L'autorité exécutive unifiée en Libye, élue vendredi à Genève sous l'égide de l'ONU, est face à de nombreux défis dont la formation du gouvernement de transition, la préparation des prochaines élections, l'évacuation des mercenaires et forces étrangères du pays et l'instauration d'une «réconciliation nationale», affirment des observateurs de la scène politique libyenne. En ce qui concerne la mise en place du gouvernement de transition, Abdel Hamid Dbeibah, élu Premier ministre intérimaire, s'est dores et déjà engagé à «écouter et à travailler avec tous les Libyens, quelles que soient leur idéologie, leur appartenance ou leur région». Les propos de M. Dbeibah renseignent, indique-t-on de mêmes sources, sur la composante du prochain exécutif intérimaire qui devrait être inclusive et représentative de toutes les régions libyennes». Le Premier ministre intérimaire aura aussi, en formant son gouvernement, à respecter la représentativité féminine dont le quota est foxé à 30%. La Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) s'est montrée exigeante sur cette question, en affirmant qu'«elle veillera scrupuleusement au respect de cette condition». Pour ce qui est de la préparation des prochaines élections législatives et présidentielle prévues le 24 décembre 2021, l'autorité exécutive unifiée aura à superviser de près le travail de la Haute commission électorale libyenne (HNEC) qui a lancé officiellement les préparatifs en rapport avec le volet humain, technique, logistique et financier, selon les médias libyens. L'équipe de M. Dbeibah oeuvrera aussi, dans ce chapitre, à solliciter l'aide et le soutien de l'ONU et autres organisations internationales en ce qui concerne l'envoie d'observateurs et l'aide technique et logistique. Sur le volet de l'évacuation des mercenaires et forces étrangères présentes en Libye, dont le nombre est estimé selon la Manul à 20000, l'autorité exécutive unifiée oeuvrera à «convaincre le Conseil de sécurité d'exercer une pression sur les pays concernés d'oeuvrer sans délais à leur rapide évacuation. Le Conseil de sécurité et l'ONU ont, pour rappel, donné leur accord au déploiement restreint d'observateurs en Libye, afin de superviser aux côtés des forces relevant du Comité militaire mixte libyen (5+5) le cessez-le feu en vigueur. L'autorité exécutive unifiée devrait s'atteler aussi, chemin faisant, à améliorer le cadre de vie des Libyens, en veillant à rendre disponibles les produits alimentaires, à faire face à la crise sanitaire due au Covid-19, à poursuivre la réouverture des axes routiers et la reprise de la production des champs pétroliers. Le chantier de réconcilier les Libyens, dont le pays était livré au chaos depuis près de dix ans, est le grand chantier qui attend l'autorité exécutive unifiée, selon les analystes et les médias locaux. M. Dbeibah et son équipe seront appelés en «urgence» à «enterrer les différends» entre les régions et à convaincre les parties libyennes de la nécessité de travailler la main dans la main et de privilégier l'intérêt suprême du pays pour réussir le défis de la réconciliation. Le représentant permanent de la Libye à l'ONU, Taher al-Sunni, avait appelé dans sa récente intervention devant le Conseil de sécurité, l'Union africaine à parrainer la voie de la réconciliation, indiquant que «l'Afrique est la seule à même de réussir cette tâche compte tenue de ses expériences passées». «Nous réitérons notre appel à l'Union africaine à parrainer immédiatement la voie de la réconciliation nationale et à ne pas attendre la permission pour cela, car l'Afrique est la seule à pouvoir jouer ce rôle, en raison de ses expériences antérieures et de sa connaissance de la question libyenne et sa spécificité», a souligné le délégué libyen.La médiation africaine a été aussi souhaitée par le SG de l'ONU, Antonio Guterres, qui a appelé, lors de son rapport semestriel présenté récemment devant le Conseil de sécurité, à tenir une conférence de réconciliation nationale en Libye. Les participants au Forum de dialogue politique libyen, réunis sous les auspices de l'ONU, à Genève en Suisse, ont désigné vendredi, lors d'un vote, Abdel Hamid Dbeibah comme Premier ministre intérimaire, qui aura pour tâche depréparer les élections prévues en décembre prochain. M. Dbeibah ainsi que les trois membres du Conseil présidentiel désignés avec lui devront «réunifier les institutions de l'Etat et assurer la sécurité» jusqu'aux élections. Le Premier ministre désigné devra «dans un délai ne dépassant pas 21 jours, former son cabinet», a expliqué l'émissaire par intérim de l'ONU en Libye Stephanie Williams. Il disposera de 21 jours supplémentaires pour obtenir le vote de confiance au Parlement, ce qui mène, au maximum, au 19 mars, a-t-elle dit lors d'une conférence de presse.