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«Nos autorités doivent être extrêmement vigilantes quant au choix du vaccin»
Le Professeur Habib Douaghi au Soir d'Algérie :
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 09 - 2020


Entretien réalisé par Rym Nasri
Pneumologue et allergologue de renom, le professeur Habib Douaghi préside la Société algérienne d'allergologie et d'immunologie clinique, ainsi que la Société maghrébine d'allergologie et d'immunologie clinique. Dans cet entretien au Soir d'Algérie, le scientifique, également membre du comité exécutif de la World Allergy Organisation, espère des autorités sanitaires de la prudence, et particulièrement de la vigilance quant au choix du vaccin contre le coronavirus. En attendant le précieux sésame, le professeur au CHU Beni-Messous, à Alger, prône plus que jamais le respect des mesures barrières.
Le Soir d'Algérie : Les Allemands, les Français, les Américains, les Chinois et récemment les Russes disent progresser dans la découverte d'un vaccin anti-Covid-19. Peut-on réellement mettre au point un vaccin en des temps très courts ?
Pr Habib Douaghi : La recherche pour trouver un vaccin contre le SARS-CoV-2 est très active dans le monde avec des enjeux géostratégiques, scientifiques, politiques et économiques considérables. Actuellement, plus de 130 vaccins sont au stade de l'évaluation préclinique, et une vingtaine d'entre eux sont au stade de l'évaluation clinique chez l'homme.
Le premier article de l'essai vaccinal de Moderna Thérapeutics (Américain), à base d'ARN vient d'être publié. En attendant les résultats de la phase III, qui a démarré fin juillet et se terminera fin octobre, les conclusions de l'essai sont les suivantes : le vaccin ARNm-1273 a induit des réponses immunitaires anti-SARS-CoV-2 chez tous les participants, et aucun problème de sécurité limitant les essais n'a été identifié. Ces sont des découvertes encourageantes pour le développement ultérieur du vaccin. Au cours de la phase I, les volontaires ont même développé des anticorps neutralisants. Mais, il y a eu un certain nombre d'effets indésirables constatés, notamment au moment de l'administration de la plus forte dose : trois volontaires sur quinze (soit 20%) ont développé au moins un signe sévère. Ce qui doit nous inciter à la plus grande vigilance quant au choix du vaccin.
Une étude publiée récemment dans Nature Medicine, sous le titre «Clinical and immunological assessment of asymptomatic SARS-CoV-2 infections», indique que l'immunité à l'infection par le SARS-CoV-2 peut s'estomper rapidement, du moins chez les personnes ne présentant aucun ou des symptômes modérés. Pour finir, nous savons maintenant que le virus lui-même est équipé de gènes immuno-modulateurs qui abolissent la mémoire immunologique, exactement le même problème connu avec le HIV ou le paludisme. Pour rappel, 30 milliards de dollars ont été dépensés en vain pour trouver un vaccin anti-HIV. A ce stade, nous ne pouvons être que prudents pour la mise en place d'un vaccin efficace anti-Covid-19.
Quelles sont les recherches qui vous semblent les plus crédibles pour le moment ?
Parmi les nombreuses études actuellement en phase II ou III des essais thérapeutiques, citons les cinq qui semblent être des pistes crédibles, voire intéressantes, avec des réserves cependant pour les vaccins chinois et russe (Spoutnik V) , en raison du peu d'informations scientifiques dont nous disposons, notamment sur les méthodologies utilisées :
1- Le vaccin anglais (Chimpanzee Adenovirus Oxford 1) est composé d'un adénorivus de chimpanzé , modifié génétiquement , qui est incapable de se répliquer. Les scientifiques ont introduit dans son génome la partie codante pour la protéine S du SARS-CoV-2 grâce à un plasmide. Le vaccin a été conçu à l'Institut Jenner de l'Université d'Oxford en Angleterre, en partenariat avec le laboratoire Astra Zeneca.
2- Le laboratoire Sanofi (France) développe actuellement deux vaccins, à partir de deux technologies différentes. Celui concerné par l'accord avec l'Union européenne et développé avec le britannique GSK utilise la technologie dite de l'ADN recombinant, déjà utilisée pour un vaccin antigrippal. Il devrait faire l'objet d'essais cliniques en septembre et être disponible au premier semestre de 2021.
3- Le vaccin allemand : les premiers essais cliniques d'un vaccin ont été lancés par la société BioNTech, basée à Mayence en coopération avec le laboratoire américain Pfizer.
4- La société chinoise CanSinoBIO collabore avec l'Académie militaire des sciences médicales sur l'un des vaccins anti-Covid-19 les plus avancés à l'heure actuelle. Les données des essais cliniques ont montré «un bon profil de sécurité et des niveaux élevés de réponse immunitaire humorale et cellulaire», s'est félicitée la compagnie cotée à la Bourse de Hong Kong. Elle affirme que la Commission militaire centrale, institution à laquelle est soumise l'armée chinoise, a donné son feu vert le 25 juin à une utilisation du vaccin sur les militaires. A suivre...
5- La rapidité avec laquelle la Russie a réussi à trouver un vaccin, doublant au passage des centaines d'équipes de recherche, laisse perplexe la communauté scientifique internationale. Nous attendons avec impatience les publications des résultats de ce vaccin dans les revues scientifiques internationales de renom.
L'Algérie, comme tous les pays touchés par la pandémie, se prépare à l'importation du vaccin pour la lutter contre le coronavirus. Sur quels critères doit se baser le choix du laboratoire ?
Nos autorités sanitaires doivent être extrêmement prudentes pour autoriser tel ou tel vaccin à prescrire à la population. Elles doivent s'appuyer sur un groupe multidisciplinaire composé d'épidémiologistes, de virologues, d'immunologistes. Un genre de comité scientifique vaccin Covid-19 à créer, ainsi que le comité scientifique actuel. Ce groupe doit définir les grandes lignes d'une stratégie vaccinale dans notre pays. Nos autorités sanitaires doivent aussi insister sur la nécessité absolue de respecter scrupuleusement les mesures barrières, car l'annonce précipitée de la possible disponibilité d'un vaccin peut faire baisser la garde. Elles doivent aussi identifier les populations à vacciner, mais surtout mener une politique agressive de communication crédible, avec une information transparente sans aucun tabou sur le vaccin, car dans le monde entier les sociétés sont très réticentes à ce vaccin.
Les critères retenus pour le choix final du vaccin seront la crédibilité des laboratoires qui ont une expérience avérée dans le domaine de la production des vaccins, la présentation des résultats de leurs travaux et, notamment des méthodologies utilisées dans la plus grande transparence, et leur capacité à fournir ces vaccins au moment où le choix final sera fait.
À quel moment pensez-vous pouvoir mener la vaccination générale en Algérie ? Et quelles seront les populations concernées et les personnes prioritaires ?
Compte tenu de l'avis actuel des experts internationaux, aucun vaccin ne sera disponible avant la fin de l'année. Le vaccin sera probablement disponible au cours du premier trimestre 2021. Mais un autre problème va se poser rapidement : doit-on vacciner la population avec le classique vaccin antigrippal (habituellement disponible au mois de septembre), ou utiliser les deux vaccins antigrippal et anti-Covid-19 ? Dans le cas où un vaccin anti-Covid-19 efficace et sans danger pour la population est mis sur le marché, les populations à vacciner sont clairement identifiées : le personnel soignant (en priorité absolue), les personnels chargés de notre sécurité, les personnes âgées de plus de 65 ans, avec ou sans pathologies chroniques (asthme, hypertension artérielle, diabète, obésité), les femmes enceintes, et les personnes au contact de ces populations.
Que pensent les spécialistes algériens des effets de cette vaccination en masse ?
S'agissant d'un virus nouveau, la prudence est de règle. Devant cette situation sanitaire qui est inédite, il faut prendre le temps de la réflexion et prendre toutes les précautions pour le choix final du vaccin afin de protéger notre population. C'est au groupe d'experts, et, à lui seul, d'éclairer la décision politique finale.
Certains spécialistes et chercheurs considèrent ce vaccin comme un «danger» et certaines franges de la population sont contre la vaccination. Comment les autorités sanitaires ont-elles gérer cette situation ? Et comment va-t-on proposer le vaccin à toute la population ?
C'est le plus grand défi auquel seront confrontées toutes les autorités sanitaires et politiques dans le monde entier. En effet, toutes les enquêtes menées dans de nombreux pays montrent que le pourcentage de la population qui souhaite se faire vacciner en cas de découverte d'un vaccin anti-Covid-19 ne dépasse pas les 20%. Pourtant, il faut vacciner au moins 60 à 70% de la population pour obtenir une immunité collective. Il faut vaincre cette réticence qui est désormais installée au sein des populations dans le monde. La communication sera une des conditions de réussite. Elle doit être transparente sur les procédures ayant permis la mise sur le marché du vaccin en insistant sur la sécurité de la vaccination et sur les fondements scientifiques des recommandations. C'est le rôle du Comité scientifique des investigations et suivi des enquêtes épidémiologiques installé depuis quelques mois. Il doit rapidement donner les premiers résultats de la tendance de la diffusion virale du nouveau coronavirus et, notamment, les résultats d'une enquête nationale sur la perception de notre population quant à la vaccination anti-Covid -19.
Si aucun vaccin n'est trouvé avant l'hiver, ira-t-on vers un nouveau confinement ?
Les spécialistes redoutent la conjonction des effets du virus antigrippal et ceux de la persistance éventuelle du coronavirus. C'est une situation inédite. Voilà pourquoi, il faut insister sur le respect des mesures barrières et ne pas donner l'impression à nos populations que la levée du confinement, qui obéit plus à des considérations sociales et économiques, ne signifie nullement que la pandémie a été vaincue. Un nouveau confinement n'est pas à exclure si nous assistons en fin d'année à une deuxième vague , surtout si les mesures barrières ne sont pas correctement respectées.
Ry. N.


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