Covid-19, demande en berne, élection présidentielle américaine incertaine: un cocktail explosif qui plombe les prix du pétrole, ce qui n'arrange guère les affaires de l'Opep et de ses alliés qui font des pieds et des mains pour leur donner du tonus. Le 9 avril dernier, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires, dont la Russie, avaient décidé de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour, pour stopper le plongeon des prix. Le 6 juin, les «24» ont pris la décision de poursuivre cette réduction de 9,6 millions de b/j durant juillet 2020 et de procéder à une coupe de 7,7 millions de b/j à partir du 1er août, jusqu'à fin décembre 2020. Une mesure qui semblait vouloir redonner des couleurs aux cours de l'or noir, qui ont fini par être douchés. Le marché pétrolier a vécu sa pire semaine (qui s'est achevée le 30 octobre) depuis cinq mois. Les cours du Brent ont clôturé la semaine à 37,46 dollars, soit près de 3 dollars de moins que le prix qui a servi de base à la confection du projet de LF 2020. Les estimations du ministre de l'Energie concernant les prix et les revenus pétroliers se retrouvent, de facto, chahutés par la conjoncture actuelle du marché de l'or noir. «Les recettes d'exportation d'hydrocarbures de l'Algérie, pour l'année 2020, devraient atteindre 23,5 milliards de dollars, si les cours du baril de brut se maintienaient autour de 40 dollars, alors que les mêmes recettes, pour l'année 2019, étaient autour de 34 milliards de dollars», avait indiqué le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar. Une cible qui sera difficile à atteindre si l'on se réfère aux derniers chiffres qu'il vient de livrer. Les revenus de l'Etat, issus des exportations des hydrocarbures au cours des 9 premiers mois de 2020, ont reculé de 41% par rapport à la même période de l'année précédente, atteignant, fin septembre dernier, 14,6 milliards de dollars contre 25 milliards de dollars en septembre 2019, a déclaré, mardi dernier, Abdelmadjid Attar, lors de son audition par la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale, dans le cadre du débat du projet de loi de finances (PLF) 2021. Ce recul est dû, d'une part, à la baisse du volume des exportations de 14%, et d'autre part, à la dégringolade des cours du pétrole, atteignant, fin septembre dernier, 41 dollars/baril contre 65 dollars à la même période de 2019, soit une différence de 24 dollars/baril, a souligné le successeur de Mohamed Arkab. Une situation qui a eu des conséquences sur les recettes de la fiscalité pétrolière lesquelles ont accusé un manque à gagner de l'ordre de 1 441 milliards de dinars. Ce montant représente 103% de la fiscalité pétrolière budgétisée dans la loi de finances complémentaire 2020, a précisé Abdelmadjid Attar qui a fait part des craintes des pays producteurs de voir la situation se détériorer davantage avec la recrudescence de la pandémie de Covid-19. «L'Opep suit attentivement les développements en cours et les équilibres du marché pétrolier, tant du point de vue de la demande que de celui de l'approvisionnement, afin de prendre, avec les pays participants de la Déclaration de coopération, les mesures idoines au moment opportun», a indiqué le ministre de l'Energie et président de la Conférence de l'Opep. La consommation d'énergie a, de son côté, connu un fléchissement de 6% entre le début du mois de janvier et la fin du mois de septembre 2020. Ce recul a été provoqué par le ralentissement de l'activité économique, mais aussi de l'activité des transports, en raison des mesures préventives prises face à la propagation du Covid-19, a expliqué le président en exercice de l'Opep. Significativement impactée, la production des hydrocarbures a plongé de 10% entre janvier et septembre 2020 par rapport à la même période, en 2019. La production de l'électricité n'a pas été épargnée. Elle a reculé de 4% à la fin du mois d'août dernier, par rapport à la même période de 2019. Des courbes qui seront difficiles à inverser tant que le Covid-19 n'aura pas disparu. Une petite lueur d'espoir tout de même. Le baril de Brent, référence du pétrole algérien, a rebondi, hier, au-dessus des 40 dollars. Un feu de paille? Attendons pour voir.