Le président de la République va organiser dans les 3 mois à venir, des élections législatives. Cela est maintenant acquis. Ce qui l'est moins, c'est la réussite ou pas de ces joutes électorales. En fait, la tenue prochaine de ces élections va remettre, de nouveau, sur la table, le débat sur la démarche à suivre pour sortir le pays de la crise politique. Certains continuent de rejeter l'option adoptée par l'Algérie, d'autres appellent plutôt à s'adapter avec cette réalité pour aller de l'avant. C'est, notamment le cas de Soufiane Djilali, président de Jil Jadid. Ce dernier a, dans une interview accordée, hier, à TSA, rappelé qu'après la chute de l'ancien régime, un choix stratégique a été opéré «c'était soit suspendre la Constitution, instaurer une période transitoire en nommant les responsables du pays puis aller vers une Constituante et enfin des élections... soit passer directement à l'élection présidentielle puis engager les réformes constitutionnelles et enfin renouveler les institutions. Maintenant, peu importe notre propre opinion sur l'un ou l'autre processus, c'est l'histoire qui jugera. Le pays a été engagé sur la deuxième voie». Pour lui, «à moins de faire imploser le pays, il est impossible de changer de stratégie». Mais l'option adoptée est loin d'être une fatalité, selon Soufiane Djilali, du moment où elle permet toujours d'opérer le changement revendiqué par le peuple. Comment? Le président de Jil Jadid soutient que Abdelmadjid Tebboune opère plus que des réformes puisqu'il fait table rase et offre aux acteurs politiques la possibilité de construire un nouveau système de gouvernance «un régime politique fondé sur l'Etat de droit». Une chance qui peut être saisie, il suffit pour cela de «sortir du nihilisme et passer aux actes politiques». Dans son appel lancé aux partis politiques pour accompagner les réformes menées par le chef de l'Etat, notamment avec la participation aux législatives, Soufiane Djilali ne manque pas d'évoquer le risque du rejet «si l'opposition se replie sur elle-même en exigeant le préalable de la démocratie et de l'Etat de droit, alors nous n'aurons rien au bout sinon à assister au spectacle du retour des anciens appareils». Les arguments du président de Jil Jadid seront, à ne pas en douter, contrés par ceux qui estiment que la volonté du Hirak n'a pas été respectée. Ceux qui continueront à rejeter les propositions du pouvoir en place ne manqueront pas de répondre aux accusations d'immobilisme et de nihilisme, dont ils ont fait l'objet en taxant les adeptes du dialogue d'opportunistes qui se cherchent une place au soleil. Tout comme ces derniers les accusent de se cacher «derrière des slogans creux et populistes et attendent toujours sous le réverbère d'être consacrés comme les nouveaux zaïms», pour paraphraser Soufiane Djilali. Et entre les critiques des uns et des autres, le peuple, lui, avec ses différentes composantes, devra se montrer lucide et clairvoyant. Car, lui seul tracera le chemin que prendra le pays dans les jours à venir. Lors de la célébration du second anniversaire du Mouvement populaire, jeunes et moins jeunes auront l'occasion d'exprimer pacifiquement leurs attentes. Parmi elles, il y aura sûrement des appels à des mesures d'apaisement, la consécration de la démocratie, de la justice et des libertés pour l'instauration d'un véritable Etat de droit. Si le peuple est écouté et que ses revendications sont satisfaites, il entreverra les prémices du changement et n'hésitera nullement, alors, à donner toutes leurs chances aux réformes lancées par le président et même de mettre la main à la pâte pour construire l'Algérie nouvelle.