Grâce à l'apport de l'Ansej, beaucoup de jeunes ont réussi à passer du statut de chômeur à celui de chef d'entreprise. Trouver un emploi, aussi simple soit-il, n'est pas chose aisée. En finir définitivement avec la hantise du chômage, avec, en prime, le statut de chef d'entreprise, passe pour être un exploit quasi impossible à réaliser par ces temps de saturation du marché de l'emploi. Pourtant, ce rêve, apparemment inaccessible, est déjà une réalité pour nombre de jeunes Algériens. Hammadi, modéliste de son état, âgé à peine de 25 ans, est de ceux qui ont su renverser le cours de leur vie. Chômeur en 2003, il devient gérant d'une entreprise en 2005. Il dirige la Sarl Style Mode, spécialisée dans la confection industrielle de vêtements. Il doit sa fulgurante réussite au dispositif Ansej. Rabah n'est pas un cas isolé. Nous avons rencontré plusieurs autres jeunes qui, en l'espace de quelques années seulement, sont passés du statut de chômeur à celui de chef d'entreprise. Souvent, l'initiative démarre à partir d'une ambition. Souvent, elle est, au départ, un rêve, une sorte d'abstraction, mais si l'homme n'était pas un rêveur, il n'aurait jamais inventé l'avion. Aussi, le rêve, doublé d'une ambition réelle, a une part importante dans le succès des jeunes que nous avons rencontrés. Des cas révélateurs Lors de notre déplacement à quelques-unes des entreprises créées dans le cadre de l'Ansej, nous avons constaté que la réussite est bel et bien du domaine du possible. Le cas de Rabah est, à ce propos, révélateur. Qu'on en juge : le chômage, le manque d'argent, la «détérioration» des conditions de vie, ont poussé Rabah à trouver un moyen de gagner sa vie. Après avoir frappé, vainement, à toutes les portes pour décrocher un poste de travail, Rabah n'a trouvé d'autre solution que de tenter sa chance en créant une entreprise. «Toutes les portes étaient fermées devant moi au début, pas de travail ni d'occupation. Je passais le plus clair de mon temps, à me balader, du matin au soir, dans les ruelles de Birkhadem», se souvient le jeune Rabah. «Un jour j'ai eu l'idée de créer une entreprise de confection de vêtements. Après m'être bien renseigné sur le dossier, j'ai entamé ensuite les démarches nécessaires, et voilà, aujourd'hui, je gère une entreprise de 25 personnes», raconte, satisfait, notre interlocuteur. Le but que s'est fixé ce jeune, à savoir, de créer une microentreprise pour gagner sa vie, a été largement atteint. Depuis sa création en 2005, avec un investissement de 6243.430 DA, la société Style Mode, a créé 25 postes d'emploi pour les spécialistes du domaine, dont la majorité sont des pères de famille. Ce n'est pas tout. Grâce à son personnel qualifié, Style Mode assure, également la formation et l'encadrement de jeunes désirant devenir un jour des modélistes. «En plus de la formation, nous donnons aussi l'occasion aux élèves des centres de formation, d'effectuer leur stage pratique de fin d'études de modélistes», a déclaré Rabah. Aujourd'hui, Style Mode dispose d'un véritable réseau de distribution à l'échelle nationale. «Nos produits se vendent sur l'ensemble du territoire national. Cela, grâce à la qualité du travail», assure-t-il encore. Les satisfactions sont multiples chez le Boss et sa famille. «Le fait de voir les vêtements produits par Style Mode, portés par des connaisseurs en matière d'habillement, est déjà une satisfaction en soi», déclare notre modéliste. «Grâce à l'Ansej, ajoute-t-il, je sens que je suis utile dans cette société. Je crée de la plus-value et de l'emploi.» En homme d'affaires, désormais bien installé, Hammadi partage les mêmes soucis que ses pairs. Il assure que son entreprise aurait fait de meilleurs progrès si elle n'était pas confrontée à «la concurrence déloyale de l'informel sur le marché du prêt-à-porter en Algérie». Les produits chinois, contrefaits, empêchent, selon lui, le secteur de progresser. Et d'ajouter: «Si ça continue, beaucoup d'entreprises vont baisser rideau». Découvrant donc sur le terrain la difficulté d'exercer dans cette branche d'activité, soumise à la forte pression de l'industrie chinoise, Hammadi n'est vraisemblablement pas du genre à s'avouer vaincu. Il dit avoir toute la volonté de se battre, non pas seulement pour réussir, mais aussi parce qu'il se sent responsable de 25 familles. Style Mode n'est pas le seul exemple de réussite. Profitant du crédit octroyé dans le cadre de l'Ansej, des milliers d'autres jeunes ont vaincu le chômage. Et ce qui fait particulièrement plaisir, c'est de voir que l'esprit combatif n'est pas l'apanage des hommes. De belles Success Story ont été l'oeuvre de la gent féminine. En voilà d'ailleurs, un parfait exemple : gérée par Mlle Bergui Yamina, l'Eurl Production agroalimentaire Orient, spécialisée dans la fabrication de condiments divers tels que le vinaigre et l'eau de fleur d'oranger, est un exemple à méditer. De l'ambition à en revendre Cette femme, titulaire d'un DEA en chimie industrielle, obtenu à l'université de Bab Ezzouar, est aux commandes d'une société qui affiche l'ambition de conquérir le marché national et même international. «Après tout le travail effectué en Algérie, notre objectif, maintenant, est de prospecter des marchés dans d'autres pays», déclare Yamina. Ce défi n'est pas impossible pour cette battante qui a prouvé son savoir-faire en matière de gestion. Beaucoup de sociétés gérées par des femmes ont réussi ce challenge, à l'image de la Sarl Casbah, spécialisée, au même titre que Production agroalimentaire Orient, dans la fabrication de condiments divers,(vinaigre, sel, fleur d'oranger). Créée en 1998 avec un investissement de 1688.941 DA, la Sarl Casbah a réalisé en 2005 un chiffre d'affaires de 50 millions de dinars. A en croire les déclarations de sa directrice, Bellemou Nawel, la société a réalisé une croissance appréciable. «Nous avons commencé avec des moyens très limités. Mais en quelques années, nous avons fait une frappe considérable.» Les chiffres avancés, témoignent de cette progression significative. «Nous avons recruté 42 personnes», témoigne-t-elle. Selon la directrice, la production de son entreprise a également progressé passant de 10.000 bouteilles de vinaigre par jour, à 30.000 actuellement. Avec ces chiffres, la Sarl Casbah occupe 28% du marché national des condiments divers. Ce n'est pas tout: le vinaigre Casbah, est exporté vers plusieurs pays arabes et occidentaux, à l'image de la Libye, des Emirats arabes unis, du Canada, de l'Italie, de la France et de l'Angleterre. Outre le domaine de fabrication et de production, plusieurs autres micro-entreprises versées dans le secteur des services telles que les écoles de formation et les cliniques privées, ont été créées dans le cadre de l'Ansej. Parmi celles-ci, nous avons visité le centre médico-diagnostic, sis, à El Magharia, ex-Leveilley, à Hussein-Dey. Créé en 2000, comme cabinet médical par deux médecins généralistes et une infirmière, cet établissement s'est «transformé», quelques années plus tard, en centre médico-diagnostic. Ce dernier s'est vu doter de nouvelles infrastructures équipées d'un matériel ultrasophistiqué. «Au début, j'assurais des soins en compagnie de deux autres généralistes et une infirmière. On avait, seulement, deux cabinets médicaux. Actuellement, le centre est constitué de trois étages, doté d'un matériel de pointe, et ce, dans différentes spécialités», a déclaré le Dr Boudissa, premier responsable du centre. Parmi les services assurés, on cite celui de la médecine générale, de la gastro-entérologie, de la pédiatrie, de la cardiologie, de la neurologie, de la diabétologie, etc. En plus des analyses médicales, le centre assure les explorations telles que la fibroscopie, la coloscopie, la radiologie, le scanner, l'échographie et enfin le service d'observation. Cette diversité de services a poussé le Dr Boudissa à renforcer son équipe. Ainsi, une vingtaine de personnes, sans compter les médecins, ont rejoint les rangs du centre. «Presque une trentaine de personnes gagnent leur vie dans cet établissement médical», souligne-t-il. Cela, sans oublier les services énormes que rend le centre à la population, notamment, parce qu'il pratique des prix abordables. Selon le même interlocuteur, les prix du centre sont très abordables. «Nous travaillons d'abord pour la santé publique. Nos prix sont deux fois moins chers que ceux des autres cabinets spécialisés», soutient encore le chef d'entreprise. La dernière entreprise visitée, est International Hotel School (IHS), spécialisée dans les hautes études en hôtellerie et restauration. Malgré son jeune âge, créée officiellement en 2005, IHS développe une démarche professionnelle. Elle assure des programmes de formation adoptés par les plus prestigieuses écoles internationales. Si cette école fonctionne selon les normes internationales, ce n'est sûrement pas le fruit du hasard. Le premier avantage, outre l'apport de l'Ansej, est le fait que la maison est gérée par un professionnel du secteur. Après avoir passé une douzaine d'années dans ce métier aux Etats-Unis d'Amérique, Rabah Rouane a décidé de mettre son savoir-faire au service de son pays, qui cherche à retrouver sa place dans le tourisme international. «Comme chaque citoyen jaloux de son pays, je suis revenu en Algérie pour contribuer, à ma façon, à la formation de mes concitoyens désirant embrasser une carrière dans le domaine de la restauration et de l'hôtellerie», explique le gérant de IHS. Que représente pour vous l'Ansej? A cette question que nous avons posée aux chefs d'entreprise rencontrés, la réponse a été: «La clé de la réussite pour les jeunes.»