Aux grands maux, les grands remèdes. Après des soins en Allemagne, le président Abdelmadjid Tebboune a repris les choses en main dan le but de faire sortir le pays de sa léthargie. Dès le lendemain de son retour, il a entamé des consultations des partis politiques, en rencontrant notamment les présidents du mouvement El-Bina, Abdelkader Bengrina, du Front El-Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, de Jil Jadid, Soufiane Djilali, du Mouvement de la société pour la paix, Abderrazak Makri, du président du Mouvement El Islah, Filali Ghouini, ainsi que d'une délégation du Front des forces socialistes (FFS) composée du premier secrétaire national, Youcef Aouchiche, et du membre de l'instance présidentielle du parti, Hakim Belahcel. À l'issue de leurs audiences respectives, ces responsables politiques ont été unanimes à affirmer avoir «perçu une volonté de remédier à la situation dans les plus brefs délais pour répondre aux aspirations de tous les citoyens». «Il nous a, en effet, confirmé qu'il procédera à un remaniement partiel de l'Exécutif pour équilibrer le gouvernement», confie Soufiane Djilali qui précise que le chef de l'Etat n'a prononcé aucun nom de ministres susceptibles de quitter le gouvernement. Un lifting s'impose de lui-même tant les résultats sur le terrain laissent à désirer. Le remaniement est depuis longtemps dans l'air. Abdelmadjid Tebboune en a d'ailleurs fait allusion avant son départ en Allemagne. Il a remis en cause l'efficacité du gouvernement qu'il a lui-même nommé. «Houkouma fiha ou aâliha» («Dans le gouvernement, il y a du bon et du mauvais») avait lâché le chef de l'Etat juste avant de s'envoler pour l'Allemagne. Un constat qui en dit long sur son état d'esprit. Depuis, il a eu le temps de peaufiner sa réflexion. Aussi, la nomination d'un nouveau Premier ministre-ou la reconduction du titulaire du poste- avec une nouvelle équipe pour absorber la grogne sociale, est programmé. La mise en oeuvre de réformes politiques et économiques dépend du choix des hommes. Néanmoins, plusieurs questions restent en suspens. Le chef de l'Etat ira-t-il ainsi vers un changement de gouvernement ou va-t-il se contenter d'un remaniement ministériel?? Optera-t-il pour un gouvernement au cachet politique ou fera-t-il appel à des technocrates? Dans le premier cas, l'actuel Premier ministre sera-t-il reconduit ou éconduit? Quels sont les ministres du gouvernement Djerad à changer d'horizon? Tebboune nommera-t-il un nouveau gouvernement de transition à durée limitée? Tebboune puisera-t-il ses ministres des partis reçus à la Présidence? Tant de questions en suspens. Cependant, au vu du contexte actuel, un gouvernement de technocrates pour une durée limitée a toutes les chances d'être constitué pour mener les chantiers les plus urgents du président, dont le règlement de la crise politique en cours et, surtout, la relance de la machine économique. Cela est d'autant plus probable du fait qu'après les législatives, un nouveau gouvernement politique s'imposera avec l'émergence d'un chef du gouvernement, issu de la majorité parlementaire Selon certains médias, le président aurait confié à ses interlocuteurs ses intentions de nommer de nouveaux technocrates à même de mettre en oeuvre les réformes et de restaurer la confiance entre le gouvernement et les citoyens. «Je ne veux pas de gouvernement politique, mais de technocrates compétents», a promis Tebboune à plusieurs de ses interlocuteurs. En nommant un gouvernement dominé par des experts, le chef de l'Etat répondra aux attentes exprimées par le Mouvement populaire. Et ceux qui, en coulisses, plaident toujours pour un retour au gouvernement des cassiques risquent de déchanter et devraient même enterrer, dores et déjà, leurs espoirs. Une certitude: le profil choisi à la tête de l'Exécutif laissera deviner les intentions du président de la République.