Les manifestations du 11 décembre 1960 sont considérées par nombre d'historiens comme le vrai catalyseur pour le recouvrement de l'indépendance nationale. Pour contrer la proposition du général De Gaulle qui voulait le maintien de l'Algérie dans le giron français et les colons ultras qui réclamaient le maintien d'une Algérie française , les manifestants du 11 décembre 1960 ont clamé haut et fort le droit à l'autodétermination en scandant Algérie musulmane afin de distinguer les revendications du peuple algérien des deux tendances citées plus haut. Dans un mouvement instantané, les manifestations du 11 décembre, qui ont, en réalité, débuté dans la nuit du 10, sont considérées par nombre d'historiens crédibles et des témoins ayant vécu les événements, comme le catalyseur du recouvrement de l'indépendance algérienne. Tout a commencé la nuit du 10 décembre à Belouizdad (Belcourt à l'époque), lorsque des Algériens songeaient à manifester le lendemain pour montrer leur soutien au FLN et au GPRA basé à Tunis. Les forces coloniales n'ont pas été sans cruauté quand des centaines de musulmans tombèrent sous les balles des parachutistes, militaires et policiers afin de tuer dans l'œuf la manifestation. Aux premières victimes comptabilisées, les manifestations se sont propagées à El Madania, Hussein Dey, Kouba, La Casbah et El Harrach pour conquérir par la suite toute l'Algérie. Les manifestations du 11 décembre ont été la réponse de la population algérienne à De Gaulle qui venait de prononcer, le 9 décembre 1960, un important discours à Aïn Témouchent. C'était aussi une occasion pour montrer leur désapprobation quant au projet de l'Algérie algérienne, c'est-à-dire une Algérie englobant toute la population dans le cadre de la France. Le FLN a récupéré le déroulement des événements du 11 décembre 1960 pour donner un élan politique aux manifestations et les incorporer dans le cadre de la lutte de libération. Il est utile de souligner que les lignes Challe et Morice ont été lourdes de conséquences pour les moudjahidine des wilayas de l'intérieur. Ces deux lignes ont empêché l'approvisionnement des soldats de l'intérieur en armes. Les maquis de l'ALN ont été étranglés. Les manifestations du 11 décembre 1960 ont été une sorte de bouffée d'oxygène car il était certain que le peuple avait rallié la cause du FLN. De plus, les nombreux journalistes présents durant cette période en Algérie pour couvrir la visite de de Gaulle n'ont pas été avares en matière d'informations. La plupart d'entre eux ont relaté les faits objectivement, photographies et enregistrements à l'appui. En défendant leur cause à l'ONU, les représentants du FLN avaient le bon support pour démontrer les exactions de l'administration coloniale. Le droit à l'indépendance se posait avec acuité. L'ONU a inscrit la question algérienne à l'ordre du jour. Les manifestations du 11 décembre 1960 sont également les prémices des négociations engagées par le GPRA et la France.