Après la «bataille d'Alger» en 1957, la France prétendait avoir anéanti toute opposition en Algérie. Mais le dimanche 11 Décembre 1960 et les jours suivants, de vastes manifestations populaires sont organisées par les Algériens pour arracher leur indépendance. Un événement historique décisif pour le peuple algérien et pour tous les peuples en lutte contre le colonialisme, que l'Algérie célébrera demain. Les manifestations du 11 Décembre 1960, dont la première étincelle a jailli à Aïn-Témouchent deux jours auparavant, ont été la cause directe de la prise de la plus grande décision à l'échelle mondiale, toujours en vigueur jusqu'à présent, garantissant aux peuples le droit à l'autodétermination, a estimé Mohamed Lahcen Zeghidi, historien et enseignant à l'université d'Alger, dans un entretien accordé à l'APS, soulignant que «la résolution 15-14 du 14 décembre 1960, adoptée lors de la 15ème session de l'Assemblée générale des Nations unies, affirme le droit des peuples à l'autodétermination et oblige, alors, la France à entamer avec l'Algérie des négociations sans conditions préalables». Soutenant, a contrario Mohamed Bousmaha, commandant de l'ALN dans la zone autonome de la Wilaya IV, qui affirmait que les manifestations du 11 décembre 1960 ont commencé à Alger, que la première étincelle des manifestations a crépité à Aïn Témouchent, lors de la visite du général de Gaulle, le 9 décembre, accompagné d'une délégation de journalistes dont des correspondants internationaux accrédités à Paris, Mohamed Lahcen Zeghidi rappellera que « les représentants de la presse, loin de voir le général de Gaulle reçu comme un leader, ont été surpris d'assister, à la première étape, le 9 décembre dans cette ville, à de gigantesques manifestations du peuple algérien rejetant le projet politique de la France coloniale», précisant que «ces mêmes journalistes avaient été témoins des affrontements qui avaient lieu à Oran, le jour suivant (10 décembre), puis le 11 Décembre qui avait connu des massacres odieux commis par l'armée française contre un peuple isolé dans toutes les régions du pays». Des massacres immortalisés par les photos transmises au monde par ces mêmes journalistes. «Les délégués participant à la 15e session de l'ONU ont brandi, sur place des journaux paraissant dans toutes les langues et retraçant les événements qui avaient eu lieu en Algérie et qui faisaient, la Une de la presse mondiale», a souligne Mohamed Lahcen Zeghidi. Pour rappel, le général de Gaulle avait prévu un séjour en Algérie du 9 au 12 décembre 1960 pour promouvoir son projet néocolonial de «troisième voie», nommé «Algérie algérienne». Calqué sur les modèles imposés dans les anciennes colonies françaises, il consistait à placer au pouvoir une classe dirigeante inféodée à l'Etat français et chargée de mettre en oeuvre une nouvelle forme de vassalisation économique. C'était mal connaître le désir ardent d'autodétermination des Algériens. Lancés à partir de Aïn Temouchent avant de se propager à travers le territoire national, des milliers d'Algériennes et d'Algériens déferlaient dans les rues pour manifester en faveur de l'indépendance de l'Algérie et du Front de Libération nationale (FLN) et forcèrent le général de Gaulle à abandonner son projet de «troisième voie». Ce front interne avait montré que le peuple algérien, à l'unisson, avait définitivement tranché ses choix, en se rangeant aux côtés de la direction politique et du commandement militaire de sa révolution. «Ces manifestations ont permis au monde de réaliser que ce qui se passait en Algérie était une révolution populaire et que tout le peuple algérien était derrière son Gouvernement provisoire et ses leaders politiques luttant pour l'indépendance et rejetant tous les marchandages», ajoute l'historien qui a précisé qu'«elles étaient organisées et non spontanées» estimant qu'«il n'était pas possible qu'il y ait eu des événements spontanés de la taille et de la dimension des manifestations du 11 Décembre 1960».