Le président américain nouvellement élu Joe Biden a évoqué, mardi soir, une Amérique prête à revenir en force sur la scène internationale, avec une équipe gouvernementale chevronnée, son choix ayant privilégié les départements sensibles de la sécurité et de la diplomatie. L'ancien vice-président de Barack Obama a ainsi remis en selle plusieurs des ténors qui composaient l'administration du premier président noir des Etats-Unis, confirmant son attachement à un retour au multilatéralisme, après quatre années de trumpisme axé sur « l'Amérique d'abord », et son engagement résolu à lutter contre le changement climatique, avec John Kerry, l'ex-chef de la diplomatie, comme émissaire spécial. « C'est une équipe qui reflète le fait que l'Amérique est de retour, prête à guider le monde », a clamé Joe Biden, avec à ses côtés la future vice-présidente Kamala Harris, première femme à ce poste dans l'histoire américaine. La première salve de nominations compte donc plusieurs personnalités mobilisées autour de Barack Obama, dont Antony Blinken, futur chef de la diplomatie ( cf papier d'ouverture ). « Nous ne pouvons pas résoudre seuls les problèmes du monde », a averti cet ex-numéro deux du département d'Etat tandis que la future ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, surenchérissait en s'exclamant : « Le multilatéralisme est de retour, la diplomatie est de retour. » Sans aucun doute, le retour dans l'accord de Paris pour parvenir à la neutralité carbone en 2050 aux Etats-Unis ne constituera pas une difficulté majeure. Comme aussi le fait de promettre une plus grande place aux femmes et aux minorités auxquelles il doit, d'ailleurs, sa victoire face au candidat républicain. Un premier geste, significatif, a confirmé son programme, avec la nomination du premier Hispanique, Alejandro Mayorkas, à la tête de la Sécurité intérieure, de la première femme à la tête du Renseignement, Avril Haines ainsi que de Janet Yellen comme secrétaire d'Etat au Trésor. Pourtant, c'est sur les dossiers autrement plus complexes du conflit israélo-palestinien, du nucléaire iranien et du lourd contentieux économique avec la Chine que sera surtout attendue la nouvelle équipe du prochain locataire de la Maison-Blanche. On sait déjà qu'il n'aura pas les coudées franches, face au Congrès où le Sénat est dominé par les Républicains et, plus encore, face aux puissants cartels qui déterminent les grandes stratégies de la superpuissance américaine. Même talonnés par Bernie Sanders, les démocrates vont devoir mettre beaucoup d'eau dans leur vin, tout comme a dû s'y résoudre, deux mandats durant, Barack Obama dont on connaît les relations tumultueuses avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui s'était permis de se présenter au Congrès en ignorant, ouvertement, le président des Etats-Unis.