L'année 2021 sera, à n'en pas douter, celle du Covid-19. La vaccination contre le coronavirus constituera la principale actualité dans le pays. La campagne débutant au mois de janvier, elle meublera, d'une manière ou d'une autre, l'activité gouvernementale et masquera certainement, beaucoup d'autres faits d'actualité. Appelée à s'étendre jusqu'à la fin du printemps au moins, l'opération de vaccination impactera toute la vie de la nation. De nombreuses catégories socioprofessionnelles comptent sur son succès pour espérer un retour rapide à une activité normale. Que ce soit les transporteurs, les hôteliers, les entreprises industrielles, les commerçants et les artisans, ils misent tous sur le vaccin. Cela étant entendu, les regards des opérateurs économiques et du ministre des Finances seront tournés vers la Bourse de Londres, lieu de cotation du pétrole. Même si les observateurs pronostiquent des prix au-dessus des 50 dollars, ce que souhaite l'Algérie, le marché international des hydrocarbures, qui a habitué son monde à de grosses surprises, est lui aussi, «pris en otage» par le Covid-19. Un probable échec de la campagne de vaccination à l'échelle internationale, pour une raison ou une autre, serait catastrophique pour les finances du pays. Cela étant, l'économie n'est pas le seul défi que doit affronter l'Algérie en 2021. En effet, dans l'agenda politique, deux dates son cochées pour le premier trimestre. Il s'agit des élections législatives et locales. Promises par le président de la République, les deux consultations électorales sont censées compléter le processus réformateur des institutions élues de la République. Mais là aussi, personne ne peut affirmer leur tenue dans les délais souhaités. Ces rendez-vous politiques de premier ordre dépendent de la situation sanitaire. Il faudrait une très sérieuse amélioration des chif-fres de la pandémie pour envisager un processus électoral qui fait intervenir des dizaines de milliers de candidats et autant de meetings. Les spécialistes n'entrevoient d'ailleurs pas une quelconque amélioration au premier trimestre, puisque le nombre de personnes vaccinées à cette échéance ne sera pas suffisant pour parvenir à l'immunité collective. La seule défense reste celle des gestes barrières, ce qui est impossible à garantir en temps de campagne électorale. L'on s'attend à une sorte d'unanimité de la scène partisane en faveur d'un report des deux élections, mais cela doit se faire sur la base d'un dialogue entre le pouvoir et l'opposition. En cela, à quelque chose malheur est bon, le Covid-19 pourrait être un facteur de rapprochement au sein de la scène politique, d'autant plus qu'il est attendu un Code électoral susceptible de réunir le consensus tant souhaité par les formations politiques, toutes tendances confondues. Ce serait la grande bonne nouvelle de l'année prochaine, surtout que la société appelle de ses voeux la consolidation du Front interne, face aux sérieuses menaces qui guettent la stabilité du pays. À ce propos, il y a lieu de noter que 2021 a toutes les chances d'être une année-test pour l'Algérie qui devra montrer une grande résilience sur tous les fronts, notamment celui de la géostratégie, puisqu'il s'agira de composer avec des forces nouvelles stationnées dans la région du Maghreb et du Sahel, en passe de devenir le nouveau point chaud de la planète. La dernière révision constitutionnelle donne à l'Algérie les moyens de se défendre à travers la possibilité pour son armée de participer à des actions hors des frontières. Ceci apportera une donne de taille dans l'équilibre des forces dans la sous-région, au profit de l'Algérie. Cette dimension est la seule à ne pas souffrir de l'impact de la pandémie. Le succès dans les domaines politique, géostratégique et dans celui de la stabilité intérieure du pays, dépend fortement de la capacité de l'Exécutif à redresser en un temps record la situation sociale et économique. Le président de la République a annoncé ses priorités dans ce domaine. Il a placé la barre des exportations hors hydrocarbures à 5 milliards de dollars d'ici à la fin 2021. Il a mis en place tout un arsenal juridique dédié à la microentreprise. Il reste aux ministres concernés de montrer une aptitude à faire avancer les choses, très vite et très bien. Les Algériens ont besoin de voir les signaux très sérieux d'un décollage économique dans le courant de l'année 2021, pour y croire. Mais encore faut-il que le Covid-19 le permette.