Des centaines d'adolescentes enlevées ven- dredi dans leur pensionnat de Jangebe, dans le nord-ouest du Nigeria, ont été libérées et se trouvaient mardi matin au siège du gouvernement de Zamfara, a annoncé le gouverneur de cet Etat, le Dr. Bello Matawalle. «Je suis heureux d'annoncer que les jeunes filles ont été libérées. Elles viennent juste d'arriver au siège du gouvernement et sont en bonne santé», a-t-il déclaré. «Le nombre total de jeunes filles enlevées dans l'école est de 279, elles sont toutes ici, avec nous, nous remercions Allah», a ajouté le gouverneur. Les autorités avaient initialement affirmé que 317 jeunes filles manquaient à l'appel après l'attaque de ce pensionnat dans l'Etat de Zamfara dans la nuit de jeudi à vendredi par des hommes armés. Les traits du visage tirés par la fatigue, les jeunes filles sont arrivées très tôt, hier matin, au siège du gouvernement à Gusau (capitale de Zamfara) dans plusieurs minibus. Les autorités les ont réunies dans un auditorium où des vêtements propres, dont un hijab bleu ciel, leur ont été distribués. Devant les objectifs des journalistes, les adolescentes se sont ensuite levées sous la musique de l'hymne nationale nigérian. Le président Muhammadu Buhari, décrié pour la situation sécuritaire catastrophique dans le nord du Nigeria dont il est originaire, a exprimé sa «joie immense», dans un communiqué publié aux premières heures, hier matin. «Je me joins aux familles et au peuple de Zamfara pour accueillir et célébrer la libération des élèves traumatisées», affirme le communiqué signé de son porte-parole Garba Shehu. Le président Buhari avait été élu pour la première fois en 2015, un an après l'enlèvement de masse de Chibok, où 276 jeunes filles avaient été kidnappées par le groupe jihadiste Boko Haram dans le nord du Nigeria, suscitant un émoi planétaire. Plus d'une centaines d'entre elles sont encore portées disparues et personne ne sait combien sont toujours vivantes. Buhari avait promis de mettre fin au conflit dans le nord-est, mais la situation s'est largement détériorée, depuis. Hier matin, une base de l'ONU et un camp militaire étaient toujours attaqués par des combattants de l'Etat Islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) à Dikwa, dans l'Etat du Borno. Mais si le nord-est n'est toujours pas sécurisé, le nord-ouest est également désormais sous le joug de groupes armés, appelés «bandits», qui terrorisent les populations, volent le bétail, et perpètrent des kidnappings de masse contre rançon. Lors des kidnappings, les «bandits» ciblent les personnalités publiques ou les voyageurs sur des axes routiers. Mais ces derniers mois, les écoles semblent être devenues une cible lucrative pour ces gangs criminels. L'enlèvement de masse de vendredi était le quatrième en moins de trois mois dans le nord-ouest du Nigeria. Les autorités de Zamfara ont pris l'habitude de négocier avec les «bandits» des accords d'amnistie en échange de la remise de leurs armes. A chaque libération, les autorités démentent fermement avoir payé une rançon aux ravisseurs, malgré l'opinion générale des experts en sécurité de la région. Les «bandits» agissent avant tout pour l'appât du gain, et non pour des raisons idéologiques, même si certains ont tissé des liens avec les groupes jihadistes du nord-est. Leur nombre est incertain, mais ces groupes armés attirent de plus en plus de jeunes désoeuvrés de ces régions où plus de 80% des habitants vivent dans l'extrême pauvreté. Ces violences criminelles ont fait plus de 8.000 morts depuis 2011 et forcé plus de 200.000 personnes à fuir leur domicile, selon un rapport du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) publié en mai 2020. L'autre inquiétude est que la multiplication de ces kidnappings n'aggravent encore la déscolarisation, particulièrement des filles, dans cette région qui compte déjà le plus grand nombre d'enfants n'allant pas à l'école au Nigeria, selon l'ICG.