Les manifestations de décembre 1960 ont marqué la détermination du peuple algérien à recouvrer son indépendance nationale, ont déclaré à l'APS des moudjahidines et acteurs de cet évènement historique, en marge d'une rencontre tenue jeudi à Ain Temouchent. Ayant débuté un 9 décembre 1960, à la place centrale d'Ain Temouchent, où le président français, le Général De Gaulle, devait prononcer son discours sur l'Algérie française, ces manifestations populaires ont exprimé "haut et fort le rejet des propositions de la France au sujet de l'avenir de l'Algérie et conforté l'adhésion totale du peuple algérien à sa révolution armée, précipitant la fin de l'ère coloniale", ont-ils affirmé. Le secrétaire de wilaya de l'Association nationale des invalides de la guerre de libération nationale, Mechat Mokhtar, rapporte que la défunte Amama a été la première femme algérienne à brandir le drapeau national lors de ces manifestations. "Ce drapeau a été cousu par une autre femme, Kheira, habitant le quartier populaire de Sidi Said", a-t-il précisé. Pour ces moudjahidine et témoins historiques, les manifestations du 9 décembre 1960 ont été mûrement préparées par les responsables du FLN pour contrecarrer les visées de De Gaule, depuis l'aéroport de Tlemcen jusqu'à son arrivée à Ain Temouchent, où il n'a pu prononcer son discours sur le perron du siège de la commune. Le président de l'association du "9 décembre 1960", Benabdeslam Mohamed, a mis l'accent, pour sa part, sur l'effet "boule de neige" de ces manifestations populaires qui se sont étendues à tout le pays, entre le 9 et le 17 décembre 1960. "Ces évènements ont été de véritables étincelles et ont donné une nouvelle impulsion à la révolution armée. Elles ont mis en échec les visées de De Gaule qui comptait sur l'appui de nombreux colons d'une zone économiquement importante pour sa nouvelle politique intégrationniste". a-t-il ajouté. "Ces manifestations, a-t-il ajouté, ont appuyé la revendication du peuple algérien pour l'exercice de son droit à l'autodétermination et le rejet du système colonial", a soutenu le même interlocuteur. Pour le secrétaire de wilaya de l'ONM, Bouakka Lahouari, cet événement important a démontré, une fois pour toute, "l'attachement de la population à son indépendance". "Les répercussions politiques et militaires de ces manifestations ont été réelles pour la France coloniale, soumise à des pressions internationales et régionales", a-t-il dit. Un historien, Cheikh Bouchikhi, a affirmé, pour sa part, que les manifestations du 9 décembre 1960 d'Ain Temouchent avaient "scellé, définitivement, la fin de l'Algérie française" en surprenant le Général De Gaule qui n'a pu prononcer son discours prévu à la place baptisée, actuellement, "place du 9 décembre 1960" où une tribune avait été montée en face de la mairie. "En investissant en masse la rue, ce jour là, les Algériens ont démontré leur profond attachement à l'indépendance de leur pays et à la prise en main de leur destinée", a-t-il indiqué. Pour le journaliste-écrivain Said Mouas, les manifestations populaires du 9 décembre 1960 ont constitué "un véritable référendum de rejet de la politique de De Gaule qui voulait intégrer l'Algérie à la France". Ces manifestations ont été un "rejet cinglant" de cette politique, a-t-il estimé. A travers sa visite à Ain Temouchent, a signalé, de son côté, l'enseignant d'histoire Reguig Miloud, le président De Gaule "voulait lancer sa campagne électorale pour préparer le référendum de 1961 et donner le statut de département d'Outre-mer à l'Algérie".