L'armée éthiopienne a annoncé avoir tué quatre hauts responsables du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), la région dissidente du nord de l'Ethiopie où le gouvernement d'Addis-Abeba a envoyé ses troupes début novembre, rapporte la radio-télévision Fana BC. Les soldats éthiopiens ont également capturé neuf autres membres de ce parti qui dirigeait le Tigré avant d'être renversé par Addis-Abeba, a affirmé le général Tesfaye Aylew, lors d'une communication effectuée jeudi soir. Un porte-parole du TPLF, Sekoture Getachew, et l'ancien chef du bureau financier du parti, Daniel Assefa, ont été tués lors de cette opération, a précisé le militaire. L'ancien directeur de l'Autorité éthiopienne des médias (EBA), Zeray Asgedom, et un journaliste proche du parti, Abebe Asgedom, sont également morts. Le chef du TPLF, Debretsion Gebremichael, et les principaux dirigeants du parti sont eux toujours en fuite depuis fin novembre et la chute de la capitale régionale du Tigré, Mekele. Mi-décembre, l'armée éthiopienne avait annoncé offrir une récompense d'environ 200.000 euros pour des informations permettant de les localiser. Le Premier ministre Abiy Ahmed a lancé le 4 novembre cette opération militaire contre le Tigré, après des mois de tensions entre le pouvoir central et le TPLF. Aux commandes du Tigré, ce parti a auparavant détenu les leviers de pouvoir durant près de 30 ans dans la capitale fédérale Addis-Abeba, après la chute du dictateur Mengistu, puis il a été progressivement marginalisé par M. Abiy depuis son arrivée au pouvoir en 2018. Après son offensive, le prix Nobel de la paix 2019 a installé une nouvelle administration au Tigré et a déclaré la fin officielle de son opération militaire fin novembre. Depuis, le Tigré reste très difficile d'accès pour les Nations unies, les journalistes et les organisations humanitaires. Aucun bilan précis du conflit au Tigré n'est disponible, mais les combats ont poussé plus de 50.000 personnes à trouver refuge au Soudan voisin et en ont déplacé plus de 63.000 à l'intérieur de la région, selon l'ONU.Les personnes déplacées qui retournent dans la région du Tigré en Ethiopie, ravagée par le conflit, trouvent leurs maisons, leurs bâtiments gouvernementaux et leurs infrastructures pillés, endommagés ou même détruits, ont déclaré jeudi des humanitaires des Nations unies. Deux missions conjointes d'évaluation des besoins ont été déployées au Tigré le 20 décembre dernier, après que les forces du gouvernement fédéral éthiopien eurent commencé une campagne militaire dans l'Etat régional le plus septentrional du pays au début du mois de novembre dernier. La mission déployée dans le sud du Tigré a déclaré que la vie à Alamata, Mehoni et Mekele revient progressivement à la normale avec la reprise de certains services de base, notamment l'électricité et les télécommunications, a indiqué le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) des Nations unies dans un communiqué. La majorité des personnes déplacées sont rentrées chez elles ou sont en train de le faire. Cependant, la plupart de leurs biens ont été pillés ou détruits. Outre le pillage de propriétés privées, la mission a également observé des dommages massifs et/ou du vandalisme dans les centres de santé publique et l'absence de personnel de santé, a fait savoir le BCAH. Selon les deux missions d'évaluation, les réserves de nourriture sont très limitées et seuls des produits alimentaires locaux sont disponibles et à des prix en hausse. La nourriture, la sécurité, le logement, les articles non alimentaires, la santé, la nutrition, l'eau, l'assainissement et l'hygiène sont les besoins prioritaires identifiés. Les infrastructures doivent être restaurées d'urgence car de nombreux bâtiments, notamment des écoles, des hôpitaux et des bureaux administratifs, ont été pillés et endommagés. Les installations sanitaires en dehors des grandes villes ne sont pas opérationnelles et celles des grandes villes fonctionnent partiellement, avec un stock de fournitures limité voire inexistant et l'absence de personnel de santé, a ajouté le BCAH. Depuis que le conflit a éclaté, seules 77.000 personnes, pour la plupart dans la capitale Mekele et ses environs, et 25.000 réfugiés dans deux camps ont reçu une aide alimentaire des Nations unies et de ses partenaires.