L'abattage clandestin restera «l'arbre» qui cache la forêt. Ainsi va l'actualité. Alors que nous sommes dans la période où le risque est le plus accru, celle du retour des oiseaux migrateurs, les médias internationaux ont baissé le ton sur la menace de la grippe aviaire. S'étaler sur l'orchestration de l'information nous mènerait à un autre débat qui ferait aussi le jeu de la diversion. Donc et même si les projecteurs se sont détournés et ne suivent plus l'évolution du virus H5N1, la vigilance reste plus que jamais requise. En effet, et si le printemps est la plus belle saison de l'année, c'est aussi le moment où les oiseaux partis en hiver à la recherche de cieux plus cléments reviennent avec tous les risques d'avoir dans leurs «bagages» le virus tant craint. Ceci pour dire que le sujet n'a rien perdu de son actualité. Sauf que l'intérêt à y porter n'est pas forcément le même partout. Chez nous, en Algérie, la pandémie qui menace comporte certains «bienfaits» qu'il est intéressant d'aborder. D'abord, cette obligation d'apprendre à ne compter que sur soi. On l'a vu avec le seul médicament existant pour l'instant face au fléau connu sous le nom de Tamiflu. Produit par un laboratoire suisse dont il est hors de question qu'il puisse à lui tout seul fournir le monde entier au même moment. Les grands pays comme les Etats-Unis, la France, l'Angleterre et d'autres ont aussitôt installé leurs propres structures de production. Dans un même réflexe que les pays développés, l'Algérie, tout en s'inscrivant dans le carnet de commandes du laboratoire suisse «Roche», crée la surprise et s'avère capable de produire le fameux Tamiflu. Cette semaine, le premier lot baptisé «Saiflu» car produit par Saidal, sortira de l'unité de Gué de Constantine. L'urgence ainsi assurée, l'étalement dans le temps des livraisons de «Roche» au plan de charge surbooké n'est plus une source d'angoisse pour notre population. Tout au plus un complément qui ne se refuse pas. Dans le même sillage, nous avons appris tout récemment, qu'un accord de coopération a été signé avec les Etats-Unis pour la production de vaccins ; une mission dévolue à l'Institut Pasteur sans les moyens de l'accomplir. Sur un autre plan, M.Boukersi Bouzid, P-DG de l'Onab, leader de la production avicole en Algérie, nous apprend que dans la crise que vit le secteur il y a un aspect qui n'a pas été suffisamment approfondi, celui des assurances. «Actuellement, nous dit-il, les assurances que nous avons contractées contre les maladies de la volaille, les salmonelles par exemple, ne couvrent que 50% des pertes. Il est temps d'explorer les voies et moyens d'aller à un taux plus important.» Un discours responsable et rassurant qui va à contre-sens de l'assistanat habituel qui interpelle systématiquement l'Etat pour des subventions et autres compensations. D'autre part, il aura fallu la grippe aviaire pour qu'enfin, les acteurs de la filière avicole pensent à s'organiser en association interprofessionnelle. Leur réunion constitutive est prévue pour le 19 avril prochain. D'une telle association seront exclus naturellement tous les trabendistes, ils sont nombreux, qui envahissent ce marché. La portée fiscale d'un tel assainissement est moins grave que l'apport en matière de prévention sur la santé publique. «Nous avons 15 abattoirs dotés des structures sanitaires, malheureusement ils ne sont utilisés qu'à 20% de leurs capacités» nous apprend M.Boukersi. Ainsi, le virus H5N1 s'avère mortel pour ...l'abattage clandestin dont la plus forte illustration restera «l'arbre» de Megtaâ Kheïra (dans la wilaya de Blida) qui cache la forêt. Il reste cependant à l'Etat le rôle de régulateur. Sa responsabilité reste entière dans les mesures à prendre pour prévenir tout risque de rupture du cycle de production avicole ou, à tout le moins, éviter d'y concourir par des décisions comme celles qu'ont prises les banques publiques de fermer brutalement l'accès au crédit aux opérateurs du secteur. En définitive, et en ce printemps de tous les risques, il est possible de ne pas s'enfermer dans le seul scénario catastrophe qui fait la Une dans le monde. Chez nous, le virus, qui fait trembler ailleurs, a du bon.