L'extension de la grippe aviaire suscite l'inquiétude des pouvoirs publics tunisiens. Alors que le virus de la grippe aviaire semble avancer en Europe et au moment où quelques pays arabes et africains cèdent à l'inquiétude, l'Algérie ne donne aucun signe de panique. La Russie déclare vouloir essayer son vaccin sur des volontaires. Or, au parc naturel du Taref à l'Extrême Est algérien, l'on vient de signaler la mort de dix-sept oiseaux migrateurs, venant du nord de la Méditerranée, à l'instant où la Conservation des forêts dénonce l'absence de toute mesure préventive contre une éventuelle pandémie pouvant porter atteinte à la faune locale. Et où aucune interdiction de chasse des oiseaux sauvages n'est émise par les autorités. Tandis qu'à Alger, au lac de Réghaïa, point d'eau répertorié, l'on donne trois oiseaux migrateurs morts, mais dont aucune indication quant à leur contamination n'a encore été révélée par l'institut Pasteur. Ce flegme qui caractérise encore notre pays ne semble pas être partagé par quelques pays voisins comme la Tunisie ou africains tel le Sénégal qui affichent leur crainte de se voir touchés par la contagion à la faveur des grandes migrations annoncées pour le mois de novembre. En effet, selon nombre d'observateurs, les mouvements migratoires habituels d'oiseaux potentiellement porteurs du virus empruntant des couloirs africains durant la période hivernale, fuyant le froid rigoureux des pays nordiques, constituent un risque majeur de transmission du virus H5N1. Ainsi, contrairement à notre pays, l'extension de la grippe aviaire suscite l'inquiétude des pouvoirs publics tunisiens qui axent leurs actions sur la prévention et appellent à une grande vigilance. A ce titre, des mesures de prévention draconiennes ont été prises à travers un suivi permanent de la situation épidémiologique dans le pays ainsi que la mise en place d'un dispositif de surveillance et, à titre préventif, d'une stratégie d'intervention d'urgence. Des instructions ont été données pour surveiller en permanence les points d'eau et zones humides, lieux de prédilection des oiseaux migrateurs, tout comme des consignes strictes ont été données aux aviculteurs pour rester vigilants et veiller scrupuleusement à l'hygiène dans les lieux d'élevage et les moyens de transport. Le ministère de l'Agriculture y a interdit toute importation de volailles. En Egypte, en dépit des assurances du ministre de la Santé écartant tout cas de grippe au pays des Pharaons, les autorités égyptiennes ont néanmoins pris une série de dispositions préventives pour faire face à la transmission du virus, notamment après l'apparition de certains cas nouveaux dans les pays européens et les mises en garde de la FAO. Au Sénégal, le gouvernement s'est vu tenu d'interdire les importations de volailles et de produits avicoles en provenance des pays affectés par la grippe aviaire. Entre autres mesures figurent la vaccination systématique de la volaille, la mobilisation immédiate des chercheurs sénégalais pour aider à mieux comprendre les mutations génétiques du virus et participer à la recherche d'un vaccin, ainsi que la délivrance d'un certificat phytosanitaire spécial pour tous les stocks de poulets délivrés. Rappelons que ces dernières quarante-huit heures, le virus s'est encore rapproché du coeur de l'Europe, la présence d'un sous-type du H5N1 à la base de la grippe aviaire, soit le H5, a été confirmée en Croatie sur des échantillons prélevés sur douze cygnes retrouvés morts sur un lac. Auparavant, après un passage en Turquie, le virus avait touché la Roumanie où deux nouveaux foyers viennent d'être découverts. Mais c'est en Russie qu'un nouveau foyer de grippe aviaire a été détecté dans l'Oural. Dans ce branle-bas de combat où la menace du virus H5N1 tient en haleine la planète, une conférence prévue à Ottawa réunira incessamment les ministres de la Santé d'une trentaine de pays pour renforcer la coopération internationale «en prévision d'une pandémie de grippe».