Bouira est un exemple concret de la composante multilinguistique et culturelle de notre pays. La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a effectué, dernièrement, une visite à travers la wilaya de Bouira. Cette venue se voulait un geste pour la relance d'un secteur en hibernation depuis des années malgré le grand potentiel qu'offre la wilaya de Bouira. La décision de la ministre d'octroyer 50 millions de dinars pour la restauration du mur de Sour El Ghozlane, 10 millions pour l'aménagement du tombeau de Takfarinas et 30 millions pour la caserne de la même ville sont des signes concrets qui s'inscrivent dans la perspective d'une relance des efforts pour la préservation du patrimoine national. S'étalant sur plusieurs zones aux moeurs et histoires différentes, la wilaya de Bouira est un exemple concret de la composante multilinguistique et culturelle de notre pays. Cette donne n'a pas été exploitée par les responsables qui se sont succédé à la tête du département de la culture. Les directeurs de wilaya se sont toujours confinés dans des bureaux pour ne réagir que par circonstance. La ministre, qui s'est dirigée à Sour El Ghozlane, a constaté de visu les détériorations qui sont venues à bout du Sour, un vestige et une preuve de la longue présence coloniale à Aumale, ville où De Gaulle a passé une nuit. La ministre a insisté sur l'obligation de rétablir les trois portes et de restaurer le mur qui est une partie de l'histoire de l'Algérie. A El Hakimia, le tombeau de Takfarinas, la figure légendaire de la lutte numide pour la liberté, a été visité par le cortège officiel. De retour à Bouira, chef-lieu de wilaya, la ministre a inspecté le Centre régional de musique, domicilié dans une ancienne église, et a décidé de le transformer en institut des Beaux-Arts. Ce centre dispense des cours théoriques et pratiques en musique. Une exposition d'art plastique a été installée pour la circonstance. L'autre point important reste le «Fort turc» de Draâ El Bordj. Ce lieu détérioré et longtemps squatté fait l'objet d'une étude pour sa réhabilitation. Depuis plus de 4 ans, on ne cesse de parler de ce projet qui ne veut pas voir le jour. En guise d'explication, on annoncera à l'hôte de la wilaya que le projet est en cours. Le point positif et satisfaisant de cette visite reste la Maison de la culture. Cette structure réalisée en lieu et place du CEM Gouizi-Saïd ravagé par un incendie, est un chef-d'oeuvre architectural. Son apport sera immense à la condition d'être pourvu en moyens matériels et humains. Situé à côté du siège de la wilaya, cet établissement structurant doit bénéficier d'un intérêt particulier de la part du département de Mme Toumi qui doit, dans l'immédiat, le doter d'un budget de fonctionnement et d'équipement. Cette Maison de la culture qui dispose de salles, d'amphis, de halls d'exposition, pourra, à l'avenir, répondre à la demande en matière de locaux aptes à recevoir des activités. La wilaya seule ne peut pas répondre aux exigences d'une telle infrastructure. Pour l'avenir et pour inciter les jeunes à la lecture, une tradition qui tend à se perdre, trois études pour la réalisation de trois bibliothèques au niveau de Bouira, Aïn Bessam et Sour El Ghozlane sont en cours. La ministre a été interpellée pour tenter de trouver une solution aux problèmes des centres culturels. L'immobilier appartient aux APC qui, pour la grande majorité, souffrent d'un déficit budgétaire. Dans le cadre des aides consenties par l'Angem au profit des jeunes, 12 décisions de petits crédits sans intérêts (PNR) ont été attribuées pour l'occasion. Cette première sortie de la ministre de la Culture dans la wilaya de Bouira est peut-être un signe de l'intérêt des pouvoirs publics à une région qui a concrétisé l'amalgame et la cohabitation entre les différentes composantes de la société algérienne. Les trois dimensions, linguistique, culturelle et religieuse de notre nation sont une réalité à Bouira. Le potentiel local en matière de création et de génie a, de tout temps, été victime d'une gestion administrative de la culture, d'une marginalisation et d'une programmation conjoncturelle. Khalida Toumi, qui a des origines familiales à Aïn Bessam, connaît bien la wilaya et ses capacités. Cette visite est peut-être le début d'une ère nouvelle qui permettra à la culture de revenir à ses hommes et femmes. C'est là l'espoir de toute une wilaya. Signalons pour conclure que cette visite s'inscrit, selon certaines indiscrétions, dans la perspective d'un large mouvement dans le corps des responsables locaux de ce secteur qui a besoin d'un souffle nouveau.