La question des élites politiques et sociales suscite des interrogations sérieuses quant à l'issue et l'alternative susceptibles de contribuer dans la mise en branle d'une véritable dynamique sociétale pour le pays qui peine à sortir de sa spirale politique. Que s'est-il passé pour que l'Etat et la société n'arrivent pas à dégager une nouvelle dynamique d'élites politiques? S'agit-il d'une crise d'élites ou une transition en pleine décantation? Les réponses se trouvent dans le processus en cours au plan politique et sociologique, c'est une étape qui a montré les limites des élites traditionnelles et leur déphasage par rapport aux exigences d'une nouvelle situation qui s'impose par ses contradictions et sa complexité. La crise sanitaire majeure et la situation politique et économique peu reluisante n'ont pas suffi pour que les élites politiques aient une ligne de démarcation épistémologique dans le but de s'interroger et de trouver les réponses aux questions lancinantes qui taraudent l'esprit de la société en général. Bien au contraire, ces élites semblent se donner à un jeu le moins que l'on puisse dire, est celui de la démission quant à leur mission historique consistant à produire de la réflexion et des paradigmes en osmose avec le mouvement de la société et son interaction. Hélas, les élites politiques et malgré l'élan et le sursaut populaire du 22 février n'arrivent pas à se faire une voie sérieuse et rigoureuse en matière d'analyse appropriée de la situation politique et d'étape. Elle se sont confinées dans un figisme qui n'a de semblable que les échanges et contributions piètres, en deçà de ce que le contexte particulier que traverse le pays dans son ensemble exige comme produits théoriques qui collent avec la période qui s'impose. La sociologie politique interroge le vécu et l'urgence à la fois, et par ricochet, elle engage un processus de dépassement du statu quo en se référant aux causes et aux origines du phénomène politique et ses succédanés. Les élites politiques algériennes ont rompu avec le questionnement et la recherche des solutions idoines à l'impasse qui caractérise le champ politique, économique et social du pays. La classe politique actuelle ne peut plus produire des alternatives et des issues en mesure de répondre aux exigences du changement qui s'impose au pays et à la société. La crise des élites est aussi une crise des partis politiques toutes obédiences confondues, c'est la crise d'une étape sociétale qui exige un véritable renouvellement des élites sur la base de l'assimilation de la crise structurelle qui frappe de plein fouet la société. L'enjeu qui se dresse avec acuité au pays est celui d'entamer un nouveau processus de cristallisation des élites à la hauteur des défis qui se présentent à la société. Le blocage qui se manifeste au niveau de la scène politique nationale est le reflet de cette incapacité des élites politiques traditionnelles de sortir de leurs sentiers battus et dépasser leurs limites par rapport à l'étape cruciale dans laquelle se trouve la société. Il est impératif de rompre avec cette approche dépassée et obsolète des élites qui ne se réfèrent qu'aux critères fondés sur l'allégeance et la cooptation moyennant la rente et autres «avantages» aux antipodes du principe de l'autonomie de l'élite et de sa vocation en sa qualité de courroie de transmission entre la société et l'Etat en matière de production de la réflexion et des idées novatrices en phase avec l'heure et l'étape. Aujourd'hui, le pays traverse l'une des plus délicates des situations dans son histoire, c'est une situation particulière avec des enjeux multiples et complexes qui au plan stratégique, politique ou économique et social. La nécessité de l'émergence d'une nouvelle élite politique est une urgence et une exigence nationale au vu des risques et des menaces qui guettent l'Etat et la société à l'aune des reconfigurations géopolitiques. C'est aux élites politiques, en dehors des appréhensions idéologiques et politiciennes, de trouver des issues et des paradigmes à même de dépasser le contexte actuel miné par des risques et menaces des plus avérés.