Compte tenu des saisons d'oiseaux migrateurs, le dispositif de lutte contre la grippe aviaire a été réactivé et reconduit dès le mois d'octobre dernier après avoir été allégé durant l'été. Plus de 1 400 vétérinaires et forestiers sont de nouveau mobilisés pour la surveillance des oiseaux migrateurs sauvages et autochtones sur les zones humides. Praticiens vétérinaires auront également à surveiller les élevages domestiques et industriels. Ce mécanisme de veille est d'ores et déjà mis en place dans les régions du Nord et du Sud où la menace se fait sentir aussi, notamment dans les pays limitrophes à l'image du Nigeria qui a enregistré ces derniers jours une victime. “Dès le mois d'octobre, il a été effectué quelque 800 prélèvements jugés, dans leur globalité, négatifs. L'année dernière, les services concernés ont accompli 3 050 prélèvements”, a déclaré le Dr Rachid Bouguedour, directeur des services vétérinaires (DSV) au ministère de l'agriculture. La grande attention qu'accorde l'Etat à ce problème s'est traduite par l'enveloppe dédiée à cette opération d'envergure, estimée à 280 millions de DA en 2006. Ce financement a permis, selon le Dr Rachid Bouguedour, de mettre en place des laboratoires qui peuvent répondre à un diagnostic dans les quelques heures qui suivent les analyses. Des tests rapides peuvent en outre donner une orientation dans les 20 minutes. Une chose est certaine, avouera, le DSV, les moyens sont renforcés et les équipes sont bien outillées. Le virus à l'origine de cette maladie peut arriver, indiquera-t-il, par deux voies. L'une concerne les oiseaux migrateurs qui sont surveillés. “Le plus important pour nous c'est que ces migrateurs ne se mélangent pas avec les oiseaux de l'élevage domestique et de pouvoir détecter surtout si le virus est en train de tourner autour de ces oiseaux migrateurs”, avertira le Dr Bouguedour sur les ondes de la radio Chaîne 3. La seconde a trait au commerce. Pour ce risque, l'Algérie est bien verrouillée. “Nous n'importons pas de volaille de consommation mais des intrants avicoles, à savoir les poussins d'un jour, et uniquement à partir de pays qui sont officiellement indemnes”, rassurera le Dr Bouguedour. Le confinement des oiseaux doit se faire essentiellement, selon lui, suivant des périodes précises de l'année comme au moment où les migrateurs arrivent. Cette action (confinement) consiste à éviter que les migrateurs viennent picorer, manger et boire avec des oiseaux issus des élevages domestiques. L'Algérie produit quelque 300 000 tonnes de viande blanche chaque année. Près de 98 % de cette production sont l'œuvre de l'élevage industriel. L'élevage familial n'en représente ainsi que près de 2 %. Cela n'a pas empêché les services concernés de finaliser un recensement de tous ces foyers, commune par commune. Pour rappel, cette problématique a engendré une diminution de la consommation des viandes blanches. Ce qui a causé par conséquent un manque à gagner que les professionnels ont évalué à 30 millions de dollars US. “Ce manque à gagner a été rattrapé dans les quelques mois qui ont suivi. Car, la consommation a connu un pic dès que la situation s'est normalisée”, a indiqué Rachid Bouguedour qui précise que l'Algérie ne devrait pas vivre le même problème durant l'année en cours. Pour l'année 2007, la production attendue sera, soulignera le DSV, de l'ordre de 350 000 tonnes. Avec une telle offre, le marché sera bien approvisionné et il n'y aura pas de tension. Le consommateur algérien, est toutefois loin d'atteindre les normes internationales de consommation de viandes blanches. L'Algérien consomme en effet, près de 11 kilogrammes/an alors que l'Américain dépasse les 100 kgs. Au-delà du risque que représente la grippe aviaire, il y a lieu d'évoquer aussi un autre phénomène lié à l'abattage clandestin qui menace la santé du consommateur et pour lequel les autorités doivent être mobilisées aussi... Badreddine K.