Le code régissant l'attribution des marchés publics en Algérie souffre encore de lourdeurs administratives aiguës. C'est du moins le constat qui a été dressé hier, au centre de presse du quotidien El Moudjahid, lors de la conférence relative à la réglementation et au code des marchés publics. En effet, ces lourdeurs deviennent d'autant plus aiguës après la mise sur rails du Programme de soutien à la relance économique. Rappelons qu'une enveloppe financière estimée à 55 milliards de dollars a été injectée à cet effet. Néanmoins, les entrepreneurs et opérateurs économiques ne cessent de se plaindre de la façon avec laquelle on procède à l'attribution des marchés publics. «Le plus grand casse-tête auquel est confronté l'entrepreneur est celui de l'avis d'appel d'offres», souligne d'emblée le représentant de l'Union nationale des entrepreneurs algériens, M.Denouni. Se voulant plus explicite, celui-ci donne l'exemple relatif aux avis d'appel d'offres qui sont publiés dans les différents journaux de la presse nationale. «Dans 79% des appels d'offres, le maître d'ouvrage ne fixe ni ne précise la date à respecter pour le dépôt des soumissions. Pis encore, parfois ils sont publiés dans des journaux à très faible tirage ce qui pénalise, de ce fait, les entrepreneurs qui ne sont plus tenus au courant des différents marchés qui seront attribués». En outre, l'intervenant n'a pas manqué l'occasion pour souligner que le code régissant l'attribution des marchés publics est obsolète. Argumentant ses propos, le représentant de l'Union nationale des entrepreneurs algériens a mis sur la table les éléments entravant l'entrepreneur qui veut soumissionner, notamment celui relatif à la caution de soumission. «Pour la réalisation d'un projet d'un milliard de centimes, l'entrepreneur devra débourser, sous forme de caution, pas moins de 34 millions de dinars avant même le début des travaux de réalisation», déplore M.Denouni. D'ailleurs, ce même problème est rencontré par les entrepreneurs du Btph. «Il faut revoir la caution de soumission de sorte à permettre aux PME de décrocher des commandes publiques», a indiqué le représentant du patronat algérien, M.Moula. «Si on continue à travailler avec le code actuel, les 200.000 entreprises activant dans le bâtiment finiront par mettre la clef sous le paillasson, parce qu'elles n'arrivent plus à décrocher des marchés», a persisté M.Moula. Celui-ci n'a d'ailleurs pas manqué de préciser que les marchés du bâtiment sont, dans leur majorité, attribués à des entreprises étrangères. «Ces entreprises réussissent facilement à obtenir des marchés. Pourtant, les documents qu'elles fournissent leurs sont délivrés par des banques étrangères», a déclaré M.Moula et d'ajouter : «Les entrepreneurs algériens ne sont pas mis sur un pied d'égalité avec ceux venus d'ailleurs. Les Algériens devront disposer d'une caution, d'un montant de 5% du coût du projet à réaliser, délivrée par une banque algérienne. On veut vraiment nous étouffer». Le représentant du patronat algérien a indiqué, par ailleurs, que les opérateurs nationaux sont capables de réaliser le million de logements promis par le chef de l'Etat. «Il existe en Algérie au minimum 50.000 entrepreneurs activant dans le secteur du Btph. On aurait dû ne pas faire appel aux étrangers ou bien il fallait leur imposer de sous-traiter avec les entreprises algériennes», a-t-il indiqué. Reste maintenant à se demander si cette pléthore d'entreprises jouit de la crédibilité la qualifiant à se lancer dans de pareilles réalisations.