Le 34e sommet ordinaire de l'Union africaine (UA) s'est ouvert, hier, avec comme ordre du jour la pandémie de la Covid-19, les élections de la Commission de l'UA, et d'autres points urgents en matière de paix et de sécurité, dont le conflit du Sahara occidental. Le premier ministre, Abdelaziz Djerad, prend part à ce sommet en qualité de représentant du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. La session de cette année, inscrite sous le thème: «arts, culture et patrimoine: des leviers pour construire l'Afrique que nous voulons», se tient par visioconférence en raison de la pandémie de Covid-19. Comme tous les quatre ans, la Commission de l'UA élira les candidats à la présidence, à la vice-présidence et les six commissaires. Il s'agit des premières élections organisées après des réformes institutionnelles qui ont fait passer le nombre de commissaires de huit à six. Quatre départements ont été fusionnés pour en former seulement deux. Les départements Affaires politiques et Paix et sécurité ne font plus qu'un, tout comme les départements Affaires économiques et Infrastructure et énergie. A ce titre, un rapport sera présenté par le président rwandais, Paul Kagame. Le vote est habituellement à bulletin secret mais, cette année, étant donné les mesures sanitaires liées à la Covid-19, ces élections se tiendront en ligne. Le président sortant, Moussa Faki Mahamat, est le seul candidat à sa propre succession. S'il est réélu, il sera le premier président à obtenir un second, et dernier, mandat. Le règlement actuellement en vigueur stipule que si suffisamment d'Etats s'abstiennent et que Faki n'obtient pas le nombre de voix requis, la commission devra reporter les élections jusqu'au prochain sommet, ce qui implique une période d'incertitude pouvant aller jusqu'à douze mois. Si les élections sont suspendues, l'UA devrait éviter un report tardif et s'arranger pour organiser des nouvelles élections le plus tôt possible. Lors de ce sommet, qui réunira les dirigeants des 55 membres, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, prendra la présidence de l'UA, assurée en 2020 par le président de l'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa. Ce dernier présentera le rapport sur les progrès réalisés en ce qui concerne la réponse de l'UA à la pandémie. Après sa réinscription à l'agenda du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, le dossier du Sahara occidental est devenu la priorité absolue de l'UA. Le 14e Sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement a décidé de réinscrire la question du Sahara occidental à l'agenda du Conseil pour donner un nouveau souffle à ce dossier. La décision jette la lumière sur les derniers développements survenus en République sahraouie suite à l'agression militaire marocaine à El Guerguerat le 13 novembre dernier et intervient pour mettre un terme aux tentatives du Maroc d'écarter l'organisation africaine des efforts visant à trouver une solution au conflit au Sahara occidental qui puisse garantir au peuple sahraoui son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance. Lorsqu'il avait annoncé sa candidature pour un second mandat, M. Moussa Faki, avait défini le conflit du Sahara occidental comme l'une de ses priorités au cours de la période (2021/2024). L'année 2021 sera tout aussi importante que 2020 pour le continent, puisque la pandémie continue de faire rage. Les responsables espèrent que la zone de libre-échange continentale africaine, devenue effective le 1er janvier 2021, contribuera à stimuler le commerce africain et à contrebalancer l'impact économique majeur de la Covid-19. Aussi, l'UA devrait dégager du temps pour aborder une série de points urgents en matière de paix et de sécurité. Il s'agit, notamment selon Crisisgroup, de veiller au succès de l'élection de la Commission de l'UA, limiter les dégâts des violences post-électorales en République centrafricaine, gérer les répercussions du conflit au Tigré en Ethiopie. Ce rendez-vous africain de deux jours, constitue également une occasion de s'impliquer en Libye, de redonner la priorité aux stratégies politiques au Sahel, de soutenir la Somalie pendant ses élections et au-delà. Cette liste de priorités qui n'est pas exhaustive, mentionne, Crisisgroup, met en exergue les situations dans lesquelles le rôle de l'UA peut se révéler déterminant cette année. Selon ce Think Tank, le continent est confronté à d'énormes défis, d'autant plus avec la Covid-19 qui a détourné l'attention des conflits les plus urgents et perturbé les cycles de financement en faveur des initiatives de développement et de sécurité. «Dans la mesure où elle recevra probablement moins de financements de la part des Etats membres comme des partenaires internationaux, la capacité de l'UA à faire face à certaines crises, en particulier par la voie politique, sera plus importante que jamais», estime la même source.