reste du pays, que ce soit à l'Est, à l'Ouest ou au Sud, l'opération s'est déroulée paisiblement et timidement, tout au long de la journée. Le taux de participation a été très faible dans la matinée, avant de connaître un petit rebond en début d'après-midi. Et il semble bien qu'en fin de journée, la participation à ce rendez-vous électoral ne fera pas exception, comparativement aux précédents scrutins. C'est dire qu'en Algérie, l'électeur n'a pas changé ses habitudes et les habitants de la capitale et du Centre continuent de bouder l'urne, contrairement aux régions du Sud dont l'affluence est toujours remarquable. À cela, il faut ajouter le contexte particulier de la pandémie de coronavirus. La recrudescence des contaminations dans le pays, ces 10 derniers jours, a dissuadé de nombreux électeurs et cela, malgré les mesures drastiques du protocole sanitaire qui a été mis en place et son respect rigoureux. À bien voir donc, en raison de sa stabilité, le taux de participation est loin de constituer l'enjeu majeur de cette élection. Le test du référendum que l'Algérie vient de passer avec succès est en soi un acquis inestimable. Car, même si les Algériens n'ont pas tous accompli leur devoir électoral et même si une partie n'a pas accordé sa voix au projet, l'Algérie a su refléter l'image d'un Etat stable qui consacre le principe de la démocratie. C'est là, l'objectif majeur de ce référendum, comme l'a d'ailleurs souligné le président Tebboune qui, en raison de la maladie et son hospitalisation en Allemagne, a manqué la célébration de deux grands événements. Mais malgré cette absence, le chef de l'Etat qui a accompli son devoir électoral par procuration, a tenu à marquer «le rendez-vous du peuple avec l'Histoire», comme il l'a écrit dans son message adressé à la nation, ne manquant pas de faire état de son espoir que ce sera là l'occasion d'«opérer le changement escompté, en vue d'instituer une nouvelle ère à même de réaliser les aspirations de notre peuple à un Etat fort, moderne et démocratique». Dans ce changement que promet le président de la République, nombreux y croient fermement et l'ont bien démontré en se rendant aux bureaux de vote et en glissant dans l'urne, le bulletin blanc du «oui pour la révision de la nouvelle Constitution». Il semble même que c'est la plus grande majorité des partisans de la révision constitutionnelle qui ont effectué le déplacement. C'est du moins ce qui ressort des premiers dépouillements effectués hier, en direct sur les chaînes nationales de télévision. Cela permet d'affirmer, sans risque de se tromper que le «oui» va l'emporter. Les résultats seront, de toute façon, rendus publics dans les prochaines heures par l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Mais d'ici là, une chose est sûre, l'adoption de la nouvelle Constitution n'est pas une fin en soi, mais plutôt le début du compte à rebours du changement qui permettra l'émergence d'une Algérie nouvelle.