Des Etats du centre et du nord-ouest du Nigeria ont été le théâtre d'une "inquiétante escalade d'attaques et d'enlèvements" depuis le mois de janvier, a affirmé hier l'ONG Amnesty International, qui y a recensé plus de 1100 villageois tués depuis le début de l'année. "Les autorités nigérianes ont laissé les communautés rurales – du Nord-Ouest et du Centre – à la merci des groupes armés, qui ont tué au moins 1126 personnes" depuis le début de l'année, a indiqué Amnesty dans un rapport. "L'organisation a interviewé des résidents des Etats de Kaduna, Katsina, Niger, Plateau, Sokoto, Taraba et Zamfara, qui ont rapporté vivre dans la peur permanente d'attaques et d'enlèvements, qui ne cessent d'augmenter dans ces communautés rurales", a souligné l'ONG. L'ONG de surveillance des droits de l'homme dénonce l'inaction "honteuse" de l'Etat fédéral, des gouvernements locaux et des forces de sécurité qui "échouent à prendre des mesures efficaces pour protéger les populations". Ces attaques, provoquées par des groupes armés de voleurs de bétails ou par des règlements de compte entre éleveurs ou agriculteurs pour l'accès aux terres, sont récurrentes depuis plusieurs années. Selon les estimations des chercheurs de l'International Crisis Group (ICG), ces violences ont causé la mort de quelque 8000 personnes et ont déplacé plus de 200 000 civils depuis 2011. Dans l'Etat de Zamfara, épicentre de ces violences communautaires, le gouvernement local avait estimé que plus de 1000 personnes ont été tuées dans des affrontements entre "bandits" et milices d'autodéfense dans l'Etat pour la seule année 2019. Ces groupes armés qui pillent les villages ou mènent des kidnappings contre rançon, notamment contre les femmes et les enfants, agissent a priori sans motivation idéologique, mais de nombreux experts ont récemment mis en garde contre leur rapprochement des groupes jihadistes de la région.