La première chambre pénale près la cour d'Alger a décidé de rendre le verdict dans l'affaire du montage automobile et du financement occulte du 5e mandat de Bouteflika, le 28 janvier prochain. Au dernier jour du procès, les plaidoiries se sont poursuivies jusqu'à minuit samedi dernier. L'incroyable aveu d'Ahmed Ouyahia sur la vente au marché noir de lingots d'or offerts par les émirs des pays du Golfe aux responsables qui leur organisaient la chasse à l'outarde et la gazelle, des espèces protégées au Sud du pays, a défrayé la chronique et cassé la monotonie de ce procès qui a duré six jours. Très attendu pour donner des clarifications sur ce qui a poussé son avocat a qualifier ces déclarations à l'audience d'un «mensonge légal circonstancié», Ouyahia n' a pas pipé mot, depuis sa prison à Abadla (Béchar) lorsque la présidente de l'audience lui demande quel est son dernier mot? L'ancien Premier ministre s'est contenté de clamer son innocence. Dans ce contexte, plusieurs partis politiques ont appelé à l'ouverture d'une enquête sur cette mystérieuse affaire de lingots d'or où seraient impliqués d'autres hauts responsables. De leur côté, Abdelmalek Sellal et les anciens ministres de l'Industrie ont plaidé leur innocence à la clôture de ce dossier. La réouverture de ce dossier est qualifiée par les avocats de la défense d'un fait «sans précédent» dans les annales de la justice algérienne. La Cour suprême, faut-il le rappeler, avait accepté le pourvoi en cassation introduit par les accusés et décidé, en novembre dernier, de programmer un troisième procès dans ce dossier après avoir désigné nouveau trio de la chambre pénale. Cette instance a considéré que «les raisons de condamnations prononcées par le tribunal de première instance et la cour d'appel, ne sont pas assez justifiées». Il faut dire que cette décision a suscité un «brin d'espoir» auprès des accusés, leurs proches, mais également auprès des avocats de la défense. L'idée de l'«instruction à charge pour fabriquer au pas de charge des dossiers et relayer des accusations dont l'objectif d'atténuer la colère de la rue en pleine ébullition», a été souvent évoquée par la défense des accusés. Le montage automobile est le premier dossier de corruption traité par le tribunal de Sidi M'hamed en décembre 2019, dans lequel sont poursuivis les deux anciens Premiers ministres, Ouyahia et Sellal, les anciens ministres de l'Industrie Youcef Yousfi, Mahdjoub Bedda et Abdessalem Bouchouareb, ainsi que l'ancien ministre des Transports, Abdelghani Zaalane. Egalement condamnés dans cette affaire, les patrons des usines automobiles, Hassan Larbaoui et Mohamed Bairi ainsi que l'ex-président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Ali Haddad. Les pertes occasionnées au Trésor public dans cette affaire sont de 175 milliards de dinars, selon les chiffres officiels. Pour rappel, le procureur de la République avait requis 20 ans de prison ferme contre les deux ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, 15 ans contre Youcef Yousfi, ex- ministre de l'Industrie et 8 ans de prison contre Farès Sellal. Le représentant du parquet général a requis une peine de 10 ans de prison ferme pour les hommes d'affaires, Ali Haddad, Hassen Arbaoui, Mohamed Baïri et Athmane Maâzouz. En mars dernier, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont été condamnés, respectivement, à des peines de 15 ans et 12 ans de prison. Les deux anciens ministres de l'Industrie ont été, quant à eux, condamnés à cinq ans de prison.