Emporté par un brusque surgissement de nombreuses questions accompagnant l'annonce du président de la République, qui a surpris tout son monde en instruisant son Premier ministre pour réunir «sans délai» le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus «pour choisir le vaccin adéquat anti-Covid-19 et lancer la campagne de vaccination à partir de janvier prochain, on a occulté de penser à ce que sera la physionomie de la campagne de vaccination elle-même. Au-delà, donc, des questions pertinentes, certes, du court délai concédé à la préparation logistique et des questionnements qu'il suscite à propos des capacités du gouvernement à y faire ou encore du choix du vaccin anti-Covid-19 et des doutes quant à sa disponibilité sur le marché algérien dès le début de l'année 2021, on n'a pas encore parlé de la réaction des citoyens et de leur prédisposition à accepter (ou non) de se faire vacciner. C'est que les Algériens ont une histoire avec les vaccins, qui a influé négativement sur leur comportement, et qu'il ne faut en aucun cas ignorer. Depuis le décès de bébés à la suite de leur vaccination, à la fin 2016, les Algériens se crispent dès qu'on les invite à se faire piquer. Il s'ensuivra l'année suivante (2017) un refus massif des parents d'élèves de vacciner leurs enfants lors de la campagne de vaccination RR (rougeole et rubéole) lancée dans les établissements scolaires. Et, rien ne pourra les faire revenir à de meilleurs sentiments malgré les assurances des ministères de la Santé et de l'Education. Par crainte de complications ou d'effets secondaires nocifs, tragiques dans certains cas, selon une conviction ancrée dans les esprits, les vaccins sont boudés par de larges pans de la population. Qu'en est-il aujourd'hui du vaccin anti-Covid-19 ? On n'en sait rien avec certitude. Sans l'existence de sérieux sondages d'opinion sur la question, les prédispositions collent aux appréhensions, voire à la hantise des effets secondaires graves des vaccins, dont les quelques tragiques expériences sont encore fraîches dans les mémoires. Il existe un fort courant d'opposition à ce vaccin dans les discussions des Algériens sur les réseaux sociaux, dans la rue et sur les lieux de travail. Et, cette fois-ci, abreuvés par le lot d'informations alarmistes sur les réseaux sociaux et sous l'influence des avis sceptiques dans de nombreux pays qui sont en phase de vacciner leurs populations, la défiance des Algériens face au vaccin anti-Covid-19 demeure en apparence très forte. On n'en est pas encore à ce débat public en Algérie, malgré son actualité brûlante, mais cette réticence bien palpable finirait certainement par l'imposer. Le plus tôt serait le mieux. Sinon, la réceptivité face à la rumeur et les informations parfois si fantaisistes, ubuesques, à l'enseigne du plan visant à éradiquer 80% de la population mondiale, fera son effet nocif même si tout ce qui se dit sur ces vaccins ne repose que sur l'imaginaire. N'est-il pas ainsi temps de penser à sensibiliser les citoyens sur leur adhésion à la campagne de vaccination anti-Covid-19 ?