Grande figure politique du Mali, le chef de l'opposition Soumaïla Cissé, décédé du Covid-19, le 25 décembre dernier, à l'âge de 71 ans, est devenu un symbole de concorde nationale, avec le défilé de nombreuses personnalités maliennes et étrangères, amis et anonymes, venus par milliers rendre hommage à celui qui était pressenti pour affronter l'ancien président Ibrahim Boubacar Keita, lors de l'élection présidentielle anticipée que réclamait avec force la contestation emmenée par l'imam Moussa Dicko. Son cercueil exposé au Palais de la culture, à Bamako, vendredi dernier, avant l'inhumation, aura cristallisé toute la ferveur dont l'homme bénéficiait auprès de la rue malienne. Eminent personnage public, Soumaïla Cissé avait, par trois fois, tenté de ravir le siège de président et son aura a été particulièrement accrue au lendemain de son enlèvement, en pleine campagne pour les législatives, le 25 mars 2020, par les terroristes du Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al Qaïda. Durant les six mois de sa détention, les dirigeants maliens, que ce soit sous l'autorité de l'ancien chef de l'Etat, IBK, ou celle des dirigeants de la transition issue du putsch du 18 août, ont multiplié les efforts pour négocier sa libération, tant son sort était devenu une cause politique nationale. Il sera, finalement, relâché, en même temps que trois autres otages, la Française Sophie Petronin et deux Italiens, dont un prêtre, moyennant une rançon de l'ordre de 30 millions d'euros, pour la première, et de 10 millions d'euros, pour les deux autres, payés par le Vatican, selon une source mauritanienne. Outre le paiement des rançons, plus de 200 terroristes ont été relâchés par les autorités du pays, dans le cadre de l'échange conclu avec le groupe terroriste. Soumaïla Cissé était considéré aussi bien par l'opinion en général que par les forces politiques en particulier comme le candidat idéal pour succéder à IBK, au terme de l'actuelle phase de transition que traverse le Mali, confronté à une tourmente sécuritaire, de plus en plus dramatique. Des délégations représentant les partis amis étaient présentes à la cérémonie, venues de Côte d'Ivoire, du Sénégal ou du Burkina Faso. Le Premier ministre de transition, Moctar Ouane, s'est rendu au Palais de la culture, de même qu'un de ses anciens rivaux, Bocary Treta, pour s'incliner en sa mémoire. Soumaïla Cissé était «un homme bon et de bien... Nos chemins se sont croisés parce qu'il était chef de l'opposition et moi, président de la majorité présidentielle. Mais quand il s'agissait du Mali, nous nous sommes retrouvés», a-t-il indiqué. Il semble que le Mali n'aura pas même le temps de pleurer le disparu, tant les évènements se bousculent. La justice malienne a, en effet, inculpé, jeudi dernier, six personnalités accusés de tentative de coup d'Etat. Hier, c'est le parquet qui a confirmé l'ouverture d'une information judiciaire à l'encontre de l'ancien Premier ministre malien, Boubou Cissé et cinq autres personnalités, pour atteinte à la sûreté de l'Etat, selon des médias locaux. En plus de l'ancien Premier ministre d'IBK, Vital Robert Diop, directeur général de la société PMU-Mali, Aguibou Macky Tall, directeur général adjoint de l'Agence de gestion du fonds d'accès universel, Souleymane Kansaye, receveur général au Trésor, Sékou Traoré secrétaire général de la Présidence et enfin Ras Bath, artiste et animateur radio, sont poursuivis pour le même chef d'inculpation.